Joseph Gallieni [2021]

File:Joseph Gallieni 01.jpg - Wikimedia Commons
Portrait de Joseph Gallieni. Sources : Georges Grantham Bain Collection, Library of Congress, non daté.

EXPOSITION EN LIGNE (FLORE GUYON)

Joseph Gallieni est un acteur important de la colonisation française du XIXe siècle, né à Saint-Béat, en Haute-Garonne en 1849. La France lui donne de nombreuses missions coloniales comme c’est le cas à Dakar en 1876, où il est affecté à des missions d’explorations mais aussi au Mali en 1880, où il impose un protectorat. Il est par la suite nommé commandant en Martinique de 1883 à 1886 puis repart au Mali afin d’y consolider l’implantation de la France. Il mène ensuite une mission de colonisation du Tonkin de 1892 à 1896 avant de finir par être le gouverneur de Madagascar de 1896 à 1905.

Galliéni au Soudan 

Premières expériences d’un officier français.

Portrait du capitaine Gallieni au Soudan 1878-1882 Source: musée militaire de Lyon prise dans l’exposition le « Général Gallieni » ( 30 octobre 2013)

C’est donc en décembre 1876 que le jeune lieutenant d’infanterie de marine Galliéni, vétéran de la bataille de Bazeilles (31 août-1 septembre 1870) obtient son affectation pour Dakar. Il est plongé dans les opérations militaires du Haut-Niger où il colonise les territoires pour mettre en place des relations avec les “races nègres” et ouvrir de nouveaux marchés qu’on espère prospères pour la France. En 1879, le capitaine Galliéni a accru la présence française jusqu’au confluent du Bafing et du Bakhoy à Bafoulabé. Il dit apporter le calme dans les tribus du Logo et du Natiaga, érige des places fortes et établit les tracés d’une route entre Médine et Bafoulabé. Il poursuit sa mission jusqu’en juin 1880 où il est fait prisonnier par Ahmadou dont il reste captif près de 10 mois, jusqu’en mars 1881. Il en profite pour signer avec son geôlier le Traité de Nango qui accorde la libre navigation à la France sur le fleuve du Niger. Au cours de son séjour, il réalise l’ébauche de sa stratégie de colonisation qui repose sur une expansion progressive d’un territoire à partir d’un poste ou d’un chef-lieu clé (pratique de la “tache d’huile”). Il met en valeur la politique et l’administration coloniale du territoire en cherchant à rallier les différents chefs de tribus à la cause de l’expansion coloniale française, c’est la “politique des chefs”.

La confirmation d’une méthode coloniale

Il quitte alors la colonie, en 1882 pour partir en campagne en Martinique jusqu’en 1886, date à laquelle il retourne au Soudan comme commandant supérieur du Haut-Fleuve (colonie du Sénégal) avec le grade de lieutenant-colonel. Il a pour mission de continuer l’action d’implantation française dans la colonie. Galliéni doit faire face à des instabilités politiques et religieuses à l’intérieur du territoire qu’il gouverne. Dans un premier temps, il décide de renforcer les acquis de la France dans ces territoires en soumettant les chefs locaux grâce à l’utilisation de colonnes militaires. Mais Gallieni ne se contente pas d’être militaire, il est aussi diplomate et ingénieur. Il fait donc ériger des ponts et construire des postes. Il réussit à vaincre les insurrections dans le territoire, ce qui lui permet de signer de nouveaux accords de protectorats et de nouer de nouvelles alliances dans le territoire. Le lieutenant-colonel Galliéni réussit en parallèle à mettre en place un nouveau procédé de colonisation ainsi que de nouvelles stratégies de combat. Il développe “les fondements d’une science de la guerre coloniale” qui sont repris par d’autres officiers. Dans la deuxième phase de sa mission, Galliéni procède à l’élargissement des territoires de la colonie et érige le fort de Siguiri sur les rives du Niger. Son second commandement est marqué par une violente répression d’insurrections autochtones.

