L’Abbaye de de Loc-Dieu à Martiel [2020]

L’Abbaye de de Loc-Dieu à Martiel (12200)

A la fin du XIe siècle, l’ordre monastique de Cîteaux ou Ordre Cistercien est fondé par le moine Robert de Molesme qui décide de revenir à la règle stricte de Saint-Benoît, après des siècles de dérives de l’ordre clunisien.

L’abbaye fortifiée de Loc-Dieu est le fruit de moines arrivés en 1124 en actuel Ouest-Aveyron, sur la commune de Martiel (12200). Monastère fils de l’abbaye de Dalon, elle devient abbaye fille de l’ordre de Cîteau en 1165. Placée dans un bois, à la limite du Quercy, selon les idéaux cisterciens, l’abbaye est reculée et isolée du monde extérieur.

L’abbaye première, largement construite en bois, se trouve entre les terres du domaine du roi de France et celles du roi d’Angleterre. Elle est mise à sac et brûlée par les Anglais en 1409 dans le cadre de la guerre de Cent-ans. L’abbaye est péniblement rebâtie au XVe siècle à la manière d’une forteresse pour se prémunir d’une potentielle nouvelle attaque. Comme les cisterciens ne sont pas un ordre guerrier, tout n’est que trompe l’œil. Les moines de Loc-Dieu n’hésitent pas à adapter la vision cistercienne pour pérenniser l’ordre.

I- Une première Abbaye Cistercienne ( 1124 – 1409 ) : Retour à la règle de Saint-Benoît

BEDU Antoine
Façade Sud de L’Abbaye de Loc-Dieu (Juin 2019).

Le lieu choisi pour la fondation de l’abbaye fait partie du causse de Limogne en Quercy, qui est géologiquement remarquable. Une poche d’argile donne l’accès à l’eau. L’eau est importante dans la liturgie cistercienne.

Roger, deuxième Abbé de Dalon en Limousin, envoie treize moines en Rouergue pour fonder en 1123 la première abbaye de Loc-Dieu. Diverses légendes accompagnent la fondation.

Le moine cistercien est un moine Catholique. Le moine cistercien prône la pauvreté, le travail manuel et une vie collective réduite au plus sévère selon une volonté de revenir à la rigueur de la règle originelle des bénédictins.

Le 21 mars 1123, Ardouin de Parisot fait aux frères de Loc-Dieu un don important qui l’a fait considérer comme le fondateur. L’évêque de Rodez, Adhémar III, leurs donne l’église et les dîmes de l’évêché de Colombiers. Ce furent ensuite des seigneurs du Rouergue qui concèdent à l’abbaye des rentes et des terres.

II- Une Abbaye forteresse ( 1409 – mi XVIe ) : Mutation cistercienne au profit de l’architecture

BEDU Antoine
Cloître de l’Abbaye de Loc-Dieu (Juin 2019).

Les abbayes cisterciennes se distinguent architecturalement par la simplicité et la sobriété de l’architecture et des ornements. En 1134, le Chapitre général prescrit une série de mesures les abbayes ne devant recevoir aucun décor sculpté. L’architecture Cistercienne du XIIe siècle rejette la richesse, le luxe et l’opulence de toute sorte. Si l’on peut qualifier l’église Notre-Dame de Loc-Dieu de cistercienne, c’est bien par le dépouillement extérieur de ses murs. De style majoritairement roman à la base, elle reste particulière par ses origines bourguignones et les premiers signes gothiques languedocien apparaissent dans la structure générale. Autrement appelée gothique « méridional », ce « gothique du Midi occidental » s’étend sur une zone correspondant au grand Languedoc.

Le Rouergue est dévasté durant la guerre de Cent Ans et Loc-Dieu est incendié. L’immense abbatiale et la salle capitulaire sont intactes. Avec difficulté, le monastère reconstruit les bâtiments monastiques. Le style du cloître y est dépouillé et massif, conformément à l’esprit cistercien. Aujourd’hui, il ne reste plus que trois ailes suite à des rénovations du XIXe.

III- La Reconstruction ( mi XVIe – 1789 ) : Le retour aux sources de l’ordre cistercien

BEDU Antoine
Vue intérieure de Notre-Dame de Loc-Dieu (Juin 2019).

On constate que le monachisme évolue à partir du XVIe siècle. Le retour à la règle de 534 voulue par Robert de Molesme est progressivement adaptée et assouplie au fil des générations d’abbés à la tête des abbayes cisterciennes. Depuis le XVIe siècle, et l’application progressive des dogmes du Concile de Trente au Royaume de France pour répondre à la Réforme Protestante, l’organisation monastique est modifiée. Le roi de France impose aux abbayes un abbé dit commendataire, qui n’est pas un chef religieux pour les moines qui continuent à élire un prieur qui a rang d’abbé. Les abbés commendataires, souvent évêques, n’ont d’autre but que de trouver des sources de financement que le roi n’a pas.

Le monachisme est ébranlé en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les vocations se font rares et l’engouement pour un monachisme austère a fait place à l’adoption d’une vie monastique beaucoup moins exigeante, en cause à la pensée des Lumières chez les élites. A la veille de la Révolution , l’abbaye ne compte plus que 3 moines. En février 1790, l’Assemblée nationale française vote la suppression de l’ordre pour motif d’inutilité. L’abbaye est vendue aux enchères comme tous les biens d’Église avec l’intégralité de son domaine.

À la veille de la Révolution française, de par le déclin du monachisme cistercien en France dû principalement à la commende, par les querelles internes à l’Ordre et l’évolution de la Pensée rationnelle du XVIIe – XVIIIe siècle, l’édifice perd en influence et finit par être vendu en tant que bien national.

Pour aller plus loin :

Bibliographie

Site référent de l’ abbaye de Loc-Dieu

Étudiants : BEDU Antoine (L2), BERGESIO Lino (L1)