L’Histoire du Ségala XIXe-XXe siècle [2018]

Qu’est-ce que le Ségala ? Cliquez et venez le découvrir !

Au XIXe siècle, le Ségala est enclavé à cause de son relief vallonné fait de monts et de vallées accueillant notamment le Viaur. Le Ségala est donc à l’écart des routes commerciales. De plus, le Ségala a un autre inconvénient majeur. En effet, ces terres sont dites siliceuses ou acides, ce qui contraint notamment les paysans de l’époque à la culture du seigle, céréale à faible rendement et peu rentable, d’où le nom « Ségala ».
Au XXe siècle, la région est en plein essor, la culture du seigle est peu à peu abandonnée au profit d’autres cultures plus rentables et de l’expansion de l’élevage. En plus de cette véritable révolution agricole, les villes et campagnes « ségalis » se développent et de grandes foires apparaissent.
Qu’est-ce qui a permis une telle mutation ? Réponse à suivre sur notre page sur l’Histoire du Ségala !

Le Ségala au XIXe siècle : une région en attente de son essor

Le Ségala est une terre enclavée du fait de son relief vallonné fait de monts appelés « puechs » et de vallées abritant les cours d’eau du Tarn, de l’Aveyron et du Viaur. De plus, une météo capricieuse est la cause du surnom donné aux habitants du Ségala de l’époque: les « Montagnols ». Par conséquent, la région ne possède pas de voies de communication majeures et demeure à l’écart des routes commerciales. Enfin, les paysans « ségalis » sont voués à la précarité du fait de la culture quasi-unique du seigle, cette fameuse céréale peu rentable mais la seule s’adaptant aux terres pauvres de la région.
Pourtant, une véritable révolution ferroviaire s’établit en France dès les années 1830. Le Ségala va être une première fois oublié, alors que la liaison Carmaux-Rodez permettrait de raccourcir de 130 kilomètres le trajet Lyon-Toulouse. De plus, l’instauration de la IIIe République va changer la donne. En effet, la République a besoin de conquérir les campagnes réputées conservatrices. Avec l’arrivée d’un nouveau personnel politique, la construction de la ligne Carmaux-Rodez va être reconsidérée. Le 5 décembre 1878, une enquête sur l’utilité publique de la ligne est amorcée. Un an plus tard, la ligne est jugée d’utilité publique, la Révolution de la région est lancée.

Le réseau ferré dans la région à la fin du XIXe siècle, d’après François Garcia dans « Le viaduc du Viaur: Révolutions ferroviaire et socio-économique »

Le Viaduc du Viaur : un chef d’œuvre au service du Ségala

Pour la construction de la ligne Carmaux-Rodez, un viaduc doit traverser la profonde vallée du Viaur entre les communes de Tanus et de Tauriac-de-Naucelle. Un concours est ouvert en 1887 à des ingénieurs où figurait notamment un certain Gustave Eiffel. Or, c’est l’albigeois d’adoption Paul Bodin, de la société des Batignolles, qui remporte le marché. Il va alors imaginer un ouvrage colossal pour l’époque. La voie ferrée passe, par exemple, au sommet et non au milieu de la structure, comme c’est le cas pour les autres ponts à poutres en porte-à-faux. De plus, en admirant cette « dentelle aérienne », on remarque que le viaduc forme un double « v ». Un premier pour Viaduc et un second pour Viaur, ce qui montre toute l’ingéniosité de Bodin et fait du viaduc un ouvrage novateur. Le premier train franchit la vallée le 5 octobre 1903. Le Ségala est enfin desservi par cette voie ferrée qui lui manquait tant.

Plan du projet de la Société des Batignolles, d’après François Garcia dans « Le viaduc du Viaur: Révolutions ferroviaire et socio-économique »
Paul Bodin, Wikipédia
Le viaduc du Viaur achevé, Wikipédia

 

 

 

 

 

 

Le Ségala au XXe siècle : un envol agricole et économique

La ligne Carmaux-Rodez étant désormais ouverte, l’acheminement d’un amendement, la chaux, réduisant l’acidité des terres « ségalis » va permettre l’essor agricole de la région avec le développement de nouvelles cultures comme le blé et l’élevage dont celui des bovins notamment. Une révolution économique est donc également notable.
De plus, les campagnes et villes du Ségala vont connaître une profonde mutation. En effet, les vallées vont peu à peu se désertifier et les habitants vont s’installer sur les plateaux à présent domestiqués. Les habitants vont également se rapprocher de la RN 88 et de nouveaux villages vont naître. On peut prendre l’exemple de Baraqueville qui n’existait pas avant le XXe siècle. Enfin, on observe la multiplication de grandes foires dans la région. Les différents villages du Ségala vont se spécialiser lors de ces foires, ce qui va permettre à plusieurs communes de tenir de nombreuses grandes foires (6 à 12 par an). Ainsi, ces foires sont des temps forts dans la vie sociale des paysans du Ségala.
Au XXe siècle, le Ségala connaît enfin son envol et va muter vers le Ségala tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Carte des foires dans le Ségala au début du XXe siècle, d’après François Garcia dans « Le viaduc du Viaur: Révolutions ferroviaire et socio-économique »
Photo un jour de Foire à Réquista au début du XXe siècle, « Cartes Postales Anciennes de l’Aveyron »

 

Pour aller plus loin :

– Notre bibliographie sur l’Histoire du Ségala

– Site internet « Aveyron-Ségala-Tourisme »

– Vidéo « Le viaduc du Viaur : une dentelle d’acier », de l’émission Midi en France

– Vidéo « Le viaduc du Viaur : un ouvrage exceptionnel tombé dans l’oubli », de France 3 Occitanie

 

Réalisé par Loris Toussaint (L2) et Romain Vintillas (L1)