En 1147 l’abbaye de Bonneval est fondée par les Cisterciens, à la demande de Guillaume de Calmont d’Olt, évêque de Cahors. Cet ordre est initié par Robert de Molesme, qui a proposé de réformer l’ordre bénédictin dans son abbaye à Cîteaux en 1098. L’ordre des cisterciens devient puissant les années suivantes et les fondations, comme celle de Bonneval, se succèdent. Ainsi 7 moines cisterciens viennent s’installer dans la nouvelle abbaye au cœur de la vallée de Bonneval dans le nord de l’Aveyron, anciennement nommé le Rouergue, sur la commune actuelle du Cayrol.
L’expansion de l’abbaye (XII-XIIIe s.)
L’abbaye de Bonneval connait dès sa fondation un fort développement. D’abord, comme la plupart des fondations cisterciennes, celle-ci étend le nombre de biens en sa possession. La réputation de l’abbaye attire à elle de riches et nombreux donateurs et donatrices et devient la plus riche de la région. De nombreuses granges (Ensembles fortifiés et leur domaine) se voient ainsi rattachées à ses terres. L’abbaye en comptera 12 au XIIIème siècle. Des moines y vivent quotidiennement et font cultiver les terres par de nombreux paysans. Ils deviennent ainsi des seigneurs puissants, à la tête de nombreuses terres agricoles cultivées. Ainsi, l’abbaye s’enrichit et gagne en notoriété : les nombreuses familles nobles qui font partie des donateurs demandent par exemple à se faire enterrer sur le domaine de l’abbaye.
L’abbaye de Bonneval prospère ; alors que les membres fondateurs étaient au nombre de sept au milieu du XIIe siècle, on compte près de 450 moines à la fin XIIIe siècle.
Les ravages de la guerre et la fortification de l’abbaye (XIV-XVe s.)
Le Rouergue, et donc l’abbaye et ses terres, fait partie des zones durement touchées par les combats de la guerre de Cent Ans. C’est dans ce contexte qu’en 1374 et en 1376, alors que la région est détruite par les nombreux affrontements avec l’armée anglaise, que l’abbaye est pillée et, plusieurs moines chassés ou tués. Pourtant, malgré ces attaques, la communauté survit.
Ces épisodes donnent lieu à la fortification du monastère. Fin XIVème siècle, des murs de 15 à 18 mètres de haut et de 1.50 à 1.80 mètres d’épaisseur sont érigés et deux grandes tours voient le jour sur les « remparts » de l’abbaye.
Il en va de même pour les granges qui se voient toutes munies d’au moins une tour de défense. Comme par exemple celle de La Vayssière où est édifiée fin XIVème siècle une tour-grenier de 20 mètres de haut sur 12 mètres de large ou encore plus tardivement à Espalion dont l’édification de sa Tour de Masse date du milieu du XVème siècle. Equipée d’un chemin de ronde et d’échauguettes, celle-ci offrait à la fois un abri et moyen de défense en temps de guerre mais permettait également de stocker les réserves de blé des champs alentour.
Le déclin de la communauté (XVI-XVIIIe s.)
À partir du XVIe Siècle, l’ordre cistercien perd de sa puissance au sein du royaume de France pour deux raisons. D’une part, le Concile de Trente de 1545 visant à contrer la Réforme Protestante, met en place de nouvelles règles, plus strictes, qui ne font pas l’unanimité et compliquent le recrutement de nouveaux moines. D’autre part, les rois de France contrôlent depuis 1516 la nomination des évêques ce qui leur permet de garder un certain contrôle sur l’église et ses biens.
Dans ce contexte, l’abbaye voit aussi sa puissance redimensionnée. Celle-ci est placée sous la direction d’abbés commendataires depuis 1473. Les conflits et guerres de religion ont grandement affaibli la communauté et le manque de postulants empêche un renouvellement de celle-ci. Ainsi le nombre de moine diminue fortement.
La période de la Révolution voit la fin du fonctionnement de l’abbaye. Durant cette période, les rentes et perceptions de dîmes de l’abbaye cessent ce qui remet en cause tout son fonctionnement.
En 1790 dans un contexte de réforme profonde et de mesures prises contre l’église et ses biens, l’Assemblée nationale vote la suppression de l’ordre cistercien. Un an plus tard, les 13 moines restant au sein de l’abbaye sont chassés. Le domaine est quant à lui divisé en lots et vendu en tant que bien national. De nombreuses destructions matérielles sont opérées dans l’abbaye. Il faut enfin attendre 1875 pour que l’édifice soit de nouveau habité. À cette date, c’est une communauté de moniales qui entreprend de reconstruire une organisation communautaire sur le site.
Pour aller plus loin :
-Auvity, F. (1947). Notre-Dame de Bonneval : huit siècles de vie cistercienne. ÉDITIONS CARRERE.
-Besombes, A. (2020). Présence cistercienne de gascogne et languedoc. ÉDITIONS LOUBATIERES.
-Bras, A. (2008). Bonneval, une abbaye cistercienne en Rouergue. ÉDITIONS PRIVAT.
-Costes, M. (1952). Le Cayrol, le pays, les institutions, l’abbaye de Bonneval. ÉDITIONS DE LA CITÉ.
-Lantier, M. (1983). Qu’est-ce qu’une abbaye ? ÉDITIONS CAEN.
-Moulin, L. (1990). La Vie quotidienne des religieux au Moyen Âge Xe-XVe siècle. ÉDITIONS HACHETTE LITT.
-Verdon, J. (2015). La vie quotidienne au moyen âge. ÉDITIONS PERRIN.
Site référent de l’abbaye Notre-Dame-de-Bonneval.
Auteur·e·s : CAILLON Amandine (L2), CALMEAU Quentin (L2), KAOUARI Sahra (L1), BOUTES Sebastien (L1)