Manifestations en Catalogne : le Clasico d’Espagne repoussé

Des menaces de troubles à l’ordre public

Ils sont neuf ex-dirigeants indépendantistes catalans à avoir été condamnés par la Cour Suprême espagnole à des peines de prison, le 14 octobre dernier. Près de deux ans après le référendum illégal organisé en Catalogne en 2017. Face à cette sanction prononcée, de nombreuses manifestations ont été constatées à Barcelone, parfois très violentes. Pour certains, c’est un épisode qui risque de ranimer le brasier d’une quête indépendantiste jusqu’alors plutôt discrète.

Une rencontre de football légendaire

Ces revendications ont envahi le terrain du sport, la semaine du 21 octobre 2019. Puisque devait se tenir, le samedi 26 octobre, le célèbre « Clasico » espagnol. Une rencontre de football légendaire, opposant le Real Madrid, club royal de la capitale, et le F.C. Barcelone. Et il ne s’agit pas d’un simple événement sportif hebdomadaire, comme en gère très bien la Ligue de Football Espagnole. C’est une rencontre retransmise en direct dans plus d’une centaines de pays, et regardée par des millions de personnes. Sûrement le match qui constitue une des plus grandes – sinon la plus grande – rivalité sportive. Et le climat explosif qui régnait en Catalogne, rendait ce Clasico brûlant.

La rencontre devait se dérouler au Camp Nou, à Barcelone l’après-midi du 26 octobre, mais Javier Tebas, président de la Ligue Espagnole, a fait part de ses inquiétudes concernant les manifestations prévues par des associations indépendantistes autour de l’événement. La Liga, a donc proposé aux deux équipes d’inverser l’ordre des matchs (les deux clubs devant se rencontrer deux fois dans la saison) et de disputer la rencontrer à Madrid, pour éviter les troubles à l’ordre public.

Le F.C. Barcelone, un club engagé politiquement

Mais le club du F.C. Barcelone, qui a publiquement déclaré soutenir les ex-dirigeants indépendantistes et appelé à une autre solution que celle de la prison, a refusé cet arrangement. Cette affaire démontre que le rectangle vert peut parfois se transformer en un terrain d’affrontement idéologique. Gérard Piqué, joueur iconique du club catalan qui ne compte pas moins de 17 millions d’abonnés sur Instagram, n’a jamais caché son soutien infaillible à la cause indépendantiste. Et il s’ajoute à une longue liste de sportifs barcelonais (comme Josep Guardiola) à utiliser le sport et leur notoriété pour rendre leur lutte idéologique visible et influente.

Après une courte période de réflexion et de négociation, une autre date, en décembre, a été choisie pour ce match au Camp Nou. Il ne serait pas du tout étonnant de voir, dans les travées, des messages, des revendications pro-catalanes en réponse à cette affaire. Le sport reste malgré tout un miroir social et s’y reflètent très souvent les émotions et les idéaux d’une population.

Lucas Rivet