« Bacurau », le western brésilien allégorie des temps du pays

Cette année 2019, le Brésil a été en première ligne de l’exposition médiatique. L’élection en janvier de Jair Bolsonaro à la tête du pays et les incendies en Amazonie pendant l’été ont attiré l’attention de tous les journaux. La sphère cinématographique, elle aussi, a été très présente dans les médias, qui ont coïncidé à reconnaître la bonne année du cinéma brésilien. Exemple de ceci, la présence entre les prix du festival de Cannes de deux long métrages brésiliens :

  • Bacurau, de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, qui a obtenu le prix du jury, ex aequo avec Les Misérables
  • La Vie invisible d’Eurídice Gusmão, de Karim Aïnouz, qui a emporté le prix Un certain regard.

Or, l’effervescence du secteur audiovisuel brésilien, caractérisée par une montée des productions de qualité remarquable, est remise en cause par les autorités. Dès son arrivée au pouvoir, avec l’élimination du ministère de la Culture, qui n’est aujourd’hui qu’un département du nouveau ministère de la Citoyennété, le président à déclaré sa volonté de chasser le « marxisme culturel » du Brésil. Sur le terrain, les financements publics dédiés aux projets audiovisuels se sont vus réduits à moins de la moitié par rapport à 2018 et l’Ancine, l’agence chargée de les distribuer et homologue du CNC en France, a dû arrêter son fonctionnement fin mars pour se défendre face au Tribunal de comptes. Malgré le terrain conquis depuis les années 2000, qui ont signifié une importante prolifération des productions régionales, des vents contraires soufflent aujourd’hui et menacent de tuer la vitalité gagnée du secteur.

Affiche de « Bacurau », extrait de Le tour d’écran
Violence, politique et science-fiction pour présenter la résistance d’un petit village

Bacurau est un western distopique du réalisateur Kleber Mendonça Filho. Après le très acclamée Aquarius, il signe ce nouveau film avec le  directeur artistique et décorateur Juliano Dornelles.

Un camion-citerne d’eau et une mallette de médicaments ouvrent le long métrage, duquel la pénurie et les jeux de pouvoir vont être protagonistes. Le scénario : Bacurau, un village du nord-est du pays dans la région désertique du Sertao, qui se voit effacé de la carte sans explication. Dans le village, où tout le monde se connaît, des mystères et des histoires passées semblent hanter l’atmosphère.

En arrière plan, un politicien en campagne électorale pas très cher des habitants, qui semble mieux s’efforcer à les faire quitter les lieux qu’à vouloir les convaincre de voter pour lui. Au centre du récit, l’arrivée d’un groupe d’américains prêts à mettre en scène une expérience ludico-macabre va déclencher une alliance collective de résistance entre les villageois.

Pendant tout le long métrage, les thèmes de l’environnement, de la lutte de classes et du modèle de vie se mêlent avec de la science fiction pour créer un film sanglant de civilisations effrontées.

Mireia Sánchez Molas

Bacurau dans les médias :