La fondation de Cordes-sur-Ciel [2020]

Cordes-sur-Ciel a été fondée en 1222 par le comte de Toulouse Raymond VII.

Le village de Cordes-sur-ciel, sur le puech du Mordagne. Source : site officiel de Cordes-sur-ciel

Elle se trouve sur un emplacement où aucune ville n’avait encore été construite auparavant : le puech de Mordagne. C’est donc une ville nouvelle, c’est-à-dire qu’elle naît d’une volonté politique et qu’elle se situe sur un emplacement peu, voire pas habité du tout.

Le contexte de fondation de Cordes-sur-Ciel

La fondation de Cordes apparaît dans un contexte troublé, celui de la croisade contre les Albigeois, une dissidence du mouvement cathare. Prônant le retour aux évangiles, ils refusent l’autorité ecclésiastique et dépénalisent le rapport à l’argent, ce qui explique que les élites urbaines soient les plus touchées par cette hérésie. L’Église craint donc que son autorité spirituelle ne soit remise en cause. En 1208, Innocent III appelle à la croisade contre les hérétiques, suite au meurtre de son légat. Cependant, en usant de diplomatie, Raymond VI, comte de Toulouse, va dans un premier temps, rediriger la croisade des «Barons» vers les terres de son vassal et adversaire, Raimond-Roger de Trencavel. Béziers tombe et est pillée par les croisés en 1209. Par crainte des croisés, les villes d’Albi et de Castres se rallient à la croisade. En 1211, Raymond VI est à nouveau excommunié. Puis en 1213, la bataille de Muret, opposant le Roi d’Aragon et Raymond VI aux croisés, se solde par une débâcle totale des coalisés. Cela entraîne la prise de Toulouse, et le 30 novembre 1215, Raymond VI est déposé. En 1226, une nouvelle croisade est décidée, les albigeois s’y rallient. Le roi de France intervient, et cela devient une affaire territoriale suite à la capitulation d’Amaury de Montfort, ayant abandonné au roi ses droits sur le Languedoc. Ainsi, dès 1227, la plupart des villes du comté de Toulouse se sont soumises au roi, exceptée Toulouse qui cherche à conserver un avantage économique : les franchises. Le Tarn passe sous domination directe du roi de France, et perd son indépendance.

Raymond VII, comte de Toulouse, et la fondation de Cordes-sur-Ciel

Raymond VII, seconde son père Raymond VI, pendant la lutte contre les croisés à Toulouse et lui succède en 1222. Il devient alors à son tour comte. La même année, il fonde Cordes, accompagné de Sicard Alaman, son homme de confiance et conseiller général. De plus, durant de cette période, des tensions apparaissent entre Raymond VII et Louis IX. Ce conflit aboutit à la signature du Traité de Meaux en 1229, qui montre la capitulation de Raymond VII face au roi de France. Ainsi, Raymond VII doit jurer fidélité au roi, et lui faire de nombreuses concessions, comme la cession de territoires.

Chartes des coutumes de Cordes-sur-ciel, écrite le 4/11/1222. Source : Archives départemental du Tarn

La construction du village de Cordes était d’abord un enjeu stratégique pour Raymond VII. En effet, cette ville neuve est édifiée en altitude sur le « puech » de Mordagne, à la jonction du Quercy, de l’albigeois et du Rouergue. C’est donc un carrefour d’une grande importance à égale distance de Gaillac et Najac, et d’Albi et Saint-Antonin. De plus, Cordes est ce que l’on appelle un « castrum », c’est-à-dire, une construction située sur une motte de terre visant à protéger des territoires. Elle devient donc un nouveau chef-lieu militaire et administratif du comté. Cordes connaît aussi, dès sa fondation, un essor économique important, grâce à son commerce florissant. Sa population se constitue donc principalement de tisserands et de cordonniers dès le XIIIe siècle. Le village possède une charte de coutumes, constituée de 12 articles traitant du commerce et de la justice par exemple. Ainsi, l’objectif du comte par la fondation de Cordes est multiple, il souhaite contrôler et valoriser l’économie du territoire, mais aussi réédifier une place forte et déplacer le siège du pouvoir de Saint-Marcel, détruite, à Cordes.

L’architecture de Cordes, témoin de sa puissance

La ville de Cordes-sur-Ciel se voit doter de nombreux éléments architecturaux qui mettent en valeur sa puissance. En effet, Cordes étant un fort villageois, elle se définit comme une ville défensive. Elle compte cinq enceintes concentriques, les premières construites sous Raymond VII,  qui devaient protéger la population de 5000 habitants, des attaques ennemies. De plus, l’architecture unique de Cordes est un témoin de la richesse qu’elle a connu pendant son âge d’or. En effet, grâce au développement du commerce et de l’artisanat, de nombreuses familles ont pu prospérer, et construire des demeures qui témoignent de leur puissance et de leur influence.

La maison du Grand veneur à Cordes-sur-Ciel. Source : Photographie personnelle

Elles sont composées d’une cour intérieure, de façade de pierre et d’un riche décor, élément ostentatoire de leur richesse. On retrouve ces éléments dans une maison, celle du Grand veneur, construite vers 1291. De style gothique, composée d’un rez-de-chaussée où se trouvait la boutique et de trois étages, sa façade est constituée de sculptures qui représentent des scènes de chasse.

Pour aller plus loin : Bibliographie

Lehy Madeline (L2), Gaillardin Julie (L2), Farenc Léo (L1), Valles-Parlangeau Gauthier (L1)