Les sites Magdaléniens et Aziliens : étude de deux cultures préhistoriques à l’échelle régionale [2017]

La datation de cet article B.P. signifie « Before Present » soit « avant le présent » (fixé arbitrairement à 1950) afin de suivre la chronologie de la préhistoire…

Le Paléolithique supérieur est une période de la préhistoire se situant entre 45 000 et 10 000 avant le présent. C’est durant cette période que les premiers Homos Sapiens arrivent sur le continent européen. La culture magdalénienne (17 000 à 10 000 B.P. ) se développe de la péninsule ibérique jusqu’à l’Europe centrale dans une Europe radicalement différente de celle que nous connaissons. Ils ont laissé de nombreuses traces d’activités dans des sites préhistoriques en Ariège comme dans la grotte de Niaux ou la grotte de la Vache. Cette période est essentiellement marquée par le dernier âge glaciaire qu’a connu notre monde (glaciation de Würm). En parallèle, la culture azilienne (12 000  à 8 000 B.P.) est une culture préhistorique probablement apparentée aux Magdaléniens et à certains groupes d’Orient. Ils ont développé des spécificités locales là où leur culture est la plus présente, c’est-à-dire la grotte du Mas-d’Azil (Ariège) et ses alentours. Les Aziliens ont subi des mutations, dans leur mode de vie entre autres à cause de la fin de l’âge glaciaire (12 000 B.P).

Durant l’âge glaciaire, l’Ariège avait un climat proche de la Norvège actuelle en plus rude. Des landes et des forêts de pins recouvraient la région. Les Magdaléniens vivaient essentiellement de la chasse qui leur permettaient de subsister. C’est un mode de vie de nomade, où suivre les troupeaux rythme les déplacements de ces populations. Les animaux qui furent présents dans la région sont le bœuf musqué, le mammouth ou le renne. Ce dernier constituait le bétail le plus chassé pour sa viande, sa peau ainsi que les matériaux durs pouvant être travaillés. Les Magdaléniens vivaient dans des communautés, probablement des chefferies, de 15 à 80 individus.

Chaque groupe étant interconnecté, ils procédaient à des trocs commerciaux. Leurs habitats étaient des tentes faites de peaux animales tout comme leurs vêtements. Au centre de cette tente, se trouvait le foyer, qui avait pour fonction de réchauffer le groupe et de cuire la viande. On peut distinguer très clairement sur les sites magdaléniens une zone de couche, ainsi qu’une zone réservée au découpage de la viande et au tannage de peaux. C’est à l’extérieur de cet habitat, que les artisans confectionnaient leurs outils.

Le matériau essentiel à la fabrication de leurs outils est le silex. Les lames de silex pouvaient être utilisées pour couper la viande, racler les peaux, ou en pointe de flèche. Les magdaléniens utilisaient aussi des matières animales pour confectionner des outils. Ils se servaient principalement d’os, de bois de renne et d’ivoire de mammouth. Le propulseur était la principale arme de chasse de ces nomades.

L’art pariétal est la trace la plus frappante que les Magdaléniens ont laissée en Ariège. La grotte de Niaux nous a fourni de nombreuses informations concernant cette forme artistique. La peinture fut réalisée à l’aide de graisse animale, d’ocre (pour le rouge) et de poudre de charbon de bois (pour le noir). Elle est appliquée sur les parois avec les doigts ou des pinceaux en crins d’animaux. Les peintures sont différenciées en deux catégories.

La première regroupe les peintures représentant des animaux en majorité imposant en taille. Les Magdaléniens utilisaient les reliefs des parois pour donner du volume aux peintures. Des peintures sont présentes jusque dans le fond de la grotte. La grotte de Niaux est exceptionnelle dans le fait qu’elle possède une peinture unique, une belette, seul animal de petite taille représenté dans une grotte. La seconde catégorie de peinture est celle des signes.

Les Magdaléniens avaient l’habitude de peindre des points et des traits abstraits à certains endroits de la grotte, soit de manière isolée soit pour remplir les peintures animales.

Les Aziliens quant à eux, vécurent après la glaciation au Mas-d’Azil. À cette époque, le climat de l’Ariège est tempéré. On y rencontre un gibier plus moderne, composé essentiellement de sangliers et de cerfs. Le mode de vie des Aziliens est marqué par un processus de sédentarisation partielle. Cette culture vit essentiellement de la chasse, la cueillette et la pêche. Les harpons en bois de cerf dentelé sont les objets d’artisanat les plus courants dans leur culture, ce qui nous indique que la pêche était leur principal moyen de subsistance. Le climat étant plus clément, la cueillette devient beaucoup plus courante que pour leurs prédécesseurs magdaléniens.

  Cependant, l’élément qui apporte le plus de changement à la culture azilienne est l’apparition de l’arc dans cette région. En effet, l’arc permet de changer radicalement les techniques de chasse. Les traces de leur campement à proximité de la grotte du Mas-d’Azil nous montrent que la culture azilienne ne s’est pas propagée à travers l’Europe et constitue donc un phénomène local. L’art pariétal présent à la grotte du Mas-d’Azil fut réalisé par les Magdaléniens. La seule forme d’art qui distingua les Aziliens fut un grand nombre de galets peints avec des signes (points ou formes géométriques) avec de la peinture similaire à celle utilisée par les Magdaléniens.

Pour aller plus loin :

Bon F., Préhistoire la fabrique de l’homme, Paris, Le Seuil, 2009

Mohen J.-P., Taborin Y., Les sociétés de la préhistoire, Paris, Hachette, 2009

Couraud C., L’art azilien : origine, survivance, Paris, CNRS edition, 1985