La carrière de Philippe Pinel à Bicêtre et la Salpêtrière

Vue de l’hôpital royal de Bicetre, Jacques Rigaud, XVIIIe siècle, gravure colorisée. Musée de l’AP-HP
Source : hopital-bicetre.aphp.fr

C’est en 1793 que Pinel est promut médecin-chef de l’hôpital de Bicêtre situé au sud de Paris. Cet établissement, réservé aux hommes, est comparable à un enfer épouvantable, un lieu terrifiant selon les écrits de l’époque. En effet, les soins donnés aux malades sont rudimentaires, pour ne pas dire inexistants. Les aliénés côtoient des criminels, des mendiants et des délinquants de toutes sortes. En outre, Bicêtre était perçu comme une prison car beaucoup de ses fous vivaient enchaînés. C’est lors de cette expérience dans cet établissement que Pinel connaît un des moments phares de sa carrière : la libération des enchaînés

Cette libération a fait l’objet d’un véritable mythe initié par son élève Esquirol et son fils, Scipion qui ont totalement théâtralisé cet événement. Ce serait Philippe Pinel, qui aurait enlevé les chaînes des aliénés à Bicêtre. Cependant, il n’a fait que reproduire ce qu’avait fait Jean-Baptiste Pussin, un infirmier de l’hôpital. Contrairement à ses successeurs, il n’en voit pas là un grand événement. Il n’en parle que très peu car il trouve cela assez banal et secondaire, puisque de tout temps on a enlevé et remis des chaînes aux aliénés. En 1795, Pinel est transféré à la Salpêtrière, un hôpital réservé aux femmes, où il devint médecin-chef. Dès son arrivé, comme à Bicêtre, il enlève les chaînes des malades.

Pinel délivrant les aliénés à Bicêtre en 1793. Huile sur toile de Charles Louis Müller, 1852.
Source : aphp.fr

C’est dans ces deux hôpitaux que Pinel montre sa volonté de changer les traitements des malades mentaux vers une méthode moins brutale en commençant par les désenchaîner. En voyant faire Pussin, appliquer des méthodes plus humaines, il se rend compte que cette pratique améliorait l’état des patients. C’est à Bicêtre que Pinel constate véritablement que les fous sont des êtres raisonnables et sensibles, et que si l’on souhaite leur guérison, il faut arrêter d’employer des méthodes barbares.