L’affaire Dreyfus [2022]

Le XIXe siècle connaît l’épanouissement et la diffusion massive de la presse. Les années 1880, ont été marquées par d’importantes lois qui ont permis l’essor de la presse. En effet, le 29 juillet 1881 est votée la loi concernant la liberté d’expression. Entre 1881 et 1882 sont votées les lois Jules Ferry. Ces lois permettent la démocratisation de l’enseignement. Dès lors, une amélioration des conditions d’alphabétisation de la population française.

Dans ce contexte, la presse se développe, les titres de journaux se multiplient, la diffusion de ces derniers ne cesse de croître. C’est dans ce contexte, que de nombreux historiens qualifient “d’âge d’or de la presse”, que l’Affaire Dreyfus débute.

En effet, le 1er novembre 1894, est publié dans le journal d’Édouard Drumont, La libre parole, une accusation à l’encontre du capitaine Alfred Dreyfus. Celui-ci est accusé de de haute trahison envers l’État français. Il aurait, hypothétiquement, divulgué des informations militaires confidentielles à l’ennemi, à l’Allemagne. Dès lors, est pris comme argument pour justifier sa culpabilité et sa dégradation en 1895, sa confession juive. Une affaire politico-militaire qui, par son installation dans un moment accru de diffusion de la presse, prend une dimension nationale. Cette affaire est alors reprise dans des médias nationaux et les journalistes et hommes de lettres se saisissent de l’affaire et y diffusent leur opinion.

Caricature de Caran D’Arche, « Un dîner en famille », publié dans le Figaro le 14 février 1898, Bibliothèque Nationale de France. Inscription sous les dessins « -Surtout ! ne parlons pas de l’affaire Dreyfus! » « Ils en ont parlé… ».

Cette transmission crée un nette et vive opposition au sein de l’opinion publique, les avis et convictions majoritaires de la population française, mais aussi au sein des médias. Dès lors, une presse d’opinion s’installe. Celle-ci vise, en plus d’informer, à interpréter politiquement un ou des événements.

Concernant l’affaire Dreyfus, s’opposent les Dreyfusards, ceux qui soutiennent Alfred Dreyfus, et les Antidreyfusards, ceux qui sont contre le capitaine en question. Les Dreyfusards ont mené des enquêtes précises pour prouver l’innocence d’Alfred Dreyfus. S’illustrent comme Dreyfusards : Jean Jaurès (philosophe et homme politique), Georges Clemenceau (député) ou Émile Zola (écrivain et journaliste). Ils s’opposent aux Antidreyfusards : Édouard Drumont (directeur du journal La libre parole, journal de droite, nationaliste et antisémite), Maurice Barrès (écrivain nationaliste) ou Charles Maurras (journaliste nationaliste et antisémite).

Une du journal Le Petit Journal, « Le Traitre, Dégradation d’Alfred Dreyfus », paru le 13 janvier 1895, Bibliothèque Nationale de France.

Grâce aux travaux d’enquêtes et à la défense publique, comme l’article “J’accuse” écrit par Émile Zola et publié le 13 janvier 1898, dans le journal L’Aurore, et au militantisme des Dreyfusards, la réhabilitation d’Alfred Dreyfus a pu se faire en 1906. Ils ont pu, grâce à leurs recherches, démonter de toutes pièces les fausses accusations portées contre Alfred Dreyfus. Notons, que la réhabilitation du capitaine Dreyfus est aussi liée aux lois prônant la laïcité, et la séparation de l’Église et de l’État en 1905.