Lorsque l’on évoque les maisons des villes médiévales en l’Europe occidentale, le plus souvent vient l’image de bâtiments occupés par des boutiques au rez-de-chaussée et des logis aux étages, celle de constructions serrées les unes aux autres, bâties en pierre ou en matériaux durs pour le Moyen Age central, plus volontiers en pan de bois pour le bas Moyen Âge. Pour le haut Moyen Âge, l’image est moins nette, tout au moins imagine-t-on des maisons en bois, proches de celles connues dans le monde rural pour la même période.
À s’y pencher de près, au regard des données matérielles, architecturales et archéologiques, ces images ne tiennent pas, d’abord parce qu’il est trop caricatural d’opposer la maison construite en matériaux durs à celle construite en matériaux légers, ensuite parce que ni l’architecture, ni les matériaux mobilisés par les maisons urbaines ne connaissent une trajectoire aussi linéaire.
À travers cette communication, il est proposé d’adorer en particulier la question de la distribution chronologique des matériaux dans la maison urbaine au Moyen Âge. L’enjeu n’est toutefois pas de dresser une synthèse, mais plutôt de s’interroger sur les manières d’interpréter les données dont les archéologues disposent, ce qui revient pour l’essentiel à discuter du corpus et des biais induits par l’effet de source, ou plutôt par les effets de sources. Pour ce faire, c’est un vaste champ chronologique qui est retenu, englobant premier et second Moyen Âge, comme l’ensemble des sources matérielles qui documentent l’architecture de la maison, le bâti conservé en élévation et les données provenant de fouilles.
À partir de cette réflexion, d’autres aspects pourront être envisagés afin d’aller plus loin dans l’interprétation socio-économique de l’usage des différents matériaux, au regard des commanditaires ou des habitants, dans le temps long des villes médiévales, selon les différentes populations urbaines.