Les routes commerciales du vin

Le marchand de vin, après l’acquisition de connaissances doit, pour multiplier ses partenaires commerciaux, avoir de l’expérience et une certaine renommée. La chaîne de distribution dépend entièrement des compétences des acteurs qui réalisent l’échange mais aussi des différences économiques, sociales et culturelles des pays entre lesquels se fait le flux de marchandises.

La recherche de l’efficacité

Ce sont les inscriptions sur les amphores qui permettent aux historiens de retracer les trajets suivis par les marchandises à l’Antiquité : ils remontent de l’endroit où les squelettes du contenant sont retrouvés jusqu’à leur lieu de fabrication. Des travaux consistant à retracer des routes commerciales de vin et essayer d’en chiffrer la quantité exportée ont été réalisés à travers des squelettes de dressels. Les recherches des historiens dénotent donc de la régularité des flux de marchandises et insistent sur le fait que le transport doit être rapide et efficace, ce qui explique que les voies maritimes et fluviales soient favorisées face aux voies terrestres alors dangereuses.

Stèle de Cabrières d'Aigues, conservée au musée Calvet d'Avignon, représentant le transport du vin sur le fleuve de la Durance. (Photographie de Fabrice Philibert-Caillat)

Le commerce de cabotage est alors pratiqué, consistant à longer la côte pour éviter aux commerçants de s’aventurer dans des eaux qu’ils connaissent mal. Cependant, il arrive que le marchand de vin soit confronté à des situations particulières, l’obligeant ainsi à changer ses habitudes de transport et aller parfois jusqu’au commerce illégal de sa marchandise. Ces routes commerciales restent majoritairement les mêmes jusqu’au XIVème siècle puisque l’axe principal Nord-Sud du commerce du vin est la voie rhodanienne. Les routes sont plus empruntées à partir du XVIIème siècle avec la politique de Louis XIV et de Colbert visant à consolider et sécuriser les routes et ce qui favorise par la même occasion le commerce. De plus, la création de la machine à vapeur à la fin du XVIIIème permet de transporter plus, sur une plus longue distance et plus longtemps, ce qui est une véritable révolution et plus tard le train. Même si à cette époque les braquages sur les routes sont moins fréquents, les marchands et les négociants peuvent voyager de manière plus sécurisée, évitant par la même occasion la piraterie en mer. Mais les routes empruntées dépendent aussi de la demande de vin dans chaque ville. Dans l’Antiquité par exemple, les marchandises qui repartent de la ville de distribution, Lyon, suivent un axe qui redescend vers le Sud puis part vers Bordeaux. Ce phénomène est expliqué par les taxes appliquées dans chaque ville. À Toulouse, la taxe sur la marchandise qu’est le vin est la moins élevée de France, elle est de 4 deniers contre 6 à Elesiodunum. Durant toutes les époques, les marchands favorisent la distribution dans les villes en fonction des taxes rencontrées, le but étant de faire du chiffre, ils essayent alors de rentabiliser au mieux leur commerce de vin.

Les trajets empruntés par les marchands dépendent donc de beaucoup de facteurs : de l’état et de la dangerosité des routes, maritimes ou terrestres, des politiques mises en place par les dirigeants visant plus ou moins à s’occuper de celles-ci, de l’avancée industrielle, des différents moyens de transport mais aussi et surtout, des différentes demandes dans les villes et leurs taxes. Les marchands et négociants doivent s’adapter aux différentes situations dans lesquelles ils se trouvent de manière à faire des bénéfices pour perpétuer leur commerce. Mais dans certains cas, cette adaptation est plus difficile et nécessite la transgression des règles qui leurs sont imposées.