Renée Taillefer [2018]

Les débuts de la guerre

Carte de la France divisé en deux zones

       

Pour la France, la seconde guerre mondiale débute le 3 septembre 1939, avec la déclaration de guerre à l’Allemagne, mais ce n’est qu’en avril 1940 que commencent réellement les combats en France qui se soldent rapidement par un

désastre militaire. Cela entraîne l’exode de plusieurs millions de civils vers le Sud. En 1940, des milliers de réfugiés, notamment des juifs, trouvent refuge dans le Tarn. Le président du Conseil, Paul Reynaud, est contraint de démissionner. Le maréchal Pétain forme alors un nouveau gouvernement le 16 juin et obtiendra les pleins pouvoirs un peu plus tard. Il demande aux Allemands l’armistice signé le 22 juin 1940, à Rethondes. Cet armistice impose aux Français de très dures conditions. La France se trouve alors coupée en deux grandes zones délimitées par la ligne de démarcation, qui sépare la zone libre, au sud, où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands, au nord.

Le début de la Résistance

      Dès le 17 juin 1940, date de la demande d’armistice, certains Français refusent cette perspective, à l’image du général de Gaulle, qui s’envole pour Londres. Le lendemain, le 18 juin, au micro de la BBC, soutenu par le premier ministre anglais Churchill, il lance son célèbre appel, afin de continuer le combat. Dans la famille de Renée, cet appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 suscite la volonté d’agir car pour eux c’est une humiliation. Le 11 novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre, dont le Tarn, rompant les accords de l’armistice de juin 1940. A Gaillac, cela se manifeste par l’arrivée de 700 soldats allemands. L’institution du STO (service du travail obligatoire) en février 1943, ainsi que les attaques incessantes du régime de Vichy et des occupants contre les libertés, amènent à la résistance de nombreuses personnes. Le 26 janvier 1943 sont créés les MUR (Mouvements Unis de Résistance).

Une jeune fille active dans la Résistance

Renée Taillefer au début de la Résistance en 1943

 

    Tout d’abord, Madame Renée Taillefer est née le 9 janvier 1927, à Montans, dans le Tarn. Elle travaille avec son père dans la maçonnerie et avec ses grands-parents dans les champs, et les vignes. Son père l’éleve comme un garçon.

 

Un soir du printemps 1943, un maçon de Montans qui connaît bien les idées de la famille Taillefer frappe chez eux : le MUR lui demande de chercher des combattants. Le père accepte aussitôt, et comme le groupe a besoin d’une jeune fille pour faire les liaisons, Renée est engagée tout de suite dans ce Corps Franc nommé « Roger », du nom de son chef Roger Toinote.

   

 Fin 1943, arrive à Gaillac un personnage qui va donner plus d’ampleur à la résistance tarnaise et au destin de Renée. Pierre Vendeven, dit « Vendôme » est un officier d’aviation de l’état-major de Montauban mis à pied par Pétain en raison de son appartenance à la Franc Maçonnerie et de son refus d’obéir aux ordres de Vichy. Il organise la résistance armée gaillacoise. Renée devient son agent de liaison. Elle sillonne les routes à bicyclette, de jour et parfois de nuit, et allant jusqu’à Montauban, pour transmettre des renseignements dissimulés dans ses chaussures, son soutien-gorge ou le guidon de son vélo. Mais elle ne transporte pas que des messages !

Pierre Vendeven dit Vendôme

 

Un jour en effet, elle est chargée par Roger, à court d’explosifs, d’aller chercher à Técou, chez Elia Galinier, 4 kilos de plastic pour saboter la voie ferrée. Elle dissimule tout ça sous des prunes dans un sac accroché au guidon de son vélo et elle revient vers Gaillac, accompagné d’un jeune garçon de 14 ans. Mais à Brens, les routes sont barrées par les Allemands et arrêtent les passants. Pendant que le garçon qui accompagne Renée est fouillée par un soldat, elle montre ses papiers au chef de poste plus jeune, qui s’attarde à regarder sa carte d’identité et mange au passage quelques prunes et finit par lui accorder le passage.

 

Renée s’habille en homme, ainsi dissimulée, elle peut prendre part aux opérations courantes : bloquer ou retarder trains et camions, chargés de marchandises ou empêcher la livraison de charbon de Carmaux aux bateaux allemands ancrés à Bordeaux, c’est ainsi que Renée et ses camarades font sauter plusieurs fois la voie ferrée entre Gaillac et Lisle-sur-Tarn.

 

     Le 2 juin 1944, la BBC annonce aux résistants gaillacois que « la baignoire est perdue deux fois », signifiant que deux avions largueraient des armes la nuit suivante à Lagrave. Renée déplace ce stock d’armes jusqu’à leurs destinataires avec sa charrette de sacs de ciment attelée à sa jument. Devant l’église Saint Michel, tout un groupe d’Allemands est descendu d’un car pour visiter l’abbatiale et rigole en la voyant passer, bien loin de se douter qu’elle transportait beaucoup d’armes qui alimentent les maquis. Elle participa aussi à l’attaque de la prison de Gaillac, le 12 juin 1944 où elle libéra avec ses camarades 44 détenus du camp de Saint-Sulpice qui étaient censé partir en Allemagne. Elle permettra aussi le 17 août 1944 avec Georges Rousseau, chef du Corps Franc à piller un wagon entier d’armes et de munitions et à faire emprisonner 15 soldats allemands.

Mme Renée Taillefer et les 15 soldats allemands

Renée à la libération et ses récompenses

     Après la libération, Renée, comme beaucoup de ses camarades de l’ombre, voulut continuer le combat en plein jour. Elle s’engagea volontairement dans la première armée française jusqu’à la fin de la guerre. Après un stage à Aix-en-Provence, elle fut nommée adjudant-chef d’encadrement dans les forces françaises en Allemagne et elle y resta jusqu’en 1946.

Renée Taillefer lors d’une remise de médaille pour ses actions menées durant la Seconde guerre mondiale

Renée a reçu comme distinction la croix du Combattant Volontaire pour la période 1939-1945, la médaille franco-britannique, la médaille Rhin et Danube, la médaille du combattant de moins de 20 ans, la médaille de la Résistance et la médaille Militaire. Elle a été nommée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur en 2000.

Un devoir de mémoire

 

    Madame Renée Taillefer jusqu’à sa mort le 12 février 2016, témoigne dans les écoles, collèges et les lycées. Elle parle au élèves de ce qui fut son combat, mais toujours en mettant en avant l’action du groupe et de ceux qui y ont laissé leur vie. Elle participe activement aux cérémonies commémoratives. En hommage au parcours de la Résistance de Renée Taillefer, son nom a été donné au collège de Gaillac (Tarn, 81), inauguré en 2011.

Renée Taillefer lors d’une commémoration

Pour aller plus loin :

Bibliographie

Vialelle Lisa