Le centre hospitalier Sainte-Marie de Rodez [2017]

Centre hospitalier Sainte Marie de Rodez reflet de l’évolution de l’architecture médicale (1830-1930)

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir apparaître des asiles. Les méthodes thérapeutiques y étaient violentes : isolement, saignées, provoquant parfois la mort et souvent un état de choc chez les patients. Les choix thérapeutiques évoluent cependant. Jean Martin Charcot prouve le lien de l’hypnose avec l’hystérie. Sigmund Freud, lui, en faisant parler les personnes crée la psychanalyse, mode d’exploration de l’inconscient  qui devient une technique thérapeutique. Cette spécialisation de la médecine asilaire force les architectes à s’engager vers une architecture spécifique, dégagée de la religion, des monastères et des prisons. A Rodez ces changements sont visibles par le transfert de l’hôpital rue Paraire sur le site de Cayssiols. A l’origine, le bâtiment est religieux. C’est pour cette raison que l’architecture de l’hôpital Sainte-Marie de Rodez est inspirée de celle des couvents. Pour le deuxième hôpital, on ne parle plus d’architecture conventuelle. Cette architecture se préoccupe de la psychologie des patients avec des proportions harmonieuses, des volumes épurés, des décors sculptés pensés pour perturber le moins possible les aliénés, proximité de la nature et vue aérienne dégagée. La capacité d’accueil de l’hôpital Sainte-Marie se trouvant rapidement insuffisante et les locaux devenant vétustes, le département envisage l’édification d’un nouvel asile en 1929. Il ne reste aujourd’hui, rien de l’ancien asile, mis à part la chapelle Paraire.

Photographie de la chapelle de Paraire de nos jours

La première moitié du XXe siècle est, pour la psychiatrie, une période de transition et de contraste. En 1930 on assiste à l’apparition des thérapies de choc (électrochocs, insulinothérapie etc.) contestées.  L’artiste Antonin Artaud, interné à l’hôpital Sainte-Marie de Rodez, qui les a subies et ne les a pas supportées. Puis en 1950 la psychiatrie institutionnelle (qui met l’accent sur la dynamique de groupe et la relation entre soignants et soignés) et la psychanalyse sont apparues timidement dans les hôpitaux. Les premiers psychotropes efficaces se sont développés  entre 1950 et 1970. De 1970 à nos jours les médecins utilisent des neuroleptiques, ce sont des médicaments prescrits en cas de psychose (telle que la schizophrénie) et c’est aussi la période ou les psychotropes sont améliorés (diminution des effets secondaires).

Ces évolutions ont des répercussions sur l’architecture médicale. L’asile ruthénois est transféré à Cayssiols plus spacieux. Un soin particulier a été apporté à l’architecture, au décor et à tout ce qui peut perturber les patients : le bruit (stress), la lumière (moral), la vue (une vue sur un parking est plus déprimante qu’une vue sur un parc).  Les architectes essayent donc d’éloigner les chambres des patients des espaces d’activités, de veiller à ce que les chambres soient exposées à la lumière du soleil avec de grandes ouvertures. A hôpital de Druelle, la salle de restauration est couronnée d’une rotonde en verre qui permet de faire entrer la lumière.

 Salle de restauration de l’hôpital de Cayssiol