Le château de Miglos
Miglos est une commune d’Ariège située dans la vaste vallée de Vicdessos, à proximité de Niaux. Il s’agit d’une commune que certains documents mentionnent dès le Xe siècle.
La commune de Miglos est notamment connue pour son château installé du haut d’un promontoire des Pyrénées. Nous ignorons encore aujourd’hui la date exacte de la construction de ce château, mais nous pouvons l’estimer au XIIe siècle…
Les barons de Miglos : une illustration de la société Féodale et de l’Ancien Régime
A la base, la commune fut une seigneurie dont la famille Miglos en fut la plus illustre. Elle a régné sur le domaine de Miglos du début du XIIe siècle jusqu’en 1310, date à laquelle le titre de baron leur est confisqué par le comte de Foix. Le manque de sources nous empêche de savoir comment est apparue la seigneurie. Mais il semblerait qu’à cette époque, il n’y avait qu’une seule famille pour exercer une domination financière sur les autres. C’est ce qui leur a permis de s’élever au titre de seigneur dans une société féodale en plein développement.
Vers 1310, la famille « de Miglos » perdait son titre de seigneurie, celle-ci leur a été confisqué par le comte de Foix, Gaston Ier, pour montrer aux yeux de l’église qu’il lutte contre l’hérésie cathare (grandement présente dans le comté de Foix au XIIIe siècle). Cette confiscation est due à l’hérésie du seigneur Arnaud de Miglos (seigneur de Miglos de 1210 à 1250). Le comte de Foix va par ailleurs donner la seigneurie de Miglos à la famille de Sons en échange de leur terre dans le Donnezan qu’il convoitait depuis un certain temps.
La famille de Sons ne régna que pendant 30 ans avant de laisser sa place à Jourdain de Rabat. Au total, 6 familles de seigneurs, puis de barons vont se succéder entre 1310 et 1599 : De Sons, Rabat, Arnave, Béon, Louvie et De Goth. La plupart des familles ont d’ailleurs pris la tête du domaine en épousant des filles de seigneurs, comme par exemple Manaud de Louvie qui devint le seigneur de Miglos en 1450, après avoir épousé Marguerite de Béon, la fille unique de Guilhem de Béon. Par ailleurs, ce dernier est le premier baron de Miglos mentionné pour la première fois en 1410 dans une source en temps que baron et non en temps que seigneur. La seigneurie de Miglos devint alors une baronnie.
En 1599, Charles de Miglos rachète la baronnie à Catherine de Goth. Son neveu, Pierre de Miglos, qui lui succède en 1606, devint également le seigneur de Junac depuis la mort de son père. Dès lors, la seigneurie de Junac et la baronnie de Miglos sont dirigées par le baron de Miglos. En 1646, la baronnie de Miglos et la seigneurie de Junac furent en possession de la famille Montaud, avec Louis-Alexandre de Montaud. Cette famille, dont le siège est détenu par celle des Rabat, obtient la baronnie grâce à des mariages avec les descendantes de Marguerite de Miglos, la soeur de Charles de Miglos. La commune de Rabat est ainsi rattachée au domaine des barons de Miglos en 1733. Entre temps, la seigneurie de Junac est élevée en Maquisard à une date qui nous est inconnue. Ainsi, le dernier baron de Miglos Jean-Louis de Miglos se nommait “baron de Miglos, marquis de Junac et seigneur de Labat”. Ce dernier perdra ses titres après l’incendie du château en 1792 à la suite d’une révolte des paysans.
Généalogie des Barons de Miglos (de 1599 à 1792)
Les relations du château avec son entourage dans le Comté de Foix
Qu’ils s’agissent des miglosiens (habitants de Miglos), des villages voisins, ou encore du comte de Foix… Le château de Miglos entretient des rapports divergents, parfois ambigus avec le monde qui l’entoure (avec les villageois, le château a longtemps entretenu une relation plutôt autoritaire sur ses habitants).
Certaines sources historiographiques mentionnent des réglementations municipales portées par le syndicat (arrêté syndical de 1785) mentionnent que des sanctions pouvaient être attribuées en cas de désobéissance, dont des peines d’emprisonnement au château.
