Le 9/11/2019, par Hippolyte de Solages
Du 9 au 11 novembre se tient la quatrième édition de la foire d’Art contemporain africain (AKAA – Also known as Africa) au Carreau du Temple à Paris. Cette foire rassemble cette année 45 exposants différents venus d’Afrique, mais aussi du reste du monde. Chaque année ayant son thème, celui de ce week-end sera la ville, le milieu urbain comme cadre de vie et de création.Créée à l’initiative d’une Parisienne franco-américaine, Victoria Mann, sa directrice, cette foire s’inscrit dans plusieurs dynamiques. Tout d’abord celle de l’art contemporain à Paris, dont la scène bénéficie d’un nouvel élan cette dernière décennie, a l’image de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain), véritable locomotive locale du secteur. Ensuite la ville de Paris elle-même, dont les liens avec le continent africain sont forts tant par sa population que par son histoire de capitale coloniale ; et dont le milieu artistique s’était pourtant totalement écarté de la vie culturelle contemporaine des anciennes colonies. Enfin l’art contemporain africain, au moment clé des débuts, que Victoria Mann décrit comme au stade d’un marché émergeant, en croissance forte et continue.
C’est à partir de ce constat que l’AKAA trouve son essence et ses objectifs : « fédérer les initiatives de diffusion de l’art contemporain africain, notamment à Paris, en proposant une plateforme à la fois culturelle et commerciale ». Ainsi fonctionne la foire : non pas seule mais avec la collaboration et la présence d’un certain nombre de galeries – parisiennes, françaises, africaines ou européennes – d’art contemporain africain. Elle se veut promotrice d’artistes qu’elle fait découvrir au grand public, mais aussi aux connaisseurs, critiques et représentants d’institutions culturelles d’Afrique, de France ou d’ailleurs. Visiteurs qui peuvent, pendant cette foire, acquérir des œuvres pour garnir aussi bien un musée qu’un salon privé. En effet, parce que le marché de l’art africain est encore neuf et hors de la spéculation régissant le marché traditionnel de l’art contemporain, tous les types d’acheteurs peuvent y trouver leur compte.
Développer l’idée d’une Afrique universelle
L’entreprise de Victoria Mann présente une vision intéressante et régénératrice de la créativité contemporaine africaine et de la place du continent dans le monde. Elle déclare ainsi que ce qu’elle cherche est de « mettre en avant une Afrique qui est plurielle et qui est même universelle, en mettant en avant des artistes et leurs œuvres, et non leurs origines », en prenant comme critère principal de sélection d’un artiste « le lien qu’ils entretiennent avec l’Afrique. […] La géographie n’est pas un critère pour participer à la foire ». Ainsi on trouve exposés des artistes comme le réalisateur de cinéma Renaud Barret, la plasticienne Liset Castillo ou la performer Dalila Dalléas Bouzar. Cette dernière parle de l’inspiration qu’elle trouve dans les rituels religieux africains comme « [son] lien à l’Afrique […] mais aussi le lien aux traditions ancestrales de toute l’Humanité, partagées par toute l’Humanité ». Cette vision universelle et ouverte d’une africanité n’est pas sans rappeler le rôle de la Négritude de réaffirmer la dignité et l’existence d’une culture africaine tout en transcendant ses frontières, devenant ainsi un puits où chaque Homme est invité à le creuser et à y puiser – n’en déplaise aux critiques de l’appropriation culturelle. Dans ce mouvement, et selon les mots de Victoria Mann, l’AKAA « c’est l’opportunité de donner une nouvelle carte de lecture de l’Art contemporain, et de mettre l’Afrique au centre ».