Les Hospitaliers : définition et contexte
Au XIe siècle, la chrétienté occidentale revêt les nouvelles armes d’une spiritualité militaire, qui christianise les images et les usages guerriers de l’ancienne chevalerie du siècle pour faire du service armé à la cause de Dieu et à la défense de l’Église un moyen légitime de sanctification. Les Hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem trouveraient leur origine de la fin du XIe siècle à Jérusalem, en Terre Sainte (territoire sacré pour le christianisme où aurait vécu le Christ, qui correspondrait à peu près aujourd’hui à Israël).
Il s’agit d’un ordre religieux chrétien hospitalier et militaire dont leur objectif était d’accueillir, de défendre et de soigner les pèlerins dans des hospices (établissement religieux qui accueille et donne l’hospitalité aux pèlerins et aux voyageurs). L’ordre a été créé par Frère Gérard. Après la Première croisade (1096-1099), l’hospice de Frère Gérard devint autonome vis-à-vis des couvents Bénédictins. Il obtint cette autonomie en 1113 par le biais du Pape Pascal II. Peu à peu, ils s’occupent de garder certaines forteresses dans le royaume de Jérusalem. En conséquence, ils développent une armée puissante. En 1182, ils reçoivent le statut d’ordre militaire. De Jérusalem, ils sont contraints de se déplacer à Saint-Jean d’Acre. En 1291, ils s’installent à Chypre, puis à Rhodes et Malte. L’ordre disparaît au début du XIXe siècle.
Les Hospitaliers avaient une place et un statut particulier en France. Lorsque l’ordre hospitalier fût créé, les premiers Hospitaliers venaient souvent du sud de la France. L’Hôpital avait un besoin vital du soutien des États occidentaux, dont la France, où l’ordre acquiert de vastes domaines et de nombreux privilèges. Les domaines servent à gérer leurs biens, de recruter et former leurs membres.
Ainsi, sont établies des commanderies (établissement foncier appartenant à un ordre religieux et militaire), probablement inspirées du modèle des prieurés monastiques (maison qui dirige les commanderies de sa région formant une organisation administrative) . Avant 1312, tous les domaines Hospitaliers sont regroupés au sein du prieuré de France. Après la dissolution de l’Ordre du Temple, les prieurés sont divisés en trois : le prieuré de France, d’Aquitaine et de Champagne. La plupart des maîtres (« chefs » des Hospitaliers) étaient d’origine française.
Il ne faut pas confondre l’ordre Templier et l’ordre Hospitalier. En effet, il y a des différences importantes qu’il faut notifier. Tout d’abord, l’ordre Templier était exclusivement guerrier, contrairement aux Hospitaliers qui soignaient les pèlerins. Au niveau de la règle, les Hospitaliers s’appuient sur la règle de Saint-Augustin et de Saint-Benoît, alors que les Templiers s’appuient seulement sur la règle de Saint-Benoît. Au niveau de la hiérarchie, l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem est organisé de manière plus fonctionnelle, alors que l’organisation des Templiers est plus sociale.
Les Hospitaliers dans la région occitane
L’exemple le plus notable de la présence des Hospitaliers en Occitanie est la commune du Burgaud, qui est situé dans le département de la Haute-Garonne. Ce fut une commanderie des Hospitaliers à partir de 1214, après le don du seigneur Bertrand de Cobirac à l’ordre. Il y avait une maison forte appartenant au commandeur. Chaque année, les habitants du village désignaient quatre consuls pour les représenter auprès du commandeur. Au Burgaud, comme dans d’autres commanderies hospitalières, le village ne dépend que de l’ordre, ce qui provoqua des conflits nombreux avec l’administration royale. Après leur départ en 1798, les Hospitaliers ont laissé une importante trace de leur passage : l’église construite au XIIIe ou XIVe siècle.
Nous nous rapprochons de la cité de La Couvertoirade en parlant des cités du Larzac (le sud de l’Aveyron). En effet, dans cette région, les Hospitaliers ont été les continuateurs des Templiers. Ces derniers ont laissé une plus grande trace, notamment dans le domaine de l’architecture civile et plus particulièrement dans le domaine que l’on appelle aujourd’hui le « génie rural ». Les Hospitaliers récupérèrent toutes les commanderies des Templiers en 1312, lorsque Philippe IV le Bel déclara cet ordre hérétique et qu’il fut aboli. Sur le Larzac, les Hospitaliers perpétuèrent leur œuvre jusqu’à la Révolution française de 1789.
La Couvertoirade
Parlons maintenant de La Couvertoirade, et d’abord une brève histoire de ce village au Moyen-Âge. La première mention du village apparaît au XIe siècle sous le nom de Cubertoirata. Dès la deuxième moitié du XIIe siècle, les Templiers sont présents. Leur arrivée en ce lieu est due à la présence de terres cultivables, d’eau pour les hommes comme pour les bêtes. Le village se développe au pied de l’église et du château voisin, d’un rocher convenant à la construction d’un château et d’une draille venant du Languedoc pour la transhumance. Les Hospitaliers avaient comme tâche de protéger la ville. Ils s’occupaient aussi de l’administration du village. En 1328, il y a 135 feux dans la commanderie (entre 540 et 600 habitants). C’est durant la deuxième moitié de la guerre de Cent Ans que le commandeur de Sainte-Eulalie décide de faire fortifier tous les villages de la commanderie. Les murailles enserrant le village sont construites en quatre années seulement, de 1439 à 1442.
Voyons maintenant quelles sont les traces de la présence des Hospitaliers dans le village. Lorsque l’ordre Templier est dissous (au concile de Vienne en 1312), ceux-ci sont emprisonnés au château de Najac. Les Hospitaliers deviennent alors les nouveaux maîtres de La Couvertoirade cette même année. Il est décidé rapidement de construire la grande muraille qui entoure encore aujourd’hui le village. Ils restent dans le village jusqu’à ce qu’ils soient appelés à la défense de Rhodes. Ils ont entrepris plusieurs constructions comme l’église, l’enceinte fortifiée avec les tours, les portes et murailles, un four banal. Ils ont aussi rajouté sur le château (construit par les Templiers) une tour supplémentaire jouxtant le donjon (dont il ne reste aujourd’hui que des ruines).
La place faite aux Hospitaliers aujourd’hui au sein de la cité est importante. Ils ont une place dans le tourisme et ils sont reconnus dans le patrimoine de l’Occitanie. Mais une question mériterait d’être posée : Pourquoi les Templiers ont laissé une plus grande trace dans la mémoire collective, en France et à La Couvertoirade ?
Réalisé par Ryan DJERMINE (L2) et Rahamaniat CHABABI (L1)