Bastides et Castelnaux [2018]

Introduction

Possession Anglaise sur le continent
Possession Anglaise sur le continent fin XIIe siècle https://www.pinterest.fr/pin/652670170967912620/

Le Sud-ouest de la France est marqué par le développement de deux styles d’habitat de l’époque médiévale. Les castelnaux qui commencent à partir du Xe-XIe siècle et les bastides à partir du XIIIe siècle.
Cette période est marquée par des conflits entre trois entités. Tout d’abord, au nord le royaume des Francs dirigé par la dynastie des Capétiens, à l’Ouest le duché de Guyenne propriété des Plantagenêts, dynastie régnante en Angleterre et le comté de Toulouse avec à sa tête les comtes de Toulouse et leur puissant vassaux les Trencavels.
Ces tensions proviennent tout d’abord des conquêtes militaires avec la volonté de domination du royaume franc et du duché de Guyenne, mais aussi de divergence religieuse tel que le catharisme qui est condamné au concile de Latran III (1179 ap.n.e) qui entraîne la croisade des Albigeois et le traité de Meaux-Paris en 1229 ap.n.e.

Castelnaux:

Extrait du plan cadastral 1818 A3. – Séraphin, Gilles ; Scellès, Maurice, (c) Inventaire général Région Midi-Pyrénées ; (c) Conseil général du Lot

Les castelnaux correspondent à la réponse d’une forte augmentation démographique de la population durant le Xe siècle. Le castel ou castelnau (Castel novum en latin : ville neuve) est un des deux nouveaux modes d’habitats mis en place pour répondre à l’augmentation de la population. En effet, les deux instances majeures durant l’époque médiévale utilisent leurs influences afin de rallier la population à eux. Le castelnau est donc la création du village par le seigneur qui est collé au château de celui-ci tandis que l’Église va mettre en place le système de sauveté, où le village est implanté à côté d’un centre religieux. Le castel se forme donc sous l’ordre du seigneur autour de la motte castrale et le castelnau est organisé dans un ensemble fortifié. Cette logique d’habitat est implantée dans la féodalité médiévale. En effet, le rassemblement de la population sous l’influence permet un meilleur contrôle de celle-ci et aussi le moyen de concentrer les productions notamment agricoles. Les seigneurs mettent aussi en place la « milice castri » permettant à la cité fortifiée d’avoir une garnison.

Le castelnau permet au seigneur un contrôle économique important par la concentration de la population qui facilitera les taxations. De plus, les monopoles des ressources et des modes de production permet aussi au seigneur d’asseoir son pouvoir économique et ainsi de renforcer son rang d’influence, en rapport aux nombres de châteaux dominés.

Croisade des Albigeois

 

Atelier de Maître de Boucicaut (enlumineur) — Grandes Chroniques de France, BL Cotton MS Nero E II vers 1415

1139 ap.n.e, est une date clé pour la croisade des Albigeois, car elle est marquée par le concile de Latran qui désigne le catharisme comme religion hérétique.
La croisade évangélique débute en 1178 ap.n.e, mais la croisade militaire est engagée en 1209 ap.n.e, sous l’ordre du Pape Innocent III sous le commandement de Simon IV de Montfort.
Cette croisade est une tragédie pour le comté de Toulouse alors dirigé par Raymond VI puis Raymond VII son fils. Elle est considérée par les seigneurs locaux comme une conquête extérieure. En effet la phrase célèbre durant le massacre de Béziers en 1209 “Tuez les tous, dieux reconnaîtra les siens”, montre les dérives de cette croisade.
Cette action tout d’abord pontificale a par la suite un but politique qui aboutira à l’annexion du Comté de Toulouse en faveur du roi de France et à la main mise de l’Église sur les biens ecclésiastique de la région.

Traité de Meaux-Paris

Charte en latin de Raymond VII, comte de Toulouse, portant ratification du traité de Meaux-Paris. Paris le 12 avril 1229 – Archives Nationales

Le traité de Meaux Paris a eu pour principaux acteurs le comte de Toulouse Raimond VII, le roi de France Louis IX et le Pape Grégoire IX. Ce traité a pour objectif de rattacher l’Occitanie au reste du royaume, par différents moyens tels que l’alliance par le mariage entre Jeanne de Toulouse et Alphonse de Poitiers, mais aussi par différentes mesures très strictes envers le comte de Toulouse :

  • Détruire les châteaux de toutes les villes ayant résisté à la croisade.
  • Désarmement du Comté.
  • Obligation de porter la croix en  Terre Sainte pendant 5 ans .
  • Mariage de sa fille Joséphine de Toulouse à Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis (roi de France).

Cet épisode de l’histoire va marquer la fin de l’autonomie Occitanie et permettre à Louis IX d’agrandir son territoire et lui permettre de lutter plus activement contre le catharisme.

Bastides :

Plan cadastral, Lisle sur Tarn, section H. Archives départementale du Tarn. 1833

Le système des bastides est un nouveau style de construction ex nihilo. Ce type d’habitat se diffuse essentiellement dans le Sud de la France à partir des années 1220 et qui est une réponse au traité de Meaux-Paris. Ces constructions ne sont pas obligatoirement l’œuvre d’un souverain (église ou seigneur laïc) mais elles sont dictées par une charte qui approuve la construction d’une ville sur un territoire. La charte est aussi appelée contrat de paréage permettant de donner les droits qu’ils soient politiques ou civils, mais aussi le plan de construction et le statut de la ville.

Ces nouvelles villes sont novatrices et sont caractérisées par la volonté de mettre en avant l’économie. En effet, le centre urbain n’est plus représenté par le seigneur ni par les bâtiments ecclésiastiques, mais la place du marché devient le point majeur de la ville. De plus, toute la construction favorise le développement du commerce par la création de grandes rues dites charretières ou carreyras qui forme la forme unique des bastides avec le schéma orthogonal des rues principales qui partent toutes de la place. Avec cela, les rues secondaires permettent un passage pour une seule charrette en ralliant les carreyras entre elles sans passer par la place centrale. Les carreyrots quant à elles sont des rues piétonnes.
De plus, la place est équipée d’arcades couvertes ou d’une halle centrale permettant le commerce même par mauvais temps. Les bastides forment aussi une révolution juridique et sociale. La création du contrat ne met pas forcément un seigneur à la tête du village, mais très souvent un organisme villageois. En effet, la création des bastides voit le début de la municipalité qui est dirigé par un consulat qui administre la cité élu par suffrage. L’autorité seigneuriale n’est pas exclue, car le seigneur est représenté par le bayle. Il y a aussi le jurat qui représente la justice dans la ville. La fondation de la bastide voit aussi les premières traces d’égalité. Effectivement, la population se voit acquérir des parts égales de terre, mais aussi ont des droits égaux devant la justice qui devient plus rationnelle et juste. La construction des bastides va cependant s’arrêter à partir de la guerre de Cent Ans.

Les villes neuves a plan régulier, Centre d’étude des Bastides, Le livre blanc, 2007

La construction des bastides n’est pas faite au hasard. Premièrement, les premières bastides sont créées dans le Midi toulousain par la famille du comte de Toulouse et de Simon de Montfort pendant la croisade. Les constructions du Comte Raymond VII, se font sur les frontières avec la France ou encore la Guyenne afin de se protéger des intérêts des deux rois. De plus, les constructions se rassemblent à coté des routes commerciales et des chemins de pèlerinage, qui permet l’ancrage des bastides dans le territoire.

Pour aller plus loin :

Bibliographie

Sitographie

L2: Claire Médalle

L1: Grégory Da Cruz / Anthony Baud