La forteresse de Penne

Merveille d’architecture médiévale située sur un éperon rocheux, la forteresse surplombe le village de Penne qui se situe dans le Tarn, en Occitanie. C’est une forteresse dite imprenable qui date du Moyen Âge et fait son apparition dans les sources au IXème siècle. Cette forteresse a, tout au long de son histoire, eu une place importante. Elle a changé de nombreuses fois de seigneurs et de souveraineté. Elle a été classée monument historique en 1902 et est reconstruit aujourd’hui, grâce à Monsieur Letellier, architecte des bâtiments de France, qui a racheté le château en 2006. Suite à des rénovations, la forteresse est ouverte au public depuis 2010 et actuellement en reconstruction. 

La forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

La construction de la forteresse

Autour de l’an mil, Penne est dirigée par des seigneurs , en 1209, elle s’est retrouvée au cœur de la croisade lancée par Philippe-Auguste. Cette croisade aboutit à un traité de paix entre Philippe-Auguste et Raymond VII. Ce traité de paix débouche sur le mariage de la fille du comte de Toulouse et du frère du roi. Ainsi, quand Raymond VII meurt, le comté de Toulouse, qui contient Penne, revient directement à Alphonse de Jourdain et donc à la couronne. Alphonse de Jourdain fait transformer le château en forteresse et elle est ensuite abandonnée au XVème siècle. Elle est finalement pillée et détruite au XVIème siècle par les habitants du village qui utilisent les matériaux pour reconstruire leurs propres maisons. 

Pour entrer dans la forteresse, il faut passer par l’unique porte d’entrée. Au Moyen Âge, la porte était en bois renforcée par des clous. Celle-ci se trouve entre les deux tours principales. À droite de la porte, une tour ronde à archères et à gauche une tour à éperon. Une fois l’entrée et le sas traversés, nous trouvons de multiples salles. À la suite de la tour à archères, nous trouvons une petite salle qui aurait été destinée aux gardes. Sur le côté gauche de la forteresse, trois salles se suivent. Certaines de ces salles sont des pièces qui appartenaient anciennement au château qui a été remplacé par la forteresse. Elles pouvaient servir de pièces de vie de famille. La forteresse étant agencée en longueur, se trouve par la suite une grande salle avec, on le suppose, un jardin derrière celle-ci. Cette grande salle avait de multiples usages car au Moyen Âge les pièces n’avaient pas qu’une seule utilité et on y importait les meubles en fonction de l’utilisation. Elle pouvait donc servir de salle de réception où des banquets étaient organisés, de salle de nuit si les invités restaient dormir ou encore de salle qui permettait au seigneur de rendre la justice. Au fond de la forteresse se trouve une citerne de 80 m² qui permet la récupération de l’eau de pluie. Une demi-tour circulaire relie la citerne à une chapelle, au fond de la forteresse. Il pourrait s’agir d’une nef, son l’usage aurait donc été ouvert à tous.

Le plan de la forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

Les modifications architecturales

Au XIIIème siècle, le comte de Toulouse décide de détruire totalement le château et d’implanter une forteresse à la place. Alphonse de Poitiers conserve le lieu où se situait le château car c’est un lieu stratégique durant l’époque médiévale. La forteresse domine la rivière Aveyron, la région du Rouergue, la région de l’Albigeois et du Quercy. Afin de construire la forteresse, le comte de Toulouse récupère les pierres du château détruit et conserve l’emplacement de certaines pièces du château. Le comte de Toulouse conserve également la grande chapelle. Pour la construction de la forteresse, le comte de Toulouse fait appel à des architectes du nord de la France, dont il est originaire. C’est ainsi que l’architecture dite capétienne va se développer dans le sud de la France. Les architectes ajoutent notamment une tour à éperon à la forteresse. Alphonse de Poitiers conserve les archives du comté de Toulouse. Une des principales archives est l’acte de mariage qui prouve qu’il est marié avec la comtesse de Toulouse. Il place ces archives importantes à Penne afin d’être sûr qu’elles ne soient jamais détruites. 

La tour à éperon, photographie personnelle.