Sachant qu’à sa construction, le château était un élément de la propriété seigneuriale, il devient, aux yeux des miglosiens du XVIIIe siècle, une prison (cela justifie sûrement l’incendie causés par les paysans à la Révolution).
Parmi les contrées voisines du village de Miglos figurent les seigneuries de Junac, Gestiès et Château-Verdun. Au cours de son histoire, le château a entretenu des relations divergentes avec ses voisins. Par exemple avec Château-Verdun et Gestiès où il y eu de nombreux échanges sur le « droit de pâturage », il y avait des relations pacifiques entre villages voisins.
Cependant, certaines de nos sources mentionnent des procès au Parlement de Toulouse, par exemple avec Gestiès à propos de pâturages illégaux, mais surtout avec Junac où Miglos connu de longs conflits juridiques avec son ennemi de longue date. En effet, à partir du XVIIe siècle, la seigneurie (jadis indépendante) de Junac passa sous l’autorité de Miglos et cette dernière bénéficiait donc de la moitié du taille payé par Junac.
Enfin, pour que le château de Miglos puisse bénéficier d’une seigneurie, il faut qu’il ait de bonnes relations avec le comte de Foix… Ce fut le cas en 1162, un document à cette date nous indique qu’il eu un mariage entre Guilhem Arnaud de Marquefave et la fille du comte de Foix, dont le témoin fût Pierre de Miglos, le seigneur de Miglos.
Le château de Miglos : entre stratégie et symbole de puissance
Le château se trouve à l’entrée d’une vaste vallée dans lequel se trouve la commune de Miglos. Selon Florence Guillot, le château fut construit par la famille Miglos qui voyait un moyen de montrer sa domination sur la communauté. La vallée devait être défendue car elle permettait à la fois d’avoir une ouverture sur Tarascon-sur-Ariège (qui offre un chemin en direction de l’Andorre et vers Foix) mais aussi une ouverture sur le Couserans via le Port de l’Hers. Le château se situ sur un promontoire, le faisant culminer à 750m d’altitude. Cette plateforme mesure environ 100 m de long sur 25 à 30 m de large. Les vestiges, qui sont encore visibles aujourd’hui, datent du XIVe siècle, il s’agit d’une restauration du château par Bernard de Son en 1320. Cette modernisation architecturale est notamment caractérisée par sa géométrie carrée. Il y a une vaste basse-cour couvrant la surface de la plateforme.
Enfin, il y avait une cour intérieure (haute-cours), séparant l’habitation seigneuriale et les dépendances, au Sud et Sud-Ouest. Une autre salle pouvant servir de pièce à vivre ou de cuisine possédait une large cheminée.
La demeure seigneuriale, cœur du château, est sensiblement carrée avec 24 m de côté en moyenne, pour une superficie d’environ 600 m². Elle est composée d’un donjon carré se situant à l’Est. Il atteignait une hauteur de 20 m et ses fonctions sont purement militaire. Il est à noter qu’il ne possédait ni voûte ni escalier. Une autre tour s’élevait à environ 15 m et tout comme le donjon, avait comme fonction principale une fonction militaire. Il y avait une grande salle de 15 m de long, possédant cinq meurtrières obliques, orientées sur l’axe Arquizat-Baychon, côté Levant. Les deux tours étaient couronnées de créneaux droits sans mâchicoulis. Sa structure castrale est une représentation des châteaux de seigneurs du XIII siècle, la motte castrale, sa seule particularité est le donjon qui ne possède pas d’escalier permettant de passer du rez de chaussée au premier étage.
Plusieurs autres représentations en 3D du château réalisées par Laurent Chanal sont visibles : https://www.youtube.com/watch?v=po1HaJqPUHE
Fondée en 1987, l’A.A.C.M (Association des Amis du Château de Miglos) a toujours eu pour objectif de faire connaître, sensibiliser et de sauvegarder les ruines du Château féodal. Depuis sa création, l’association a non seulement permit de rassembler plusieurs habitants de Miglos avec ceux de la vallée de Vicdessos (en comptant désormais près de 160 adhérents dans l’association), mais en plus, elle a permit l’organisation d’événements festifs et culturels comme les veillées au pied du château accompagnés de chants traditionnels et de contes pyrénéens.
Travaux de Morgan Garrau (L2), Loïc Cevenes (L2), Thomas Marty (L1) et Henri Darbas (L1).