Le syndicalisme dans le Sud-Ouest au 20e siècle [2021]

QU’EST-CE QUE LE SYNDICALISME ?

Le syndicalisme est une organisation sociale qui a pour but de défendre des intérêts communs en particulier dans le milieu professionnel.

Avant le XIXe siècle, les rassemblements, les réunions d’ouvriers et par conséquent les syndicats sont interdits en France par la loi Le Chapelier de 1791 qui prohibe tous rassemblements ouvriers. Cette dernière est abolie par la loi Waldeck-Rousseau en 1884  qui autorise la création de syndicats : ces modes de représentation collective défendant les droits des ouvriers deviennent officielles et ne sont plus des rassemblements clandestins qui pouvaient exister au XIXe siècle, et ce, malgré l’interdiction par la loi Le Chapelier de 1791.

“Le syndicalisme en tant que domaine d’activités spécialisé, inscrit dans des contextes historiques donnés, constitue un objet sociologique qu’il est possible d’appréhender sous de multiples dimensions »

Sociologie politique du syndicalisme, B. Giraud, K. Yon, S. Berpoud, 2018.

Avec la loi Waldeck-Rousseau de 1884, les ouvriers et ouvrières s’organisent afin de réclamer une amélioration de leur condition de vie. Les actions concrètes se traduisent par des réunions qui peuvent conduire à des appels à la grève dans les usines. Le rôle du syndicat est de porter aux patrons les réclamations, les revendications du corps ouvrier afin que ces derniers soient entendus et que des négociations voient le jour.

Carte confédérale de la CGT de 1946. crédit: Wikimédiacommons

Certaines de ces grèves durent des jours voire des mois afin que les ouvriers n’aient gain de cause, ce qui se traduit par des augmentations de salaires, comme ce fût le cas avec la grève de Graulhet en 1909 qui dura 147 jours. Cette grève avait pour but de demander une augmentation de salaire pour tous mais particulièrement pour les femmes, et un allègement de la durée hebdomadaire de travail.

Ces revendications sont portées par les syndicats qui élisent des ouvriers et ouvrières les représentant.

LE SYNDICALISME DANS LE TARN

Statut de Jean Jaurès à Castres (Tarn) Crédit : Wikimédiacommons

Les mouvements ouvriers sont nombreux dans le Tarn à la fin du XIXe siècle. La grève de 1883 des mineurs de Carmaux fait de la région une zone active dans la lutte des droits des ouvriers et des ouvrières français. D’autres villes de la région connaissent des grèves comme ce fut le cas pour Graulhet en 1909, mais également Mazamet la même année. En plein période d’Industrialisation, les mouvements ouvriers du Tarn peuvent compter sur une voix emblématique dans la lutte pour les droits et améliorations des conditions de vie et de travail des ouvriers et ouvrières : celle de Jean Jaurès.

Cet homme politique est un socialiste, député du Tarn, conseiller municipal de Toulouse, et conseiller général de Carmaux qui prend la défense des ouvriers aux côtés des syndicats, de manière souvent spectaculaire.

Assurément la France connaît des mouvements ouvriers, des syndicats partout sur son territoire mais à des échelles différentes. Ils sont nombreux dans le Nord de la France où sont situées les grandes villes industrielles dont les activités principales sont l’extraction minière et la sidérurgie.

La région du Tarn est également une zone où ces organisations ouvrières sont nombreuses, puisque les activités industrielles sont nombreuses, comme celle du textile à Mazamet, Graulhet ou à Castres, ou encore celle de l’extraction minière et de la verrerie à Carmaux.

La forte concentration d’usines dans cette région explique la présence importante d’ouvriers et ouvrières ce qui entraîne une activité syndicale dense dans le Tarn à cette période, ce qui est toujours le cas.

Portrait de Jean Jaurès. Crédit : Wikimédiacommons

Deux raisons expliquent l’importance du Tarn dans le secteur syndicaliste. D’une part, c’est un lieu précurseur du développement de ce mouvement. D’autre part, ce mouvement précoce s’accompagne aussi d’une multiplication des syndicats, notamment dans les professions des chemins de fer ou encore de l’extraction minière.

A l’échelle nationale, la CGT ( Confédération générale du travail) fondée en 1895 à Limoges, est la première organisation syndicale au sein de la SNCF ( société nationale des chemins de fer français) et défend donc aujourd’hui les droits du monde ouvrier. On retrouve des filiales de ce groupe syndical dans le Tarn tels que la UD CGT Tarn, la CGT des cheminots du Tarn ou encore la CFDT Occitanie.

La région du Tarn hérite aujourd’hui de ce passé industriel puisque les syndicats y sont toujours bien représentés. On remarque que ces syndicats ont une véritable influence dans la région, ce qui peut être illustré par le suivi important des grèves par les cheminots, comparé à d’autres régions de France qui sont moins concernées par les grèves.

Le Tarn est encore une région où le combat ouvrier est particulièrement présent dans les esprits et les mœurs de ses habitants.

Rue Edouard Barbey Mazamet au XXe siècle. crédit : Wikimédiacommons

Pour aller plus loin :

  • Landier. H. et Labbé. H., Les organisations syndicales en France: des origines aux évolutions actuelles, Paris, Editions Liaisons, 2004, 240 pages
  • Lefranc. G., Le syndicalisme en France, Editions PUF, 1981
  • Vigna.X., Histoire des ouvriers en France au XXème siècle, Paris, Éditions Perrin, collection
    Pour l’histoire, 2012, 408 pages
  • Cazals. R., , Avec les ouvriers de Mazamet, Dans la grève et l’action quotidienne (1909-1914), Edition La découverte, 1979, 354 pages.
  • Wallach Scott. J., Les verriers de Carmaux, histoire de la naissance d’un syndicalisme, Editions Flammarion, Paris, 1982, 185 pages