L’exploitation minière du bassin decazevillois (milieu XIXe-début XXe) [2018]

Au début du XIXe siècle, le monde rural français bascule vers l’industrie, c’est la Révolution Industrielle. C’est en 1827 que le Duc de Decazes, met en place l’exploitation minière au sein du bassin de Decazeville, la « Société des Houillères et Fonderies de l’Aveyron » . Au fur et à mesure la ville se développe autour de l’activité minière en perpétuelle évolution jusqu’à prendre le nom de Decazeville en 1829.

L’expansion du bassin

Cette expansion est possible grâce à de nouvelles méthodes d’acheminement. En 1842, le vote de la « Grande Charte » sur les chemins de fer signifie que l’État prend en charge toutes les infrastructures liées au chemin de fer. Cette réforme amène à un développement massif du chemin de fer. De 1852 à 1856, c’est la construction de la voie ferrée qui traverse le vallon de Marcillac jusqu’à Decazeville. Le duc Decazes et l’ingénieur Cabrol ramène de l’Angleterre, la technique du coke . La mise au point d’un appareil respiratoire vers 1860 par un ingénieur des mines de Decazeville, Rouquayrol, est d’autant plus importante pour des sauvetages dans des mines enfumées ou inondées, notamment. En 1842, la « Société des Houillères et Fonderies de l’Aveyron » est une des plus importantes usines sidérurgiques de France. Le bassin peut très vite diversifier ses activités sans pour autant faire de l’importation de matières premières.

Decazeville possèdait une des mines à ciel ouvert les plus importantes de France. Source image : Wikipedia Photo prise par : Dr Brains

L’activité minière de Decazeville en récession

Pendant les premières années de fonctionnement les mines de Decazeville ont connu une forte expansion mais des conditions telles que l’isolement et le manque de main-d’œuvre étaient telles qu’une rupture s’avérait évidente, c’est donc l’arrêt de certaines activités de la mine qui entraîna une chute de la croissance. Près du naufrage, la société fut rachetée par la famille Schneider, propriétaire du Creusot, et prit le nom de Société Nouvelle des Houillères et Fonderies de l’Aveyron, cela donna un second souffle à Decazeville qui vécut une autre période de prospérité.

Gravure montrant le fonctionnement à l’intérieur d’une mine de charbon. Source : Livre de Pierre Foncin « La deuxième année de géographie »

Bien qu’abondante dans l’Aveyron, la main-d’œuvre était majoritairement agricole et ne souhaitait pas travailler dans l’industrie, obligeant ainsi l’entreprise à en faire venir à des prix plus élevés que la main-d’œuvre locale, entraînant un accroissement du coût de la main-d’œuvre dans le coût de production.

D’autres entreprises métallurgiques se développent qui ont une production à peu près similaire à celle de Decazeville. Malgré sa croissance, Decazeville n’était plus que la 8e entreprise sidérurgique de France.

L’industrie minière à son apogée

La mine est en perpétuelle évolution. En effet, celle-ci a été l’œuvre de multiples métamorphoses. Premièrement, à Cransac, « les aciéries de France », n’exploitent plus que du charbon. La « Société Nouvelle des Houillères et Fonderie de l’Aveyron » quant à elle, possède avec ses mines, une industrie en métallurgie en gestation. En 1886, ils se replient exclusivement sur la houille et le zinc. De nouveaux procédés de fabrication de l’acier voient le jour. En outre, le développement du convertisseur basique Thomas que l’on adapte au four Martin, cela donne un élan nouveau à l’industrie. Petit à petit, l’acier va remplacer le fer. Le rachat du bassin de Decazeville par la société Commentry-Fourchambault, permet l’introduction de nouveaux procédés de fabrication dans l’industrie de l’acier. Premièrement, cela a rajeuni les hauts fourneaux, installés entre 1895 et 1902.

En France, la crise métallurgique s’atténue. C’est la reprise générale des industries qui s’amorce. Ce développement peut être expliqué par un contexte historique favorable à cette expansion. Quand la guerre de 14/18 éclate, les industries d’armements tournent à plein régime. Certaines industries métallurgiques se convertissent même dans la fabrication d’obus. La reprise très nette de la production de houille atteint un record absolu de 938 951 tonnes en 1917.

Carte postale montrant les usines de Decazeville en 1918, qui ont contribué à l’effort de guerre.

Face à cette demande importante, les industries de Decazeville se fournissent directement auprès de la « Vieille Montagne », qui apporte son zinc pour la fabrication des enveloppes de cartouches et de douilles. À partir de 1914, le bassin connaît une immigration massive pour pallier le manque de main-d’œuvre suite au départ de certains ouvriers pour le front. La plupart de ces migrants viennent du Portugal, d’Espagne, certains de Pologne.

Pour conclure, les mines de Decazeville s’inscrivent dans les mines françaises grâce à sa localisation et sa géologie particulière. Ceci mène à une diversification des activités et à une croissance, malgré les nombreuses crises. Le bassin a toujours trouvé un moyen de revenir dans la course minière que cela soit avec de nouvelles innovations, des rachats par de grands groupes ou bien avec l’immigration massive.

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