La pacification du Tonkin (1893-1897)

La méthodes des “Trois Colonnes”

Le colonel Gallieni adopte de nouvelles méthodes lors de la colonisation au Tonkin. Il mène plusieurs opérations dans la région. Dans chacune des opérations, Gallieni utilise une nouvelle méthode, celle des Trois Colonnes. La méthode consiste à déployer trois convois militaires qui se déplacent simultanément, dispersés dans trois zones différentes afin de progresser tout en contrôlant le territoire. Au début, Gallieni s’occupe de diriger un seul convoi, mais suite à des résultats prometteurs, le colonel gagne en responsabilités jusqu’à diriger l’ensemble des convois. Les objectifs de ces opérations sont de repousser les pirates du territoire qui pillent les villages et tuent les populations locales. Chacune de ces opérations est efficace mais il n’en demeure pas moins qu’elles génèrent un nombre important de pertes militaires et que le territoire prend la forme d’une zone de guerre. Gallieni et ses hommes mettent ensuite en place la « pacification » du territoire face aux révoltes progressives des populations locales, c’est-à-dire d’imposer l’ordre du vainqueur.

Carte du Tonkin présentant les régions lors de la colonisation, 2011.
Source CIRAD

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Les méthodes de pacification

Pour la pacification du territoire du Tonkin, Gallieni adopte plusieurs actions différentes mais complémentaires. Il met en œuvre une action politique menée par l’administration française. Selon lui, il s’agit de l’action la plus importante car il faut parfaitement bien connaître les populations afin de les convaincre d’être “aidés”. Cette action est indissociable du recours à la force. Il s’agit de l’action lente, c’est-à-dire, l’occupation du territoire et la gestion des populations. Puis il y a, l’action vive, c’est-à-dire les opérations militaires face aux pirates. Enfin, la dernière action est tout ce qui concerne l’organisation et l’économie. On assiste donc à la création d’infrastructures, d’écoles et de fermes pour le territoire. Gallieni est le chantre de ce type de colonisation qui associe la conquête militaire à la construction d’infrastructures.

Voir son livre, Trois Colonnes au Tonkin (1894-1895).

Gouverneur à Madagascar, l’apogée de la méthode Gallieni.

Le perfectionnement de son procédé d’implantation territoriale (1895-1899)

Le 6 août 1896, Madagascar et ses îlots sont déclarés colonie française. Gallieni y est envoyé comme gouverneur général et décide d’appliquer une pacification par étapes. Il procède par bonds pour augmenter le rayon de l’espace pacifié, selon la terminologie de l’époque, c’est-à-dire conquis, dans lequel les oppositions ont été vaincues. Ainsi, il met en place une forte organisation de défense constituée en trois niveaux : la ligne de poste des troupes régulières ; les postes de milices ; les villages armés. La méthode des colonnes, utilisée au Tonkin, est aussi appliquée en complément. La région de l’’Emyrne (Imerina) est acquise dès 1897, Gallieni se dirige alors vers l’Ouest des Sakalava puis le Sud des Tanala et des Bara. Comme vu précédemment, c’est grâce à une combinaison d’actions lentes et d’actions vives qu’il réussit à coloniser l’ensemble du territoire à la fin de l’année 1899.

Carte de Madagascar en 1896 présentant les différents peuples et régions cités. Source : GALLIENI Joseph, La pacification de Madagascar (opérations d’octobre 1896 à mars 1899).

L’administration de l’île selon Gallieni :

Pour administrer l’île de Madagascar, le général Gallieni adopte une méthode bien propre à lui et ne suit pas le modèle prôné en métropole. En effet, il se base sur les coutumes et sur la culture des habitants pour y créer une véritable identité.Les coutumes n’étant pas les mêmes en métropole, il s’adapte donc pour être en accord avec la population locale. De plus, il fait réaliser un important système routier ce qui permet une importante avancée économique pour le territoire malgache.

Le général Gallieni dans une exploitation agricole à Madagascar(1896-1905). Source: photographie d’Émile Prudhomme, directeur de l’agriculture à Madagascar à partir de 1900
CIRAD.

Au niveau économique, il met en place un véritable commerce tourné autour de la production locale. C’est autour de cette production, réalisée grâce aux richesses du territoire, que le général va développer le commerce et donc les richesses économiques. Mais ce volet économique légal a aussi son corollaire clandestin et Gallieni doit aussi lutter contre un trafic d’armes sur l’île. La propagande coloniale et lui-même mettent en avant sa méthode d’écoute et de proximité avec le peuple. Si sa méthode coloniale a été efficace en termes de conquête, reste que le bilan mortel est très lourd. Les Malgaches s’en souviendront quand ils décideront de devenir indépendants et ne pas rester dans le giron français.

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