Grand Theft Auto V : 6 milliards de dollars de recettes et une satire discrète

3 lettres, 6 milliards de revenus en dollars, et les chiffres grimpent encore.

G.T.A.. Même si vous n’avez jamais été sensibilisés à l’univers des jeux-vidéos, vous avez forcément entendu parler de cet acronyme. Il correspond à « Grand Theft Auto », et est aujourd’hui un phénomène culturel sans précédent dans le monde. Le cinquième du nom, sorti en 2013 sur les consoles de dernières générations, flirte avec la barre des 100 millions d’exemplaires vendus à travers le monde. Avec un budget initial de 265 millions de dollars, c’est le produit culturel le plus rentable de l’histoire.

Mais quel est ce jeu si attractif, au point d’écraser les chiffres d’un secteur du cinéma qui, jusqu’au début du XXIème siècle dominait si aisément les autres ?

La recette semble simple : un monde virtuel ouvert, des voitures et des armes pour vous y défouler. Mais il serait bien trop réducteur de résumer cette franchise à une cascade de violence. Rockstar, le développeur du jeu-vidéo à succès, l’a souvent réaffirmé, malgré leur discrétion habituelle : Grand Theft Auto se veut comme une satire ironique et cynique de la société américaine. Et GTA V s’inscrit encore davantage dans cette ligne éditoriale. Car oui, il existe un scénario dans ce jeu. Une histoire d’ailleurs très bien écrite, qui, à l’aide de paysages magnifiques, nous dépeint un tableau presque sinistre de l’Amérique des années 2010. Mais tout cela, Rockstar ne le fait pas en balançant un pavé dans la marre qui effrayerait sans doute tous les annonceurs. Cette critique satirique est éparpillée en petits détails dans le jeu qui, même si l’on ne les remarque pas subjectivement, viennent frapper nos neurones de plein fouet. Une flopée de messages subliminaux.

Les thèmes ne manquent pas : les excès de la télé-réalité et de la fausse célébrité qu’elle diffuse, les dérives des réseaux sociaux qui semblent de plus en plus intrusifs mais également les inégalités de richesse, qui sautent aux yeux lorsque l’on se promène dans les rues de la fictive et mythique Los Santos (parodie de la ville de Los Angeles). Les petites attaques satiriques sont nombreuses. Toutefois, la critique la plus sévère et la plus directe reste celle de la violence de la société américaine, et celle-ci se fait beaucoup moins subtilement : en laissant au joueur un arsenal presque infini d’armes à feu et en le transformant lui même en acteur de cette violence. Même si celle-ci reste, bien entendu, virtuelle.

Finalement, il est assez ironique en soi, de se rendre compte que le produit culturel le plus rentable de l’histoire, est un produit américain, se moquant sans détour de sa propre société. Alors que chez le voisin du grand écran, toutes les réalisations ou presque, portent haut les couleurs de la bannière étoilée et ses valeurs, promouvant une image idyllique des Etats-Unis.

Le marché du jeu-vidéo étant en essor et en innovation permanents, il n’est pas impossible que d’autres titres portant le même message politique se retrouvent dans les consoles de millions de personnes dans les années à venir.

Lucas Rivet