Les hôtels particuliers albigeois du XIIe siècle à nos jours [2020]

Le Tarn a connu durant des siècles de nombreuses mutations que ce soit architecturalement, économiquement ou politiquement. La ville d’Albi n’échappe pas à cette règle et connaît de nombreuses transformations durant les différentes périodes historiques.

Ainsi, nous allons nous intéresser aux hôtels particuliers de la cité épiscopale du milieu du XIIe siècle jusqu’à nos jours.

Un hôtel particulier est une habitation luxueuse, habitée par une seule famille. Le but de ce genre d’habitation est de montrer sa puissance et sa richesse.

Albi compte de très nombreux hôtels particuliers (une vingtaine), ce qui en fait le premier pourvoyeur d’hôtels dans le Tarn.

Ces nombreux hôtels particuliers sont-ils un véritable symbole de la puissance et de l’évolution d’Albi ?

Pour répondre à cette problématique, nous avons axé nos recherches sur le contexte économique d’Albi au cours du XIIe siècle avec l’apparition du premier hôtel particulier, puis du renouveau albigeois jusqu’à la période moderne, enfin, les nouvelles fonctions des hôtels après cette époque.

Tout d’abord, la ville connaît au XIIe siècle un changement, en effet l’économie albigeoise permet un accès simple à la bourgeoisie. Pour devenir habitant à proprement parler d’Albi, il suffit de payer des impôts communaux. Nous pouvons constater qu’à cette époque, il n’y a qu’un pas entre habitant et bourgeois.

Une augmentation démographique est également à noter grâce aux nouvelles fonctions de l’agriculture et à l’adoucissement du climat.

Comme il y a une population plus importante, il faut construire rapidement de nouveaux habitats et si possible pour moins cher car la pierre albigeoise est de mauvaise qualité. L’argile se développe.

Le premier hôtel particulier est construit au milieu du XIIe siècle, il s’agit de l’Hôtel Fenasse.

Ci-dessous, la voûte romane symbole de l’architecture de l’époque sur la façade de le rue Saint-Étienne.

Hôtel Fenasse. Photo de Jean-Christophe Benoist.

L’architecture et la monumentalité de cet hôtel reflètent donc la puissance de la famille Fenasse, c’est lorsque Guilhem Fenasse en est propriétaire, que l’hôtel est le plus somptueux. En effet, il est l’homme le plus riche de la ville à la fin du XIIIe siècle.

Or, la famille Fenasse est une famille cathare. C’est ainsi qu’en 1300, Guilhem Fenasse est arrêté et jugé pour son catharisme.

Son hôtel est donc confisqué puis confié à un des frères de l’évêque Béraud de Fargues (qui est le neveu du pape Clément V).

Il faut souligner le fait que les nouveaux « nobles » marchands ne fusionnent aucunement avec l’ancienne noblesse, cette nouvelle couche sociale continue de travailler et de négocier.

Ils voyagent beaucoup en Italie, ce qui leur permet d’importer la Renaissance italienne dans la ville. Elle se diffuse à travers le style et l’architecture de ces nouveaux hôtels.

La menace d’incendie devenant récurrente, les autorités du royaume prennent des mesures radicales. En 1669, Colbert, contrôleur général des finances sous Louis XIV impose une ordonnance : il faut recouvrir toutes les façades d’un crépi pour limiter les risques d’incendie. De ce fait, certains hôtels à Albi sont bâtis totalement en brique. C’est le cas de l’Hôtel Saint-Hippolyte, l’entrée de cet hôtel se fait par un portail de style Louis XIII. D’ailleurs, ce n’est pas le seul hôtel qui se dote de ce style d’entrée, l’Hôtel Reynès également. (Ci–dessous)

Hôtel Reynès. Photo de Antoine Meissonnier.

En plus d’un changement architectural, la décoration intérieure change. Ces changements s’observent tout d’abord au niveau des escaliers. Au début de l’époque moderne, les escaliers sont le plus souvent à vis en pierre ou en bois. Nous retrouvons ce type d’escalier notamment dans l’Hôtel Reynes.  Néanmoins, au XVIIe siècle, les escaliers s’élargissent et se dotent d’un balustre avec la domination du classicisme.

Nous pouvons également observer un changement au niveau des plafonds de certains hôtels. C’est le cas de l’Hôtel Saunal où, au 2ème étage, le plafond est recouvert de peintures datant du XVIe siècle.

Aujourd’hui, ces hôtels particuliers ont de nouvelles fonctions. Pour commencer, voyons les fonctions politiques et administratives de ces hôtels.

Certains de ces hôtels occupent des fonctions politiques, par exemple l’Hôtel Saint-Hippolyte qui abrite la mairie. Nous pouvons également citer l’Hôtel de Boyer, qui depuis sa réhabilitation, est la nouvelle préfecture.

De plus, ces hôtels sont encore aujourd’hui des symboles du patrimoine albigeois et attirent par conséquent de nombreux touristes venant admirer leur architecture si particulière. Ainsi, certains hôtels peuvent être visités comme l’Hôtel de Gorsse.

D’autres hôtels sont transformés en musées, comme l’Hôtel de Saunal, et d’autres encore abritent des boutiques ou des magasins, comme la maison Enjalbert qui abrite une boutique à son rez-de-chaussée. (Ci–dessous).

Maison Enjalbert. Photo de ByacC.

Nous avons vu que la mise en place de ces hôtels fut longue, mais grâce aux différentes améliorations, les riches propriétaires ont toujours su se renouveler pour améliorer leurs demeures.

Maintenant, ce sont des lieux touristiques. Comme nous l’avons vu avec l’hôtel Reynès, classé monument historique Français depuis 1875. Ce sont aussi des lieux d’habitations collectifs, exemple de l’Hôtel du Castelnau qui abrite des HLM de nos jours.

Pour conclure, les hôtels particuliers sont donc un symbole de la puissance albigeoise mais également une preuve que la cité épiscopale a réussi à passer les différentes époques en sachant se renouveler pour garder un statut de ville historique et symbolique.

Bibliographie 

Étudiants : ROQUES Lucas (L2), SOUSTELLE Lucas (L2), LAVOIX Quentin (L1), ORTHLIEB Thomas (L1)