Du 30 Octobre au 9 Novembre 2019 se tient au Palais des expositions d’Alger la 24ème édition du Salon International du livre d’Alger (SILA). Evènement très prisé par la population puisque de nombreux auteurs sont présents et qu’il est possible pour les algériens de se procurer des ouvrages auxquels ils n’ont pas accès ou très difficilement le reste de l’année. Pour illustrer cette affluence il suffit de s’intéresser aux chiffres de la fréquentation de l’année 2018 qui s’élève à 2,3 millions de visiteurs.
Néanmoins, cet événement a un caractère plutôt spécifique cette année puisque l’Algérie est actuellement dans un contexte de crise politique. En effet, depuis le 16 février dernier, un mouvement contestataire au régime en place du nom de « Hirak » (qui signifie « mouvement » en Arabe) manifeste et souhaite faire entendre sa voix. Ses contestations sont diverses : d’abord et l’origine du mouvement vient de ce fait, la contestation à la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat et par la suite la prolongation de son quatrième mandat. Ces deux éventualités politiques ont réveillé toute une population qui exprime son « ras-le-bol » et son envie de renouveau au sein du gouvernement afin d’être représentés au mieux. Depuis cette date du 16 février, de nombreuses manifestations ont eu lieu à Alger et dans d’autres villes pour exprimer la constations des citoyens algériens.
Plus de huit mois plus tard, la situation n’ayant pas évolué, le mouvement a pris de l’ampleur et se manifeste dans les grands événements du pays tels que le salon du livre international d’Alger pour montrer sa présence et encore une fois faire entendre ses revendications. Le salon est également un prétexte pour gagner de la visibilité. En effet, y sont présents des auteurs militants du Hirak et qui vendent leurs livres véhiculant des idéologies nouvelles et critiquant les années Bouteflika. Ce salon est un des événements des plus importants de l’année et prend cette année, grâce à sa forte fréquentation une coloration assez politique puisqu’elle est un des supports principaux des personnes adhérentes au mouvement et diffusant leurs idéologies nouvelles contre le président en place Bouteflika.
On voit par cet événement que les enjeux politiques et géopolitiques de notre société globalisée ne se décident pas uniquement dans les grandes instances internationales telles que l’ONU ou l’OTAN par exemple, mais que c’est réellement lorsqu’il y a un rassemblement populaire ou la force du peuple et des citoyens se manifestent, que des enjeux politiques prennent également place.
Marie-Madeleine NUSS