L’Aveyron, à l’instar d’une immense majorité des départements français, a ressenti d’une manière unique le second conflit mondial, entre « guerre éclair » et occupation allemande. C’est le 13 novembre 1942 que les Allemands arrivent dans la préfecture aveyronnaise. Les Ruthénois vont connaître de fortes restrictions que ce soit au niveau de la presse, de la nourriture et des transports. Les Allemands occupent les écoles, les hôtels et réquisitionnent aussi les métaux dans le but d’en faire des bombes et des canons. Ce sont près de 300 personnes de confession juive résidant en Aveyron qui ont été déportées entre août 1942 et janvier 1943.
L’évènement le plus marquant de la Seconde Guerre mondiale en Aveyron s’est sans doute déroulé à Sainte-Radegonde, le 17 août 1944. Trente personnes ayant défendu le territoire national ont été fusillées. De toutes catégories socio-professionnelles, ces individus morts en chantant la Marseillaise ont suscité une grande émotion auprès des populations voisines. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, fut inauguré à l’endroit de la fusillade un monument à la mémoire des victimes du massacre.
La Résistance, les résistants
La Résistance en Aveyron se développe petit à petit. En effet, les maquisards ne sont que très peu nombreux en 1940 et le chiffre augmente au fur et à mesure des années. Des sabotages ou encore des embuscades sont réalisés par la trentaine de groupes armés présents dans le département.
L’organisation de la Résistance aveyronnaise est de nombreuses fois contestée. Avant 1944, les maquisards sont en infériorité numérique et sont très souvent rejetés par le reste de la population aveyronnaise.
Le profil des maquisards est très varié, on comptabilise des hommes, des femmes, des jeunes… De plus, on remarque que les résistants viennent de structures socio-professionnelles très variées. En effet, ils peuvent très bien être de simples ouvriers ou des hauts fonctionnaires.
Pont de Salars: un Oradour-sur-Glane évité ?
L’exemple de Pont-de-Salars, situé en Aveyron, est significatif pour expliquer plusieurs aspects de l’invasion nazie et les conséquences que cela a eu sur les Salarsipontains, la gentilé du village. Un document unique et écrit par la main du maire du village Jean Amans (1900-1989), permet une compréhension accrue de la situation et de son rôle lors d’une journée peu ordinaire, celle du 29 juin 1944. Les Allemands encerclant le village, ses habitants ont dû se regrouper sur la place de l’église, le but étant pour les envahisseurs de soutirer des informations sur le maquis dissimulé dans les environs.
« Prenez-moi comme otage, faites de moi ce que vous voudrez, mais ne mettez pas le feu au village »
Jean Amans va protéger la population niant toutes les accusations, le commanditaire Böttger finissant par relâcher les habitants après avoir néanmoins tenté de faire entrer les villageois dans l’église, rappelant alors le triste sort d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. La phrase ci-dessus a été prononcée par le maire en réponse à la menace du commandant Böttger. Médecin de formation, Jean Amans a pendant toute sa vie œuvré pour son village, l’épisode du 29 juin étant le point d’orgue de sa dévotion et de son abnégation. Décédé en 1989, il donne son nom au collège public du village et reste un héros local dans la mémoire des habitants.
L’Aveyron, outre son isolement vis-à-vis de l’invasion allemande, a été un cas de Résistance notable et les événements qui s’y sont déroulés ont laissé une trace dans les mémoires aveyronnaises.