Le changement climatique de ces dernières années a fait subir de nombreuses dégradations au patrimoine mondial (monuments ou sites naturels) et menace même certain de destruction. Un constat de plus en plus alarmant qui pourrait coûter cher à la culture.
On a pu le voir ce mois-ci avec Venise, le réchauffement climatique ne fait pas toujours bon ménage avec le patrimoine culturel mondial. Le 16 novembre, la ville est entrée en « alerte rouge » à cause d’une marée exceptionnelle qui a atteint 1,87 mètre. Un désastre pour les habitants, les commerçants et les touristes, mais aussi pour le patrimoine culturel de Venise. La basilique Saint-Marc a été fortement touchée. Sa crypte et son presbytère entièrement inondé, entraînant une fragilisation des fondations et de la structure de ce bâtiment de 1 191 ans.
Nous serions donc en train de détruire ce que nous avons construit et ce qui nous a résisté à travers le temps en participant au réchauffement climatique. Les plus sceptiques diront que l’humain n’est pas responsable et que ces marées exceptionnelles se sont déjà produites ; et ils auraient raison. La dernière marée exceptionnelle remonte à 1966 et était plus forte que celle subie cette année. En revanche ce qu’il oubli c’est que, bien qu’elles ne constituent pas des records, les marées hautes et exceptionnelles sont plus importantes depuis vingt ans qu’elles ne l’ont été 1 siècle auparavant.
Ce sont d’ailleurs ces répétions de marée haute qui menacent le plus la basilique Saint Marc, d’après Carlo Alberto Tesserin, conservateur en chef, qui estime que chaque marée haute fait vieillir le bâtiment de vingt ans. La basilique n’est pas la seule à être en danger concernant Venise, la ville tout entière est menacée d’inondations.
Et la Cité Flottante est loin d’être une exception sur le globe. De nombreuses bâtiment anciens, notamment des églises, menacent de s’écrouler dû à la perte d’humidité et à la chaleur plus forte durant les étés qui ne profitent pas à la pierre dont elles sont faites. D’autres sites sont menacés par la montée des eaux, entraînées par la fonte des glaciers. C’est le cas notamment de
l’île de Pâques avec ses célèbres statuts Moaï, les monuments romains et romans d’Arles ou encore la Statut de la Liberté selon le rapport du 26 mai 2019 publié par l’UNESCO.
Ce rapport met en lumière les sites culturels mais aussi les sites naturels en péril, car les premiers ne sont pas les seuls sites en danger. De nombreux sites naturels sont menacés de disparitions par la montée des eaux et les incendies, dont la période est plus importante à cause de la hausse des températures : la péninsule de Shiretoko au Japon, les Îles Galapagos, la forêt des Cèdres de Dieu au Liban ou encore la région florale du Cap en Afrique du Sud. Cette dernière est menacée par la montée des eaux qui risque de la submerger mais aussi par la hausse de température et une diminution des pluies qui entraîneront à terme la disparition d’éléments de la flore caractéristiques et parfois même uniques de la région, selon les spécialistes de l’UNESCO.
Au total le rapport du 26 mai 2019 de l’UNESCO recense 31 sites culturels et naturels en danger de disparition dans 29 pays aux quatre coins du globe. L’affaire est mondiale. Que l’on soit sceptique quand aux causes du réchauffement climatique ou non, le résultat est là. L’héritage historique et la culture de l’humanité qui est menacé d’inondation et d’extinction. Si le changement climatique continue sur cette voie, personne ne sortira gagnant, ni la culture ni l’humanité.
Pauline Guignard