[SCI le monde m’était conté] Alice en Roumanie

« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde. Cette fois-ci, on s’arrête en Roumanie avec Alice, partie à Bucarest pour six mois pour son stage à l’OIF* (Organisation Internationale de la Francophonie)

« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde. Cette fois-ci, on s’arrête en Roumanie avec Alice, partie à Bucarest pour six mois pour son stage à l’OIF* (Organisation Internationale de la Francophonie)

Je suis une éponge

Voilà un mois que je suis à Bucarest. Il fait froid, et depuis mon arrivée, je n’ai vu le soleil que trois fois. Bucarest est une ville grise et un peu sale.Vous ne trouverez ici aucun témoignage sur le choc culturel, ni sur des aventures d’un autre monde, ni sur l’émerveillement de la découverte de « l’autre ». En effet, la Roumanie est un pays occidental comme les autres. Vous pouvez faire vous courses à Carrefour, manger au Mac Donald et acheter des vêtements à H&M. Heureusement que je ne parle pas roumain, car sinon j’aurais l’impression d’être chez moi. Et encore, la mélodie roumaine, bien qu’incompréhensible pour le moment, ne sonne pas vraiment inconnue.

Que vous raconter donc sur la Roumanie ?
Si on fait abstraction du froid, il y fait bon vivre ; la vie est simple et agréable, et rien ne vaut un bretzel fourré au jambon-fromage de la boulangerie Luca. Les gens de la campagne vous diront qu’ils détestent Bucarest, qu’elle est bruyante, stressante, que les gens ne prennent pas le temps de vivre. Je leur conseille alors de ne jamais vivre à Paris. C’est effectivement une ville bouillonnante, mais calme à la fois. La vie culturelle ne saute pas aux yeux, mais lorsqu’on s’y intéresse, elle est sans fin : musées, théâtre, expo underground de toutes parts ; les Instituts Français et Cervantès proposent toutes sortes d’activités et de rencontres.
Les soirées sont, elles aussi, très agitées. Mais je ne suis pas ici pour raconter l’ambiance des soirées à Lipscani (le vieux centre), où la concurrence est rude, entre cocktails à 2 euros et soirées « open-bar » à 5 euros.

 

Histoire et politique :« étrangement, personne n’en parle… »

La politique occupe une grande place dans la société roumaine. Depuis que le régime communiste est tombé, aucun parti politique ni grand leader n’a réussi à redresser le pays. Les scandales de corruption éclatent tous les jours, et régulièrement, anciens ministres, présidents, députés sont envoyés en prison pour corruption ou détournement de fonds.
Étrangement, personne ne m’a jamais parlé de la période communiste qu’a traversé le pays et des traumatismes laissés par la dictature des Ceausescu, comme si cela n’avait jamais existé. La Casa Poporului (parlement) se dresse pourtant triomphante en plein cœur de Bucarest, rappelant à chacun la démesure et la folie du dictateur déchu. L’édifice est le deuxième plus grand au monde, mais semble invisible aux yeux des Roumains. De même, personne ne vous parlera des événements du 21 Décembre 1989, Place du Palais, Calea Victoriei, lorsque l’armée a ouvert le feu sur les manifestants pendant que le couple Ceausescu tentait de s’enfuir par le toit avec son hélicoptère.

 

Et le stage dans tout ça ?

Je suis actuellement en stage au Bureau Régional pour les pays d’Europe Centrale et Orientale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). La vocation principale de cette organisation est de rassembler les pays francophones pour promouvoir et valoriser la langue française dans le monde, défendre les cultures francophones et la diversité culturelle.
Les champs d’actions de ce bureau concernent six pays (Arménie, Albanie, République de Macédoine, Moldavie, Bulgarie et Roumanie), notamment sur des missions éducatives et de développement durable. La situation n’est pas évidente, car dans le meilleur des cas (c’est- à- dire en Roumanie), seulement 2 % de la population est francophone. Les missions sont intenses, et le travail aussi. Il faut être présent sur tous les fronts : national, régional, étatique, diplomatique, sans oublier les réalisations concrètes sur le terrain. L’action de l’OIF se trouve à la croisée de chemins très complexes et divers, mais cette position centrale est sa force.
Jusqu’à ce jour ma principale mission a été d’assurer le bon déroulement du sommet régional de l’OIF où les 6 pays membres de la zone ont défini un plan d’action régional pour la Francophonie. Le mois de Mars est le Mois de la Francophonie. Le travail est intense et l’OIF est partenaire de nombreuses activités francophones. De plus, nous proposons dans nos locaux, des ateliers de recyclage pour les enfants. Nos actions sont plus concrètes, mais comme d’habitude, la logistique et l’organisation demandent beaucoup de temps.

 

« Pas évident de s’adapter à ce milieu social… »

Au niveau personnel, il est très difficile de s’adapter à ce milieu social « élevé ». Je travaille quotidiennement avec des ambassadeurs, des Secrétaires d’État, des directeurs d’Instituts etc…
Je n’ai pas vécu de choc culturel, mais le choc social est bien là. Et je vous assure que ce n’est pas agréable. Il faut changer de tenue vestimentaire, faire attention au moindre mot utilisé, rester discrète et élégante et mettre des robes de grand-mère. Comment s’intégrer dans ce groupe fermé, loin de toute réalité de la vie quotidienne ? Comment accepter ce système, côtoyer des gens avec des rémunérations extrêmement élevées, lorsque l’on vit avec 400 euros par mois ? Que dire à table en présence des ambassadeurs grec, macédonien et albanais ?
L’aspect diplomatique de la mission veut que la vie professionnelle empiète souvent sur la vie privée. Il y a toujours une réception, une rencontre, une intervention, une réunion prolongée… C’est parfois agréable mais souvent pesant.

J’attends avec impatience la venue du printemps. Je m’habitue peu à peu à ma vie roumaine entre intensité du travail et découverte de ce pays quelque peu étrange. Mon stage ce passe très bien, et j’apprends tous les jours. En venant ici, pensais pouvoir « mettre en pratique mes savoirs et développer de nouvelles compétences », comme je l’avais écrit dans ma lettre de motivation. J’apprends en réalité à vivre. A vivre comme une professionnelle, une étrangère, une personne multifonction, indispensable et inutile. J’absorbe tous ce que je peux, je suis une éponge, je ferai le tri plus tard.

Je vous laisse apprécier quelques photos de mon séjour, de mon lieu de travail et de me visites.

*Pour plus d’infos sur l’OIF : http://www.francophonie.org/
Et le centre de Bucarest : http://www.crefeco.org/display.php