Marie-Christine Laleman

Au XIIe siècle déjà, des témoignages écrits citent des « maisons hautes comme des tours » qui dominaient cette ville importante du comté de Flandre et qui impressionnaient les commerçants et autres visiteurs. Elles étaient construites en pierre du Tournaisis, un calcaire grisâtre amené par l’Escaut, la rivière qui relie les villes de Gand (Gent) et de Tournai. Actuellement, les archéologues ont localisé et documenté plus de 250 maisons, dont certaines ont conservé leur allure médiévale. Les recherches plus poussées de l’Archéologie Urbaine ont permis de les situer dans un contexte à la fois urbain et architectural, mais aussi d’appréhender leurs liens avec les bâtisseurs dont elles reflètent la vie. En outre des fonctions résidentielles et économiques, il faut souligner la signification symbolique, traduite entre autres par l’implantation, l’aménagement, la hauteur et des caractéristiques architecturales telles des tours et des créneaux. La documentation archéologique se réfère aux « viri hereditarii », une élite urbaine composée de grands propriétaires terriens qui exportaient le drap à travers toute l’Europe et se retrouvaient au sein du gouvernement de leur ville affranchie. Au début du XIVe siècle, des modifications politiques, institutionnelles et économiques ont engendré une nouvelle organisation de l’agglomération urbaine. À cette époque, le rôle actif des maisons patriciennes en pierre s’avère dépassé.