Orléans dispose de ressources naturelles multiples ayant pu être employées dans la construction du gros-œuvre de bâtiments au Moyen Âge : calcaire provenant de communes avoisinantes ou du centre-urbain grâce à des carrières souterraines, dont les localisations témoignent des périodes d’extension de la ville ; bois issu d’un important massif forestier jouxtant la cité au nord ; argiles de la Sologne et de l’Orléanais exploités depuis l’Antiquité pour la réalisation de briques. Sa place de ville d’entrepôt et de port commercial, située sur la boucle septentrionale de la Loire, constitue également un atout majeur pour l’approvisionnement de matériaux venant de régions en amont ou en aval. Les observations issues d’études d’archéologie du bâti croisées avec des sources d’archives permettent de mieux appréhender les choix raisonnés effectués par les constructeurs et maîtres d’ouvrage des habitations de la ville, parfois contraints par des questions économiques et de savoir-faire technique, parfois conditionnés par la sujétion au parcellaire médiéval ou aux réglementations urbaines, et parfois délibérés quant au programme architectural. Ainsi, la pierre est couramment employée pour les reconstructions des maisons et les créations de lotissements après la guerre de Cent Ans, situés aussi bien dans les quartiers anciennement occupés que dans ceux nouvellement dégagés par l’agrandissement de la ville (accrues des enceintes urbaines des XVe et XVIe siècles) ; elle est réservée notamment aux façades des résidences patriciennes ou de grands hôtels particuliers, en concurrence avec la brique à partir des années 1500. Néanmoins, le pan de bois y apparaît également ponctuellement et ce matériau est même très fréquent pour les maisons polyvalentes de bourgeois, de commerçants et pour les habitations sérielles plus modestes. Outre les maisons, l’analyse d’autres catégories de bâtiments des XIIIe – XVIe siècles (églises, enceinte, hôtel de ville) illustre une hiérarchisation dans l’emploi des différents types de matériaux lithiques mis œuvre au sein d’une même élévation (calcaire de Beauce, calcaires du Nivernais, tuffeau du Cher et de Touraine, …), découlant autant de choix techniques qu’esthétiques et révélant l’émergence de nouveaux circuits économiques.