L’affiche du film « Pour Sama », de Waad al-Kateab et Edward Watts
Synopsis :
« Quand le conflit en Syrie commence en 2012, Waad al-Kateab est une simple étudiante d’Alep. Quatre ans plus tard, elle fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad en décembre 2016. A ce moment précis, elle est mariée, maman d’une petite fille et enceinte d’un second enfant. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie. Il s’agit d’une lettre d’amour à sa fille, née en janvier 2016, et retraçant l’année la plus noire et meurtrière du conflit. »
Le film est sorti en salles ce 9 octobre dernier, et relate le quotidien d’une famille syrienne, tiraillée entre partir, ou résister pour la liberté de leur pays. La famille de Waad al-Kateab vivait à Masyaf, sur la route reliant Hama à la Méditerranée. Elle choisit d’aller étudier le marketing et l’économie à l’Université d’Alep, mais rêve de devenir journaliste.
Des 500 heures de prises de vues qu’elle a accumulées, Waad Al-Kateab a réalisé avec le documentariste britannique Edward Watts, un film qui prend la forme d’une lettre à sa fille, Sama. Les premières images sont récoltées sur un téléphone portable, au temps des manifestations de rue contre le régime de Bachar Al-Assad, et les dernières se déroulent durant l’hiver 2016, qui marque la date de son départ nocturne et dangereux vers l’exil. Sama, née dans la ville assiégée, a passé la première année de sa vie dans un hôpital qui devint rapidement le dernier d’Alep, cible des bombardements et décor obsédant du film. Waad al-Kateab filme surtout l’horreur du quotidien de son mari Hamza, médecin dans cet hôpital de fortune d’Alep Est. Des centaines de blessés qui arrivent chaque semaine, criblés de trous dus aux bombes à fragmentation, des morts qui s’amoncellent dans les couloirs de l’hôpital, des mères qui pleurent la mort de leurs enfants. De plus en plus de familles choisissent de partir, mais la résistance contre le régime continue. Les habitants manifestent toujours dans les rues noires de fumée : « On fait brûler des pneus pour que l’aviation ne voie pas où nous sommes et ne puisse nous bombarder ». La caméra tremble pourtant au rythme des missiles et des autres bombes qui s’abattent.
En mai dernier, « Pour Sama » a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival de Cannes. Waad al-Kateab a également remporté en 2017 le prix Bayeux Calvados-Normandie dans la catégorie télévision, et le prix Région Normandie des lycéens pour son reportage « Le dernier hôpital d’Alep détenu par les rebelles ».
Noémie Thirot