L’évolution cultuelle d’Albi et l’archéologie [2017]

Albi, au niveau cultuel, a connu une évolution semblable à celle du sud de la France. Les fouilles archéologiques menées dans cette ancienne cité épiscopale, sont diverses et les vestiges qu’il en sort le sont tout autant.

La compréhension des mythes celtes est assez difficile étant donné le peu de traces écrites que l’on retrouve à leur sujet et l’impossibilité fréquente de relier, de façon certaine, les vestiges et la religion. Cependant, les fouilles archéologiques récentes mettent à jour de plus en plus de documents et monuments antiques permettant de s’en faire une idée plus précise.

Ces fouilles suggèrent que la mythologie celtique s’établit dès l’époque hallstatienne  (entre 1000 et 500 av. J.C.) influencée par les idées méditerranéennes. Ces rites se développeront principalement en Gaule durant le second âge de fer et se perpétueront bien au-delà de la conquête romaine.

On sait alors aujourd’hui que la mythologie celte était caractérisée par un dieu Père et une déesse Mère. Celle-ci représente la terre génératrice et donne naissance aux hommes, aux animaux et aux plantes mais est aussi gardienne des morts et veille sur eux dans leur repos éternel. Elle est reconnue dans ses représentations antiques par le port d’un collier et d’une ceinture ornée. Plus tard, elle sera représentée comme une femme robuste coiffée d’un bandeau et d’un diadème bas, vêtue d’une tunique et d’un manteau, assise, les genoux écartés et les pieds rapprochés. Elle élève dans sa main droite une patère et tient avec sa main gauche les plis de sa robe où s’amoncellent des fruits mais peut être également accompagnée d’enfants, symbolisant donc la fécondité.

En 1858, on retrouve dans le quartier du Bout du Pont à Albi, une statuette celtique en grès avec un torque (Collier celte orné de deux épaisses boules aux extrémités) pouvant être une représentation de la déesse Mère.

Quant au culte romain, c’est une tout autre histoire. À partir du début du IIe siècle, les Romains partent à la conquête de la gaule cisalpine (Italie du Nord), puis, en 125 av. J.-C, de la gaule Transalpine (actuels Languedoc et Côte d’Azur).

À cette époque la religion romaine rassemble un ensemble de croyances et de rites naissant au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Dans les environs d’Albi en 1788, on a retrouvé une statuette en bronze représentant Sextus Pompée debout en Neptune.

La hauteur de la statue, 8, 70cm signifie qu’il doit s’agir d’une copie. Peut-être afin de diffuser le portrait de navarque sous forme de Kouros.

Sur le chantier de la Place Sainte-Claire, on a retrouvé un balsamaire bleuté ainsi que des fonds de patère. Mais également une patère avec les signatures « MA » dessus ainsi qu’une autre dans le Quartier de Patus Crémat, dans la rue de l’Ort en Salvy dans une tombe.

Le peuple ne suivait pas forcément la religion de l’Empire romain. En 1976, J. Lautier a trouvé des fosses et puits datés entre le Ier siècle avant J.-C et le Ier après J.-C. Une épée fut trouvée dont le fourreau s’orne d’un motif en bronze, un personnage hermaphrodite et d’un svastika composant la parade d’un Étrusque peut-être.

Pour terminer, parlons de la religion chrétienne. Dès le IIe siècle, la Gaule avait été gagnée par le christianisme qui s’était répandu au sein de petites communautés orientales de marchands. Des évêques sont attestés au IIIe siècle dans les cités de la vallée du Rhône et du littoral méditerranéen.

Premier évêque connu est Diogenianus, cité vers 409 dans un fragment de Paulin de Nole conservé par Grégoire de Tours.

On ne connaît aucun autre évêque au Ve siècle : de 484-505, Albi abrite l’exil de l’évêque Eugenius de Carthage. Pour le VIe siècle, les listes conciliaires fournissent les noms de Sabinus (Agde en 506), et d’Ambrosius (représenté à Orléans en 549), tandis que Grégoire de Tours évoque plusieurs fois Salvius (Saint-Salvy), ancien dignitaire devenu moine, puis reclus et enfin évêque de 574 à 584.

Desiderius de Cahors fait mention d’une basilica sancti Eugenii, c’est-à-dire d’une cathédrale en l’honneur d’Eugenius. Biget suppose, suite à l’étude des textes de Grégoire de Tours, qu’il s’agirait de l’endroit où repose Saint Armand et Eugenius, à 2 km à l’Est d’Albi. Par suite, en 878, le comte Raimondus parle de la Sancti Affricani, localisé désormais à l’actuelle Église Saint-Affric au nord-ouest de la ville, à laquelle serait rattaché un sanctuaire dont la basilica Saincti afrecani citée par Desiderius dans son legs.

L’Église épiscopale apparaît pour la première fois en 920, dans une donation à l’Église Sainte-mère Cécile. Quelques vestiges de l’édifice qui précéda la cathédrale actuelle (commencé en 1280) subsistent encore à une vingtaine de mètres au nord de celle-ci mais on ignore si cet emplacement était déjà celui de l’ecclésia primitive.

L’évolution cultuelle à Albi est semblable à celle du reste de la France.  En effet, malgré une religion prédominante dans un empire, les précédentes ne sont pas pour autant délaissées. Divers cultes se juxtaposent et font de cette ancienne cité épiscopale un centre interculturel.

Pour aller plus loin:

BIGET Jean, Histoire d’Albi, Édition Privat, Miliau, 2000.

BORGEAUD Philippe, Aux origines de l’histoire des religions, Édition du Seuil, Lonrai, 2010.

PECH Julien, Atlas archéologique d’Albi, Édition CDAT, Lavaur, 2014.

SABLAYROLLES Robert, guide archéologique de Midi-Pyrénées, Fédération Aquitania, bordeaux, 2010.

Étudiants :

BARTHUEL Maxime, BERNAT Maïlys, LLOBREGAT Neïs