Un concept unique datant des années 1980
Le concept de capitale européenne de la culture est né en 1983 sous l’initiative de la ministre de la culture grecque de l’époque Melina Mercouri. Les responsables européens avaient la conviction qu’ils s’étaient trop longtemps préoccupé de la politique et de l’économie, négligeant ainsi les échanges culturels entre ses habitants. Deux ans après, en 1985, Athènes était désignée première capitale européenne de la culture. Depuis, plus d’une cinquantaine de villes se sont succédées.Pour la Commission Européenne le but de cette labellisation est de « mettre en valeur la diversité de la richesse culturelle en Europe et les liens qui nous unissent en tant qu’Européens ». En d’autres termes, il s’agit de promouvoir le patrimoine et le dynamisme culturel de la ville par le bais d’un vaste programme culturel tout au long de l’année. La ville jouit de plus d’une large couverture médiatique grâce à la labellisation européenne.
Les capitales européennes de la culture font partie du programme Europe Créative mis en place par la Commission Européenne. Ce programme est doté d’une enveloppe globale de 1,4 milliards d’euros dont 30% est destiné au volet Culture sur la période 2014-2020. Chaque ville reçoit un budget de 1,5 million d’euros de la part du programme mais cela reste bien insuffisant voire dérisoire si l’on se base par exemple sur le cas de Marseille en 2013 qui a dépensé 90 millions d’euros. Depuis 2009, deux capitales européennes de la culture sont désignées chaque année, une ville provenant d’un ancien Etat membre et une ville d’un nouveau Etat membre. Parfois une troisième capitale peut être sélectionnée, il s’agit alors d’une ville d’un pays candidat à l’Union Européenne, membre de l’Association Européenne de Libre Echange ou de l’Espace Economique Européen.
Edition 2019 : la Bulgarie et l’Italie à l’honneur
Cette année ce sont aux villes de Matera en Italie et Plovdiv en Bulgarie qu’a été décerné le label de capitale européenne de la culture. Plovdiv est l’une des plus vieilles villes d’Europe et la seconde plus grande de Bulgarie. Plus de 300 projets culturels sont prévus tout au long de l’année tels que des festivals, des expositions, des ateliers ou encore des projets participatifs, le tout en lien avec son histoire et son héritage culturel. Matera est elle aussi une ville ancienne qui compte bien redorer son image grâce à cette mise en lumière. En 1950 elle était qualifiée de honte de l’Italie à cause de sa pauvreté et de ses conditions de vie difficiles. Son nouveau visage a vu le jour en 1993 avec l’inscription de ses grottes troglodytes (sassi) à la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. En plus des nombreux projets culturels mis en place, Matera offre pour la première fois la possibilité de devenir habitant culturel grâce à l’achat d’un laissez-passer à 19€. Ces nouveaux habitants temporaires devront laisser un objet personnel qui servira à la fin de l’année pour une grande exposition.
Quelles retombées pour les villes labellisées ?
Ce que recherchent principalement les villes candidates au titre de capitale européenne de la culture sont les retombées positives en termes économiques et d’image de marque. La ville développe son profil international et attire des visiteurs à la fois nationaux et internationaux grâce à la mise en place d’un réel programme d’activités culturelles et d’événements artistiques. Le tourisme booste l’économie de la ville, voire de la région, pendant toute une année. Il ne suffit cependant pas de faire des efforts pendant l’année de « règne », il faut que la dynamique soit maintenue dans les années suivantes pour avoir un impact durable. Seul le temps pourra nous dire si le label européen aura été bénéfique ou non pour les deux villes.
Les capitales européennes de la culture ont permis à de nombreux touristes de visiter de somptueuses villes européennes et de découvrir leurs richesses mais nous sommes encore loin du désir initial des créateurs du label qui était de créer des liens forts entre les Européens.