Les personnalités marquantes du bassin houiller de Decazeville au XIXe siècle
Le duc Élie Decazes (1780-1860)
Le duc Élie Decazes est avant tout un homme politique français. En effet, il a notamment été ministre de l’Intérieur puis président du Conseil en 1819. Lorsque sa carrière politique prend fin avec l’arrivée au pouvoir des Ultras, il se dirige vers le secteur industriel. Il fonde alors en 1826 « la Compagnie des Houillères et Fonderies de l’Aveyron » grâce à sa fortune personnelle. Le duc Decazes donne son nom à ce grand centre sidérurgique aveyronnais, créant ainsi Decazeville.
Alfred Deseilligny (1828-1875)
Alfred Deseilligny est issu de la famille des Schneider du Creusot. Il sauve la Compagnie lorsqu’elle fait faillite en 1865. Il crée alors la « Société Nouvelle des Houillères et Fonderie de l’Aveyron » en 1868. Dans le cadre de son poste de directeur dans le bassin houiller de Decazeville (de 1868 à 1875), il redresse l’économie et mène une politique paternaliste. Il travaille à la sécurité des mines par exemple en limitant les incendies dans les galeries par l’obligation de combler les galeries exploitées. Il fait aussi construire un hôpital aux frais de la Compagnie. Par la suite, Deseilligny a été nommé plusieurs fois ministre de l’Industrie et du Commerce.
Jules Cayrade (1840-1886)
Jules Cayrade est issu d’une vieille famille bourgeoise de Livinhac-le-Haut. Ancien médecin de la Compagnie, il se présente aux élections municipales de 1878 contre le candidat de celle-ci. Son élection montre l’existence d’une communauté républicaine et laïque et marque une rupture par rapport aux temps où la Compagnie dirigeait la ville. Pendant son mandat (1878-1885), il permet un aménagement de la ville qui ne dépend alors plus des intérêts de la Compagnie. Pendant la grève de 1886, Cayrade s’est imposé en tant qu’interlocuteur naturel entre le patronat et les ouvriers bien que les syndicats s’approprient progressivement ce rôle par la suite.
Jules Watrin
Jules Watrin est originaire de Metz. Son poste à la Compagnie est celui d’ingénieur en chef des Forges et de directeur-adjoint. Peu apprécié par les ouvriers du fait de sa position hiérarchique, Watrin voit leur colère se diriger de plus en plus vers sa personne. Ces derniers le décrivent comme quelqu’un d’hautain et d’hypocrite. Ses origines l’éloignent d’autant plus des ouvriers puisqu’il ne parle pas le patois aveyronnais. En 1878, les salaires des ouvriers sont réduits de 10% et il apparait que Watrin prendrait 10% sur ces réductions. Ainsi, lorsque les ouvriers se mettent en grève en 1886, leur mécontentement s’oriente vers lui. Il est défenestré par les grévistes et meurt dans la nuit suivant sa chute.