Synthèse d’une étude d’Interculturalité : les revendications des sportifs afro-américains

Dans le cadre du cours d’Interculturalité, j’ai choisi le sujet des revendications des athlètes afro-américains. J’ai trouvé intéressant et pertinent de proposer ici l’analyse synthétique que j’en ai fait.

Depuis le début du 21e siècle, l’utilisation de l’exposition médiatique du sport pour revendiquer semble être devenue très courante. Les sportifs eux-mêmes, semblent de plus en plus engagés, au-delà de leur professionnalisme. Ils n’hésitent plus à prendre parti et diffuser leurs idéaux. Il est évident que le développement de la couverture médiatique du sport, son explosion en termes de popularité, n’a fait que renforcer ce mouvement de « conscience » des athlètes noirs. Pourtant, ces derniers n’ont pas attendu des millions de followers sur les réseaux sociaux et des centaines de caméras braqués sur eux pour protester et faire entendre leur message.

Quand l’Histoire se souvient parfaitement des mobilisations de Martin Luther King ou Malcom X, grâce à leur éloquence et leur prestance, les sportifs afro-américains ont choisi une autre voie pour entrer dans la protestation : le silence.

Ce mouvement débute avec les poings levés de Smith et Carlos au Mexique en 1968. Pourquoi ne pas parler ? Peut-être essentiellement parce que la position politique n’a pas sa place dans le sport. Certains ont osé le faire, mais ponctuellement. Toutefois, ce silence dans la mobilisation n’appelle pas le même silence dans la réaction. Au contraire, ce sont ces actions sans paroles qui ont le plus fait parler d’elles dans la société américaine, et au-delà.
Si la méthode du silence est la même, les revendications ont changé. Entre les débuts d’une mobilisation noire aux États-Unis dans les années 1960 et le gouvernement Trump, la société a énormément évolué. Alors que les Black Panthers et les Black Civil Rights luttaient pour une égalité plus réelle avec les autres citoyens au milieu du 20e siècle, les protestations des années 2010 sont davantage axées sur la violence générale contre la population afro-américaine. Cependant, il y a une chose en commun : le manque de respect souffert par les afro-américains, qu’il soit politiques dans leur droit, ou physique avec des bavures de la police.

Lors de mon étude, j’ai pu souligner le fait qu’il existait, à l’époque des revendications de droits civils, une sous représentation de la communauté afro-américaine dans la prise de décision et l’espace social et en même temps une « sur-représentation » de cette même communauté dans l’espace sportif. Les réussites de ces athlètes dans les compétitions sportives et la médiatisation qui leur est associée a permis un légitimement de leur communauté et de leurs revendications.

Cependant, face à cela, la réaction de la société américaine a toujours été mitigée. Si le gouvernement Obama a fait preuve d’assez de mansuétude à l’égard des mobilisations de Black Lives Matter et de Colin Kaepernick (un genou à terre lors de l’hymne national), ce n’est pas le cas du mandat Trump. En effet, l’actuel président des Etats-Unis a fermement réprimé les genoux à terre durant l’hymne américain. L’explication est simple, le patriotisme américain n’est plus à démontrer, il est puissant : Obama lui même l’avait concédé en 2016 au début des protestations « quand on s’en prend au drapeau et à l’hymne, les militaires ne peuvent pas l’accepter ».

Ces revendications, comme le t-shirt « I can’t breath » porté par des stars de NBA – en référence aux derniers mots d’Eric Gardner, afro-américain étranglé durant son interpellation – ont accompagné un mouvement plus large de la communauté noire aux Etats-Unis, avec notamment les mobilisations de Ferguson en 2014, après les bavures policières ayant résulté à la mort de plusieurs afro-américains non armés.

C’est à cette même période que des grandes figures du sport afro-américain ont décidé de ne plus se taire. Donc de rompre le silence qui était jusqu’ici symbole de leur mobilisation. Ces sportifs sont donc devenus des figures de proue de la mobilisation afro-américaine. Serena Williams, notamment, a réveillé sa conscience politique en citant MLK « Il arrive un moment où le silence est une trahison, je ne serai plus silencieuse ». Michael Jordan a également déploré ces bavures, bien qu’il ne soit plus en activité. Toutes ces personnalités ont été réunies dans un spot publicitaire de la marque américaine Nike, aux côtés de Colin Kaepernick avec un message percutant : « croyez en quelque chose, même si cela signifie tout sacrifier ». Une campagne qui a provoqué encore une fois des réactions mitigées au sein de la société américaine, le président Trump appelant au boycott de la marque.

Le fait de voir les consciences des athlètes afro-américains se révéler à l’aube du 21ème siècle ouvre peut-être la porte à un nouveau débat aux Etats Unis, ou peut-être serait-ce l’occasion d’une énième fracture dans cette société cosmopolite.

Lucas Rivet