La remise en question des produits phytosanitaires

Rachel Carson (1907 – 1964)

A partir des années 1940, beaucoup de vignerons ont adopté les produits phytosanitaires avec grande satisfaction car ils répondent aux besoins d’entretien et de protection de la vigne. Cependant, dans les années 1960, leur utilisation a fait l’objet de prémices de critiques. Des recherches montraient les effets sur la faune et la flore aux États-Unis. Nous retrouvons ces constats dans le livre Le Printemps Silencieux paru en 1962 à la suite de recherches initiées par Rachel Carson.

Les années 1970 sont synonymes d’une première avancée à l’encontre des produits phytosanitaires en parallèle du début de l’essor du mouvement écologiste. En effet, les recherches s’intensifient sur ce sujet mais les viticulteurs continuent à utiliser de manière intensive les produits phytosanitaires. Les États prenant conscience du risque de certains produits décident d’initier une règlementation. C’est notamment le cas du DDT qui est un produit phytosanitaire ayant fait l’objet d’un grand scandale. Les scientifiques et viticulteurs se sont rendus compte de la toxicité importante de ce produit phytosanitaire qui toutefois n’a pas d’alternative. Ce fut la première fois qu’un produit phytosanitaire a été interdit de production et de commercialisation. La Norvège et la Suède ont été les premières à l’interdire entre 1971 et 1972. D’autres pays ont suivi dont la France en 1971. Les années passant, les gouvernements prennent de plus en plus la mesure de l’importance des effets des produits phytosanitaires. C’est pour cela que des lois sont entrées en vigueur pour répondre aux défis que posent les produits phytosanitaires. En 1999, la France détient ainsi un projet de loi TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes).  Après le Grenelle de l’environnement de 2007, le plan Ecophyto démarre pour la période 2008-2018 avec une implication de tous les acteurs. Néanmoins, le plan Ecophyto n’est pas à la hauteur des effets escomptés, il y a une stagnation de l’utilisation alors qu’ils tablaient sur une diminution de moitié. Malgré la prise de conscience de la nocivité des produits phytosanitaires, ils sont encore utilisés en masse. Cela s’explique par la forte pression parasitaire mais également à cause du marché avec une forte concurrence due à la mondialisation.

Les produits phytosanitaires engendrent des conséquences majeures sur l’air, l’eau, les sols, la faune, la flore et la santé humaine. Suite à l’utilisation récurrente et intensive des produits phytosanitaires les sols souffrent d’un affaiblissement qualitatif. En effet, le ver de terre tend à disparaître alors qu’il est important pour la santé du vignoble. Ainsi, on peut voir que paradoxalement les pesticides détruisent l’écosystème au lieu de le protéger. L’air et l’eau sont également contaminés par les produits phytosanitaires en raison de leur épandage massif et de leur diffusion. La santé des viticulteurs mais aussi des personnes vivant aux alentours est un problème majeur. Cependant, les scientifiques pensent que les maladies sont causées par les produits phytosanitaires. Néanmoins, ils ne peuvent pas cibler un pesticide en particulier qui causerait une pathologie précise. Nous pouvons voir qu’il y a une prédominance de certaines pathologies chez les viticulteurs.  On recense alors des pathologies aiguës tels que des cancers (vessie, foie, seins, pancréas), la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. En outre, les viticulteurs font aussi face à des symptômes chroniques dus notamment à une mauvaise utilisation des mesures de protection. Certains souffrent régulièrement de nausées, de vomissements, de céphalées, d’irritations oculaires, dermiques ou nasales. Les personnes âgées et les enfants sont les sujets les plus sensibles face aux produits phytosanitaires en raison de leur système immunitaire fragile. Pour les personnes en âge de procréer, des problèmes de fertilité sont rencontrés.

Pour aider les victimes de ces produits phytosanitaires, l’association Phytovictimes a vu le jour pour s’impliquer notamment dans les procès contre les grands laboratoires.

Malgré ces contestations, la viticulture productiviste se maintient.