La Saint-Barthélemy en Haut-Languedoc
Le massacre de la Saint-Barthélemy désigne la tuerie perpétrée par les catholiques contres les protestants français à Paris le 24 août 1572, dans le contexte des guerres de religion de 1562 à 1598. Les massacres vont cependant se propager dans tout le Royaume de France, hors de contrôle, et notamment en Haut Languedoc, auquel le Tarn a appartenu. Albi, Gaillac, sont, en effet, touchées début octobre 1572 par la Saint-Barthélemy parisienne. Les guerres de religion ont débuté par le massacre de Wassy en 1562 quand le duc de Guise, meneur des ultra catholiques, massacre des protestants dans une grange pendant une messe. Les guerres de religion et les violences atteignent un sommet lors du massacre de la Saint-Barthélemy en 1572. Les violences se perpétuent dans tout le royaume au travers des axes de communication, via les routes et les fleuves.
Les violences catholiques
Tout au long des conflits religieux et particulièrement pendant la Saint-Barthélemy les catholiques vont persécuter et tenter d’éradiquer les protestants calvinistes français, appelés huguenots. Tout d’abord, une violence sociale s’est installée envers les protestants. Lorsque les nouvelles de la Saint-Barthélemy ont atteint Albi, les catholiques se sont en revanche déchaînés. Ainsi, les catholiques brûlèrent et détruisirent les maisons et lieux de cultes protestants. Ensuite, des protestants furent égorgés place du Vigan. D’autres furent emprisonnés par l’archevêque d’Albi. Par la suite, douze protestants furent jetés dans le Tarn.
À Gaillac, les catholiques redoutent des représailles huguenotes après la Saint-Barthélemy et prennent des mesures similaires. Certains protestants se regroupèrent pour se défendre. Les huguenots sont mis à l’écart par les catholiques dès la nouvelle de la Saint-Barthélémy. Ainsi, des protestants, hommes, femmes et enfants, furent enfermés dans les tours du Palmata à Gaillac, puis massacrés. Les sources dénombrent environ 74 morts.
Pour finir, les protestants furent expulsés des villes et villages catholiques, notamment à Toulouse et à Albi. Après la Saint-Barthélemy, plusieurs châteaux et villages alentours furent assiégés par les milices protestantes. En revanche, certaines villes seront épargnées par la Saint-Barthélemy comme Soual, ville protestante ou encore d’autres petits villages.
Les violences protestantes
Les huguenots, bien que moins nombreux, usèrent également de violence contre les catholiques. Comme eux, ils expulsèrent les catholiques dans les villes où ils étaient majoritaires comme Montauban, Castres, Mazères ou Carmaing. Certains protestants brûlèrent des églises catholiques dans les villages qu’ils contrôlaient. Dans la ville de Soréze, en 1573, une partie de l’abbaye fut détruite par les protestants de la ville. Les pillages étaient fréquents à cette période et Castres fut pillée par les huguenots quand ils reprirent la ville en 1573. La guerre était alors une multitude de raids, prises et pertes de villes et villages, ainsi que de sièges des grandes villes. Par rapport aux catholiques, les protestants furent moins violents, mais cela est surtout dû au fait qu’ils étaient souvent en infériorité numérique et qu’ils n’avaient pas le rapport de force en leur faveur.
La Saint-Barthélemy a donc eu un fort impact sur le Haut-Languedoc et plus particulièrement sur le Tarn. Cependant, nous avons pu analyser que, selon les territoires, la violence n’a pas été la même, du point de vue catholique comme protestant. Du fait de ses nombreux acteurs et de sa complexité, le conflit religieux a plusieurs fois évolué, alternant des phases de grande violence et d’accalmies relatives. La Saint-Barthélemy en Haut-Languedoc illustre la déchirure du Royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle entre catholiques et protestants. Cette séparation entre catholiques et huguenots va engendrer de nouveaux conflits jusqu’en 1598 quand Henri IV signera l’édit de Nantes qui accordera des droits religieux, de culte et politiques aux protestants. Mais la question de l’unité de la religion restera très forte au XVIIe siècle avec différents conflits et la révocation de cet édit en 1685 par Louis XIV.
Chastang Dylan, Barre Jean-Michel, Carbonne Guilhem