Première révolte d’ampleur du XXe siècle en France, ce mouvement populaire est révélateur d’une France laissée pour compte, celle de la ruralité. Elle résulte d’une instabilité frappant le monde agricole depuis la fin du XIXe siècle. Elle témoigne aussi de diverses fractures, économiques, sociales, politiques, entre les provinciaux et le pouvoir central.
Les problèmes dans la vigne
Dans les vignes françaises du début XXe siècle, de nouvelles difficultés entraînent la crise de 1907. La première d’entre elles est le phylloxéra : un petit insecte venu des États-Unis qui dévaste les vignes françaises jusqu’à l’utilisation de la greffe qui résout le problème.
La seconde concerne la falsification du vin. Celle-ci s’opère avec deux techniques : la piquette et la chaptalisation. Ces deux raisons entraînent l’augmentation des quantités produites et donc la baisse des prix provoquant une chute de revenu pour les vignerons. Ceux-ci reprochent à l’État sa négligence vis-à-vis de la situation.
Négligence du Gouvernement
Même si des députés se saisissent de la question comme Gaston Doumergue pour trouver des solutions et alerter le gouvernement, celui-ci ne prête pas attention à cette crise et les vignerons ne reçoivent aucune aide financière.
Or, pour la région, qui a beaucoup misé sur la viticulture depuis les années 1850, avec, en 1904, 80 M de sa population qui vit de la vigne, cette absence de soutien est dramatique. Elle est perçue comme un mépris de la part du gouvernement, et notamment de Georges Clemenceau, ministre de l’intérieur, hostile au mouvement à tendance socialiste.
Ce ressenti alimente le mouvement.
Les manifestations
La révolte des vignerons a pour leaders Ernest Ferroul et Marcelin Albert. Le 11 mars 1907 a lieu la première manifestation avec 87 vignerons. Puis chaque dimanche le nombre de participants augmente jusqu’à 500 000 manifestants à Montpellier le 10 juin 1907. Tous les citoyens, hommes, femmes et enfants se sentent concernés. D’abord non violentes, ces manifestations ne suscitent pas de réaction du Gouvernement. Le but de Clemenceau est qu’elles se terminent. Le mouvement se radicalise suite à l’arrestation des deux leaders, et ainsi les 20 et 21 juin de violentes manifestations éclatent à Perpignan, Béziers et Montpellier.
Contrer la révolte
Quelques mois après le début de la révolte, Georges Clemenceau envoie l’armée réprimer le mouvement, avec à sa tête le général Picquart.
Beaucoup de militaires sont envoyés pour faire face aux manifestants mais sont des conscrits locaux qui refusent de marcher contre leurs proches, ce qui provoque très vite de fortes tensions au sein de la troupe. Dans les rangs de l’armée, des révoltes prennent même corps, comme dans le 17e d’infanterie qui déserte après le massacre de Narbonne, avec armes et munitions, en direction de Béziers.
Une grande partie des leaders de la révolte sont arrêtés, notamment Ernest Ferroul. La révolte offre aux opposants de la République et en particulier à Clemenceau, comme les groupes libertaire ou royaliste, la possibilité d’exister politiquement. Cependant, ils ne parviennent jamais réellement à rallier les manifestants à leurs causes.
La sortie de crise
Le 22 juin 1907, coups de tonnerre. Clemenceau et Marcelin Albert s’entretiennent à Paris pour réfléchir ensemble à une sortie de crise. De cet échange, et après des années de lutte côté vignerons, plusieurs décisions législatives émergent et sont proclamées par la Troisième République. L’une des demandes phare des révoltés, à savoir l’exonération d’impôts pour 1904, 1905 et 1906 – années les plus difficiles économiquement – est accordée. Plusieurs lois anti-fraude, ainsi que “Le service de répression des fraudes”, sont votées et institués. Ils ont pour but de réduire la surproduction de vin et de réguler la concurrence déloyale.
Des conséquences à long terme
Ce mouvement a des conséquences… En effet, il engage la France dans une nouvelle gestion agricole. Se développe alors le mouvement des coopératives viticoles, qui tentent de surveiller l’application des nouvelles lois protégeant les vignerons français.
Pour les individus impliqués, la situation empire. Marcelin Albert est obligé de fuir la France en 1907, et les mutins du 17e régiment d’infanterie, qui se sont rebellés en 1907 bénéficient alors d’une amnistie. Mais, en 1914, cette histoire resurgit et ils sont envoyés en priorité en première ligne.
Pour finir, sur un plan politique, il y a la mise en place d’une réforme militaire, consistant à éloigner les soldats de leur région natale pour leur service militaire pour anticiper ainsi une autre mutinerie.
La conclusion de la révolte des vignerons
Cette révolte s’impose donc comme caractéristique de la tension politique entre le monde agricole et le gouvernement, tensions auxquelles la Troisième République répond d’abord par par la force avant d’être contraint de réformer.
Etudiants concernés : Thomas Maillard et Louise Rens/ L1 : Barrau Eva, Dansan Sarah, Grassart Enzo, Gleye Matéo
Quiz, réalisé par Thomas MAILLARD :