Narbonne et la Narbonnaise du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C. [2018]

Via Domitia, 2018.

Narbonne est aujourd’hui une ville de peu d’importance à l’échelle régionale ou nationale, or cette situation s’inscrit en faux sur l’importance qu’elle a eu dès sa fondation. Effectivement cette cité est particulière au cours de l’Antiquité et du Moyen-Age, elle s’impose dans la stratification administrative de l’empire romain puis elle continue d’avoir une importance notable durant la période médiévale. Néanmoins il convient, du fait des disparités entre les deux périodes, de borner cet exposé. Étant donné que nous voulions étudier la Narbonne antique, il semble que le plus intéressant soit d’étudier la fondation de la cité aux alentours Ier siècle avant Jésus Christ. En outre il convient de ne pas étudier seulement le cas de la ville de Narbonne pour cette période, car celle-ci influe grandement sur son espace proche et sur toute une province qui s’étale des Pyrénées jusqu’aux Alpes. Donc la ville de Narbonne doit être étudiée en parallèle avec la province qu’elle dirige durant toute la période. Nous allons voir comment Rome par la création de la cité de Narbonne en vient à réaliser des ambitions différentes, et pourquoi Narbonne a de ce fait connu une si grande réussite.

Territoires de la République romaine durant le IIe siècle av. J.-C.

Narbonne est fondée en 122 avant J.-C. sur un territoire que les Romains viennent de conquérir à la suite de campagnes répétées contre les peuples  antiques locaux. Effectivement ceux-ci qui sont en fait un mélange de plusieurs peuples probablement Ligures, Ibères et Celtiques attaquent la cité de Massilia alors alliée de Rome, forçant cette dernière à s’établir sur ce nouvel espace. Décision est prise conjointement par le général conquérant et le sénat de créer une nouvelle colonie visant plusieurs buts, politiques, économiques et militaires. Mais c’est l’intersection entre ces trois intérêts qui permet vraiment de comprendre cette décision et la prospérité de la cité. Il faut tout d’abord dire que Rome à cette période est encore une république avec de nombreux conflits politiques parfois sanglants. De plus il convient de remarquer que les conquêtes romaines n’en sont qu’à leur commencement, par exemple la cité de Carthage n’est détruite qu’en 146 avant J.-C., et la république ne possède alors que des terres en Italie, en Hispanie, en Grèce et en Afrique. Et cette colonie nouvelle permet de consolider au moins pour un temps toutes les ambitions de la république romaine en Méditerranée occidentale.

Partie languedocienne de la Via Domitia. A.Clément, A. Peyre, La voie domitienne, Presses du Languedoc, 1991.

Politiquement elle permet d’exiler des personnalités dérangeantes ainsi que de donner de nouvelles terres aux pauvres qui sont la source de nombreuses inquiétudes de la part des groupes dirigeants. Effectivement on voit dès le début de la colonisation des attributions de terres. En outre on voit dès le début la volonté de Rome de créer un port commercial pour, entretenir de nouvelles routes commerciales plus dirigées vers le centre de la Gaule mais surtout pour permettre aux commerçants Italiens d’avoir un point de relais entre l’Italie et l’Hispanie, un territoire riche en ressources minières notamment en or. Enfin dès le début cette cité doit être un point stratégique pour la défense des territoires romains dans la méditerranée occidentale, en effet elle sert de garnison pour des troupes permanentes, on peut voir cette utilité notamment lors d’une invasion de peuples germaniques en 120 après J.-C. Tout en permettant de surveiller la province locale et la via domitia qui traverse le Sud de la Gaule pour aller en Hispanie. De plus cette cité peut servir de base à de futures conquêtes car elle peut entretenir jusqu’à trois légions en même temps (à peu près 18 000 hommes). Ces avantages conséquents mènent rapidement à l’essor de la Cité de Narbonne, celle-ci devient rapidement peuplée de dizaines de milliers de personnes, et plus particulièrement de citoyens romains. C’est un cas à part dans la Gaule romaine car celle-ci était naturellement peuplée des autochtones à la différence de la jeune colonie qui devient donc une cité privilégiée et à la tête de sa province.

Horreum Romain de Narbonne (marché ou entrepôt ou cave à vin).

Pour conclure nous avons vu que Narbonne est devenue une cité de grande importance au sein de l’empire. Que ce soit par ces nombreux atouts militaires, commerciaux ou institutionnels. Et sans oublier bien sûr son rôle de capitale provinciale qui lui donne une influence directe sur une province. Néanmoins, à l’aube du IVe siècle on dénote un déclin de l’influence de la cité lié à des causes conjoncturelles et structurelles nonobstant une adaptation de la cité pour faire face à ces phénomènes. Ceci à tel point que la colonie fondée par les Romains est cédée au Ve siècle (457) aux Wisigoths marquant la fin de la domination romaine sur la cité de Narbonne et de la Province.

Pour aller plus loin : Bibliographie indicative.