Le Palais de la Berbie, aussi appelé le “palais des évêques”, est un ancien palais épiscopal qui a marqué l’histoire albigeoise, tant sur le plan religieux que militaire, entre 1260 et 1598. Ce palais a eu une grande importance dans l’affirmation de la foi catholique à Albi. En effet, il a eu une place centrale dans la vie économique, religieuse et militaire dans le Tarn. De ce fait, il témoigne de l’ancienne puissance politique et économique des évêques d’Albi. Nous pouvons alors nous demander comment et pourquoi le palais de la Berbie devient le centre de l’affirmation du pouvoir religieux et quel a été son impact sur la ville d’Albi.
C’est au lendemain de la croisade des Albigeois que Bernard II de Combret est nommé évêque d’Albi 1254, le lendemain de la mort de son prédécesseur Durand de Beaucaire. Pour affirmer la puissance de l’Église, Bernard de Combret fait construire le palais de la Berbie. Par la suite, il y a une remise en cause du pouvoir ecclésiastique, et ce sera sous Bernard III de Castanet, successeur de Bernard II de Combret en 1276 que l’ordre sera rétabli. Bernard de Castanet va entreprendre quelques fortifications, comme par exemple l’ancienne résidence, la vieille Berbie, qui devient le tribunal ecclésiastique. Mais parmi ces plus grands projets, il y a la construction de la cathédrale Saint-Cécile, ainsi que le projet de sécularisation qui consiste à la reconquête des biens de l’Église détenus jusque-là par les laïcs. Pour Bernard de Castanet, l’unité du pouvoir et l’unité de la foi étaient le même combat, et à cette période il y a notamment la lutte contre les cathares. Il oeuvra alors pour le premier procès de l’Inquisition en 1286, où y parurent une dizaine d’accusés qui furent incriminés pour déviance religieuse et opposition politique. Puis, il y eut un deuxième procès afin de viser l’opposition urbaine. Cependant, en 1302, la papauté ouvre une enquête judiciaire sur l’implication de Bernard III de Castanet durant l’inquisition. Son abus de pouvoir l’amena à payer une amende et il finit par perdre son pouvoir épiscopal. Il déserta finalement la ville d’Albi en 1307 dû à de nombreux crimes réalisés durant l’Inquisition. Le début du XIVe siècle marque alors un léger déclin du pouvoir religieux à Albi.
À partir de la déchéance de Bernard III de Castanet, le palais de la Berbie va connaître une période fixe. Cette période commence dès la prise de fonctions par Bernard II des Bordes en 1308 et est caractérisée par le ralentissement des projets épiscopaux. Les projets épiscopaux peuvent être définis comme étant des modifications ou des réformes émanant d’un évêque et donc étroitement liés au catholicisme. Ce ralentissement est dû dans un premier temps à l’enchaînement de 6 évêques en l’espace de 30 ans, ne permettant pas ainsi au palais d’obtenir une continuité du pouvoir religieux. Cette situation ne va pas s’améliorant dans les années qui suivent, notamment à cause du contexte politique et sanitaire. En effet la guerre de cent-ans de 1337 à 1453, et l’épisode de la peste noire qui se déroule de 1346 à 1353, accentue le ralentissement des projets épiscopaux. Ces deux évènements majeurs du moyen-âge tardif vont même modifier le rôle du palais de la Berbie. En effet, la bâtisse ecclésiastique détient un rôle militaire majeur aux dépens de son pouvoir religieux durant ces conflits. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour que le palais retrouve sa prépondérance religieuse, et ce en partie grâce à Louis 1er d’Amboise.
Louis Ier d’Amboise est affecté à Albi en 1474 pour devenir l’évêque de cette ville, il a pour logement le palais de la Berbie. Il va rénover ce palais et retirer les défenses de ce dernier pour en faire une vraie demeure d’habitation. En 1480, une fois bien installé, il va entreprendre ses réformes religieuses en commençant par remplacer les chanoinesses par des clarisses, puis de 1492 à 1497, il va réformer les Dominicains d’Albi. L’évêque va ensuite révoquer les franciscains et à sa mort en 1503 il lègue sa place à son neveu Louis II d’Amboise. En 1507, Louis II d’Amboise va organiser les annonciades en mémoire à sainte Jeanne de France. À la mort de Louis II d’Amboise, les évêques se succèdent à Albi sans réforme religieuse particulière ni de changement au palais de la Berbie. Après cette succession d’évêques, le palais va connaître un rôle militaire important durant les guerres de religion de 1561 à 1598. On va donc voir apparaître quelques modifications notamment défensives pour être préparé à d’éventuelles attaques protestantes. Pour ce qui est des fortifications, le palais est détruit en 1598 pour marquer la paix civile entre les catholiques et les protestants à Albi et dans le Tarn. Cette destruction se fera sous les ordres d’Henri IV.
Malgré des périodes de troubles subis par le palais, ainsi qu’un ralentissement des projets épiscopaux, l’évolution du palais lui a permis de persister et de survivre au contexte difficile de l’époque. Cependant, il a tout de même été en partie détruit sur ordre d’Henri IV en 1598 afin d’obtenir la paix avec les protestants. Le palais de la Berbie, reste de nos jours, le symbole de l’ancienne puissance épiscopale qu’a vécu la ville d’Albi au Moyen Age.
Abadie Paul (L2) / Pamard Jules (L2) / Clara Gonzales (L1) / Cloe Jalby (L1)