Rocamadour du XIe au XVIe siècle. Entre culte, pèlerinage et miracles [2020]

Rocamadour du XIe au XVIe siècle : entre culte, pèlerinage et miracles

Rocamadour, photographie personnelle, novembre 2019

Rocamadour est une cité située dans le Sud-Ouest de la France dans l’actuel département du Lot, plus anciennement dans la province du Quercy.

La cité de Rocamadour est spéciale pour son culte marial (Notre-Dame de Rocamadour) ainsi que pour son importance dans le carrefour des pèlerinages mais également dans le grand nombre de miracles qui sont attribués à la Vierge. Ces trois éléments donnent à Rocamadour une dimension régionale de la foi Chrétienne.

Cet endroit était habité sans doute dès la Préhistoire comme en témoigne les nombreuses peintures dans la grotte des merveilles. Cependant le nom de Rocamadour remonte au Moyen-Age.

I – La construction religieuse de Rocamadour

En effet, selon la légende, un ermite du nom de Saint Amadour aurait fondé un oratoire dans le creux d’un rocher afin d’honorer la Vierge. En 1166, la découverte d’une tombe est associée à Saint Amadour (ou Zachée, disciple du Christ). Il mena une vie monastique au pied d’un rocher devenu Roc-Amadour. Cette légende nous donne un premier repère historique, en nous expliquant que l’érémitisme a été la première forme de vie consacrée. Les premiers monastères ont ainsi été des regroupements d’ermitage, ce qui est encore la caractéristique des abbayes de chartreux.

Par la suite, nous savons que les Bénédictins (ordre créé au VIe siècle), qui prirent la suite des ermites, entreprennent les premières grandes campagnes de construction, et organisent le paysage autant qu’ils le peuvent dans le but d’accueillir des pèlerins de plus en plus nombreux. Vers l’an mille, il est question d’une chapelle confiée aux moines de Marcilhac-sur-célé, affiliés à l’ordre de Cluny (Xe – XVIIIe), qui conduira à l’afflux futur de pèlerins dans le sanctuaire.

Chapelle de la Vierge Noire à Rocamadour, photographie personnelle, novembre 2019

La notoriété du pèlerinage est alors bien établie puisque Henri II d’Angleterre (1133 – 1189) y est venu prier en 1159 et il y revient en 1170. Plus tard, au XIIe siècle, le conteur Geoffroi de Paris (XIIIe – XIVe) fait d’Amadour le héros d’une belle légende.
Avec la Vierge noire et la cloche miraculeuse, l’épée de Roland complète le tableau élogieux de Rocamadour.

Un moyen de rayonnement encore plus efficace a été, du temps de Géraud d’Escorailles, abbé de Tulle de 1152 à 1188, et peut être sur son initiative, la mise en circulation d’un recueil où sont relatés 126 prodiges survenus à Rocamadour par l’intercession de la Vierge noire.

Vierge Noire de Rocamadour, photographie personnelle, novembre 2019

De nombreux miracles sont associés à la Vierge noire de Rocamadour comme pour le roi Henri II d’Angleterre qui y est venu pour remercier la Vierge noire de l’avoir guéri d’une maladie grave.

Tous les rois de France du XIIe siècle viennent à Rocamadour jusqu’à Louis IX (1226 – 1270), ce dernier est d’ailleurs très impliqué dans le religieux et sur son seul voyage dans le sud-ouest de la France il va donc offrir un morceau de la relique de la Sainte Epine.

 

II – Un site important à l’ère des grands pèlerinages

A partir du XIIe siècle, à Rome, les papes reconnaissent Rocamadour comme un grand sanctuaire, un lieu ou édifice rendu ou devenu sacré, et selon eux il ferait même partie des plus quatre grands, avec Rome, Jérusalem et Saint Jacques de Compostelle, sanctuaires de la Chrétienté.

Croix de Jérusalem, photographie personnelle, novembre 2019

De nombreux miracles ont porté au loin la réputation de la cité ce qui fait qu’elle gagne en réputation et en pèlerins ceux qui engendre une notoriété positive de la cité.

Dans cette période d’âge d’or de la cité au XIIe siècle, des personnes de l’Europe entière viennent ici. Effectivement, Rocamadour est aussi sur la route de pèlerinage qui mène jusqu’à Saint Jacques de Compostelle.

Le XIème et XIIème siècle sont les siècles de l’apogée du pèlerinage à Rocamadour, cependant, il y a une période de sombre qui va intervenir sur la cité et qui va perturber le pèlerinage.

III – Un déclin progressif de Rocamadour

Au XIVème siècle, il y a de nombreuses famines ainsi que des épidémies comme la peste noire qui se répandent dans tout l’Europe, cela entraîne une grande diminution des pèlerins. Á partir du XVIème siècle le pèlerinage vers Rocamadour connaît un gros choc, le nombre de pèlerins diminue énormément même s’il reste une étape importante pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Durant le début des guerres de religion, en 1562, les protestants envahissent Rocamadour brûlant et pillant les sanctuaires et les édifices religieux y compris les reliques du Saint Amadour.

Certains survivants réussissent à sauver quelques os du Saint Amadour et les cachent dans un reliquaire durant des années. Ceci mis un coup de grâce au rayonnement religieux européen de la cité déjà en déclin depuis quelques années.

Gros plan de la maquette Maquette représentant Rocamadour. En haut le château, puis le parvis entouré de ses chapelles, et en bas le village. Photographie personnelle, novembre 2019

Malgré son importance régionale notamment en Europe, le site va connaître un déclin progressif durant la guerre de cent et est encore plus marqué pendant les guerres de religion où la cité sera plusieurs fois pillée. Rocamadour est alors peu à peu abandonné et c’est au cours du XIXème siècle que vont avoir lieu les premiers travaux de rénovations. Aujourd’hui, Rocamadour est le 4ème site le plus visité de France (site de la vallée de la Dordogne) autant pour son architecture et son particularisme local que par son pèlerinage qui même s’il reste beaucoup moins important qu’au Moyen-Âge, continue de perdurer.

Étudiants : Aymard Nicolas (L2), Nicolet Aurore (L1), Pamard Jules (L1), Verheyde Pierre (L2).

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Bibliographie