La forteresse de Penne est connue pour être une forteresse imprenable grâce à son architecture et son emplacement. On ne peut y accéder que d’un seul côté, ce qui  permet aux habitants de la forteresse de voir arriver leurs assaillants. Il y a à peu près dix systèmes de défense avant de pouvoir entrer dans la forteresse. Le château de Penne n’a jamais été pris et n’a même jamais été attaqué. Il ne devra donc pas recevoir de rénovation à cause de siège ou de guerre. À chaque fois que le château changera de souverain, ce sera par traité ou alliance matrimoniale. Le château disparaît en 1586. Les protestants soudoient la garde, entrent et incendient le château qui perd alors une partie de ses toits et de ses murs. Le château étant inoccupé, les villageois en contrebas en profitent pour en récupérer les pierres et augmenter la taille du village illégalement. Quelques années plus tard, le roi rend légal le fait de se servir du château comme carrière de pierre du village.

La forteresse surplombant le village, site officiel de la forteresse de Penne.

Les enjeux de la reconstruction

Axel Letellier, architecte des bâtiments de France, tombe amoureux du château dès 1988 et décide de le racheter en 2006. Le château est ouvert au public depuis 2010. La volonté du propriétaire est de faire de ce château un lieu de passation de mémoire et de savoir-faire. Il y a un chantier médiéval tous les étés ; des tailleurs de pierre professionnels utilisent des techniques et matériaux d’époque. Ils utilisent par exemple une roue à échelons ou des échafaudages en bois, comme il s’en faisait à l’époque médiévale. Pour faire les travaux, les matériaux sont emmenés dans des sacs par héliportage. L’hélicoptère est la seule aide non-médiévale qui est utilisée dans la restauration de la forteresse. Il n’existe aucune archive du Moyen Âge donc, pour reconstruire la forteresse, on s’appuie sur le travail des historiens et archéologues spécialistes des châteaux. Il n’est possible de reconstruire que les parties qui sont connues de manière certaine car la forteresse est monument historique depuis 1902 et ce qu’ils reconstruisent doit être fait à l’identique et documenté. Pour ce qui est du déroulé du chantier de restauration, les étapes sont pensées tranche par tranche, c’est-à-dire que le chantier évolue année après année. Il y a de nombreuses étapes, mais les plus marquantes sont la stabilisation de la chapelle en 2007, la préparation et la mise en sécurité du site pour l’ouverture au public en 2009 ou encore l’aménagement de la chapelle grâce aux fouilles archéologiques depuis 2016. Dans deux ans, un musée devrait voir le jour pour exposer les objets trouvés pendant les fouilles archéologiques. 

La chapelle en chantier, photographie personnelle.

Le tourisme est un atout important pour la forteresse puisqu’il permet de lever des fonds pour les travaux entrepris pour la reconstruction de la structure. Cet atout n’est cependant pas suffisant pour garantir la totalité du financement du chantier, opéré par des entreprises privées. La forteresse fait la réputation du village et attire de nombreux touristes. Pour les guides, ce tourisme permet de transmettre l’histoire de Penne et d’expliquer les divers enjeux auxquels la forteresse a dû se heurter. Le tourisme est valorisé afin de faire participer activement le public, notamment à travers les campagnes de fouilles. Pour les plus jeunes, des activités ludiques sont proposées. Durant la période scolaire, le personnel s’efforce d’attirer des gens en organisant des visites scolaires. L’enjeu est grand puisque le village dépend économiquement de la forteresse. En effet les bars, restaurants et commerçants vivent de ce lieu, ce qui explique cette volonté de sans cesse se réinventer. D’ici le printemps 2023, une nouvelle pièce devrait voir le jour.  

Une visite à la forteresse, site officielle de la forteresse de Penne.

Aux vues du passé tumultueux de la forteresse, nous pouvons nous demander à quoi elle pourra bien ressembler dans 200 ou 300 ans…

Bibliographie indicative

Grandet Anna, Sans Aurore, Paris Léa, Dartigolles Marianne, Francoual Clara, Barbat Maëlys