Les cabinets de curiosités dans les environs de Toulouse [2018-2019]

Estampe d’un cabinet de curiosité scientifique, XVIIe-XVIIIe siècle.

Considérés comme les ancêtres des musées en général et des muséums d’Histoire Naturelle en particulier, les cabinets de curiosités sont apparus au XVI° siècle avec le développement des explorations et la découverte de nouvelles terres. Plusieurs princes, savants et amateurs de « bizarreries » de cette époque se mettent à collectionner les curiosités en provenance des nouveaux mondes.

Cabinet de curiosité, anonyme, Huile sur toile, fin XVII° siècle.

L’objectif du curieux/collectionneur n’est pas d’accumuler ou de répertorier la totalité des objets de la nature et des productions humaines comme le tenteront les encyclopédistes au XVIIIe siècle, mais plutôt de pénétrer les secrets intimes de la nature par ce qu’elle propose de plus fantastique. En collectionnant les objets les plus bizarres qui l’entourent, le curieux peut ainsi appréhender le développement de la nature et en découvrir ses aspects.

Qualifiés comme des lieux dans lesquels on collectionne et présente une multitude d’objets rares ou étranges, issus du monde animal, végétal et minéral, en plus des réalisations humaines, ils ont joué un rôle fondamental dans l’essor de la science moderne.

Carte de recensement des cabinets de curiosités dans le sud de la France, XVI°-XVIII° siècle.

Les cabinets de curiosités dans le Toulousain

On retrouve dans le sud de la France des dizaines de cabinets de curiosités, plus ou moins bien documentés :

A Toulouse, on retrouve près de 17 cabinets de curiosités, datant tous du XVII° siècle, détenus par des médecins, princes ou encore antiquaires.

Cependant, nous retrouvons parmi ces personnes que très peu de scientifiques mais dont les plus importants sont Francisco Sanchez, un médecin et propagateur du scepticisme philosophique, Emmanuel Maignan, mathématicien et philosophe, qui possédait un laboratoire ayant suscité l’admiration de Louis XIV et François Bayle, un médecin et philosophe, un  des premiers expérimentateurs de la méthode expérimentale.

Le plus important cabinet de curiosité recensé sur Toulouse appartenait à François Fihol, dont Juan de Lasanosa décrit :

A côté de cabinet, qui réunit une profusion d’objets extrêmement variés, consacre toute une pièce à une collection de squelettes et d’écorchés, figures de plâtre moulé, et dessins anatomiques, parmi lesquels il faut compter sa propre production

A Albi, on été recensés près de 5 cabinets de curiosités, mais ne contenant aucune description.

Cependant, même si le foyer de la recherche culturelle et scientifique au XVIe-XVIIe siècle se trouve à Paris et dont Toulouse apporte des découvertes, il existe une ville qui lui fait concurrence : Castres

Castres, foyer de la vie scientifique et culturelle dans le Sud de la France

Castres fût pendant près de 22 ans le siège de l’Académie de Castres, une académie des belles-lettres, de poésie, de science et de philosophie, fondée par Paul Pélisson peu après la révocation de l’Edit de Nantes et l’implantation de la chambre de l’Edit de Nantes en 1629 dans la ville.

Pierre Borel (1620-1671)

Parmi les 47 membres qui composaient l’académie se détache Pierre Borel, figure incontournable de la science dans le Sud de la France au XVIIe siècle. C’est un érudit et savant castrais qui a recensé et documenté une majeure partie de nos connaissances sur les cabinets de curiosités dans la région toulousaine dans son livre intitulé « Les antiquités, raretés, plantes, minéraux et autres choses considérables de la ville et comté de Castres d’Albigeois et des lieux qui sont a ses environs, avec l’Histoire de ses comtes, évêques etc. », publié en 1649

Issu d’une famille bourgeoise protestante, c’est un médecin et botaniste érudit diplômé de la faculté de Cahors, c’est un passionné de sciences physiques et naturelles et un collectionneur avide qui rassemblera des centaines d’objets et confections de tous les horizons dans son cabinet sur lequel il s’appuiera pour ses diverses expérimentations : il apporte environ 400 notices sur des cas pathologiques, des expériences thérapeutiques, des observations biologiques et des médications.

Planche d’observation de Pierre Borel, Centuries d’observations microscopiques

Il publiera aussi des travaux de sciences naturelles, médicales, chimiques, des études sur les monstres ou encore sur les fossiles sous la forme de « centuries », des recueils de courtes remarques.

 

 

Pour aller plus loin:

Qu’est-ce qu’un cabinet de curiosités?

http://pages.infinit.net/cabinet/definition.html

Curiositas, site de recensement des cabinets de curiosités en Europe

https://curiositas.org/ 

L’académie de Castres

https://www.persee.fr/doc/rhs_0048-7996_1967_num_20_4_2541

Pierre Borel, médecin et savant castrais du XVII° siècle

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01717004/document 

Etudiante : Sandra Castres.