StartTimes, le leader audiovisuel chinois à l’assaut de l’Afrique

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Création et évolution de StartTimes

La société chinoise de télécommunications StarTimes a été créée en 1988 à l’initiative de Pang Xingxing, président actuel du groupe. Il s’agit d’une société purement privée qui ne bénéficie, à l’époque, d’aucun soutien étatique. Le groupe, spécialisé sur le marché de la Télévision Numérique Terrestre tente tout d’abord de se développer en Chine mais se heurte rapidement à des difficultés d’ordre réglementaire et concurrentiel. La société cherche donc à se développer à l’étranger et se tourne vers l’Afrique qui se tourne de plus en plus vers le numérique.

Implantation sur le marché africain

L’aventure de StartTimes sur le marché africain commence en 2007, avec une première implantation au Rwanda. La société se démarque très vite en proposant un accès à un bouquet de 30 chaînes de télévision pour un prix relativement bas. L’ascension est fulgurante et StartTimes s’impose rapidement comme le leader du marché, le fournisseur étant désormais présent dans 30 pays d’Afrique subsaharienne.

Son implantation se traduit par la mise en place de filiales et de sous-filiales établies par des employés chinois mais qui emploient également une population locale.

Un marché et un succès colossal

À ce jour, StarTimes qui compte 12 millions d’abonnés et une audience de 26 millions de téléspectateurs dans plus de 30 pays d’Afrique.

Le succès de StartTimes est surtout dû au prix de son offre numérique : la société propose en effet un prix d’entrée de gamme à 3 euros par mois et des forfaits d’installation et abonnement compris à 10 euros. Selon le président du groupe, l’objectif de cette démarche est de « démocratiser la télévision numérique sur le continent» et donc de s’adapter aux audiences locales face aux prix élevés opérés par les autres fournisseurs présents sur le marché.

L’offre des chaînes est également adaptée au marché: telenovelas, productions locales au Nigeria, chaînes de football et accès aux matchs de ligues allemande, française et italienne sont inclus dans l’offre.

Un outil du soft power chinois ?

Bien que la société StartTImes soit une société privée et se défende de toute mainmise étatique chinoise, elle est cependant la seule entreprise chinoise privée à avoir un droit spécifique d’émission à l’étranger. Pang Xinxing apparaît ainsi, à l’issue d’un classement de 2013 comme une des 10 personnalités qui promeuvent l’industrie culturelle chinoise dans le monde.

De plus, son influence est grandissante et s’appuie désormais sur Pékin qui confiait au groupe le projet d’ « Accès à la TV satellite pour 10 000 villages africains » isolés, notamment à Abidjan et en Nouvelle Guinée.

 

Critiques et controverses

L’influence de StartTimes en Afrique est sujet à controverses. Tout d’abord car « le modèle chinois se présente comme non ingérant et démontre ses similitudes avec l’Afrique, à savoir son image de pays en développement avec un même ennemi commun l’Occident.  De plus, la société StartTimes n’emploie que très peu d’ouvriers africains ce qui défavorise le développement des pays africains» (Kako Nubukpo, invité d’Arte dans l’émission 28 minutes le 31 octobre 2019)

Les critiques concernent également l’emprise de la société dans certains pays comme au Ghana ou en Zambie où la fondation d’une coentreprise avec la chaîne publique ZNBC a premis à StartTimes de devenir actionnaire de cette même chaîne à plus de 60 % et donc de devenir décisionnaire de la chaîne.

Il convient de se questionner sur ces stratégies d’implantation en Afrique, en effet, ne serviraient-elles pas qu’un seul but, à savoir, appuyer le soft power chinois ?