La scuplture Naming the Money au cœur de l’exposition
Du 31 octobre au 23 février, le CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux accueille l’exposition Naming the Money de l’artiste britanico-tanzanienne Lubaina Himid. Cette exposition s’articule autour de l’oeuvre éponyme que l’artiste a créée en 2004 et qui constitue une pièce clé de sa carrière. Il s’agit d’un regroupement d’une centaine de structures en contreplaqué, représentant des silhouettes de serviteurs africains dans d’autres situations que celle du travail, qui était l’unique façon de les représenter aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Une nouvelle perception des esclaves africains
Depuis plus de quarante ans, Lubaina Himid s’intéresse, dans ses oeuvres, à la place marginalisée de la diaspora noire dans la société. Grâce à cette exposition, elle détache ces personnes de leur rôle de serviteur, et de faire-valoir de leurs maîtres, en les mettant en scène dans d’autres professions, beaucoup plus diverses : du fabricant de jouets à l’éléveur de chiens, en passant par le peintre. Elle leur redonne donc une identité propre et une autonomie. Les personnages, sur fond sonore, racontent aux spectateurs leurs identités changeantes, passant de l’identité africaine à la nouvelle identité qui leur est attribuée en Europe. Mais l’installation représente également les migrants et les demandeurs d’asile, qui ont eux aussi une histoire et une identité à raconter.
Autour de cette installation, l’exposition inclut une série de neuf dyptiques (oeuvres composées de deux tableaux se complétant mutuellement) appelée Zanzibar, nom de la ville de naissance de l’artiste, et représentant ses souvenirs de la Tanzanie.
Un musée étroitement lié au thème de l’exposition
L’exposition n’est pas sans rappeler l’histoire du Musée d’art contemporain de Bordeaux. Ouvert au public depuis 1973, le musée prend place au sein de l’entrepôt Lainé, construit en 1824 par l’ingénieur Claude Deschamps. Cet entrepôt servait à stocker sous douane les marchandises provenant des colonies d’Amérique et d’Afrique, telles que le café ou le sucre, destinées à l’Europe du Nord. Ce commerce représente un axe principal de la richesse bordelaise du XVIIIème siècle. L’entrepôt a ensuite été rénové trois fois, tout en permettant au CAPC (Centre d’arts plastiques contemporains), ancien nom du musée, de se développer petit à petit.
Loucille Phlipart