Le contournement des routes et la contrebande

Le commerce étant une activité réglementée, une économie parallèle se développe également afin de contourner ces règles. Le commerce légal et illégal ont des modes de fonctionnement similaires, que ce soit l’importance accordée à la parole lors de l’échange commercial ou encore la circulation des informations et des marchandises.

Certaines situations ou contraintes peuvent amener le marchand de vin à changer son circuit habituel, comme lors de conflits ou de guerres qui entraînent un blocage du commerce entre les pays. C’est par exemple le cas lors des guerres de Louis XIV aux XVIIème et XVIIIème siècles. Le commerce du vin avec l’Angleterre est instable durant cette période : les politiques guerrière du roi et protectionniste de son ministre des Finances, Colbert, font qu’il y a une « guerre douanière » entre les deux pays.

« Le commerce est une guerre d’argent », Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV.

Lors de ce conflit l’importation des vins français en Angleterre est interdite, à l’exception de certains vins tels que ceux de Bordeaux. Cette situation entraîne un développement de la contrebande de vins français vers l’Angleterre, c’est-à-dire l’introduction de manière illégale de ces vins sur le territoire anglais.

Eugène Isabey, Contrebandiers embarquant des marchandises, Huile sur toile, 1837. Musée de la Chartreuse, Douai.

Le contournement des entrées de villes

Ensuite, le marchand de vin fait face à des contraintes financières tels que les différents péages et taxes pour faire entrer des marchandises dans une ville. Certains marchands vont alors frauder en contournant délibérément ces points de contrôle. L’historien Reynald Abad a fait une étude de cas sur la fraude dans le commerce et l’approvisionnement alimentaires de Paris au XVIIIème siècle. Il explique alors qu’afin d’éviter les taxes à l’entrée de la ville, les fraudeurs évitent ces points d’entrée en faisant passer la marchandise par des jardins ou encore des souterrains situés à proximité. Dans tous les cas, ces circuits clandestins de contrebande et de fraude sont liés à la réglementation et au contexte politique. Ils sont également mobiles : ils ne restent pas fixés dans le temps et l’espace.