Somewhere in New York

SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde.
On décolle de nouveau pour le continent Américain en s’arrêtant à New York où Margaux fait son stage dans un théâtre, le PS122, dans le département de programmation et de production artistique.


SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde.
On décolle de nouveau pour le continent Américain en s’arrêtant à New York où Margaux fait son stage dans un théâtre, le PS122, dans le département de programmation et de production artistique.

Voilà déjà trois mois que j’ai posé mes valises dans la Grosse Pomme et croyez moi, je n’ai rien vu passer. Le mois de mai arrive, les arbres bourgeonnent, Central Park s’est mis au vert et accueille maintenant chaque week-end les pique-niques en famille et les compétitions de base-ball. Mon tour est donc arrivé d’essayer de vous raconter mon périple New-yorkais : ce n’est bien évidemment pas l’inspiration qui manque mais plutôt la créativité. Écrire sur New-York est une tâche bien difficile tant tout a déjà été dis et d’une bien plus belle façon que je ne pourrais jamais le faire. Je n’essayerais donc pas de la jouer à la Sinatra, Jay-Z, Fitzgerald ou Katherine Pancol.

Décollage immédiat pour la piste aux étoiles

Si je fais un bon en arrière de quelques mois, New York avait une toute autre allure. J’ai atterri en plein milieu de la plus grosse tempête de neige que la ville avait connu depuis 50 ans. L’aéroport fermait, les taxis avaient l’interdiction de rouler et la neige ne s’arrêtait plus de tomber… Scénario de fin du monde à la sauce Hollywoodienne !

Ce n’est donc qu’à partir de mon deuxième jour sur le territoire américain que j’ai vraiment pu commencer mon périple et me la jouer 100% touriste. En cette première semaine, j’ai “englouti” la ville – et le mot est faible.

Je me retrouve devant un Central Park enneigé et uniquement peuplé de ces braves écureuils qui affrontent ce froid polaire, je me perds dans la jungle des buildings, je longe l’Empire State Building et le Rockefeller Center, je marche sur la Cinquième Avenue, passe à côté de Tiffany’s, je descends dans le Financial District où l’on peut admirer le tout nouveau et éclatant One World Trade Center, je passe devant Wall Street – pas si impressionnant que ça finalement – j’aperçois au loin la Statue de la Liberté et Ellis Island, je traverse le Brooklyn Bridge et je m’arrête un moment sur Broadway et les fameuses marches de Times Square. Je suis là, en plein cœur de la ville et pourtant je n’imprime pas. Je me répète constamment que “ceci n’est pas un rêve” mais rien n’y fait.

Le plus étrange, c’est que je ne me sens pas dépaysée. New York n’est pas si inconnue. Merci Friends, How I met Your Mother et la complète filmographie de Woody Allen.
Un homme croisé dans le métro résumera parfaitement mes premières impressions et cette inquiétude qui pesait sur moi d’être déjà de ces voyageurs “blasés” : “tu sais, New York, c’est cette ville qu’on a l’impression de connaître sans ne l’avoir jamais vraiment vu”.

Il me faudra quelques semaines pour réaliser que ce quotidien était ma nouvelle réalité et que ce que j’avais vu jusque là n’était que la partie émergée de l’iceberg. Depuis, j’ai pris le temps de sortir des sentiers mille fois battus pour me perdre dans les allées de traverses de Brooklyn, les rues de l’East Village, pour flâner le long de l’Hudson et East River et écumer les scènes de théâtres underground. Car finalement, c’est surtout pour ça que je suis là.

Le stage, le stage, le stage!

Ce stage, c’est l’opportunité d’une vie. C’est une chance incroyable qui m’a été offerte. C’est ce moment qui se concrétise alors que tu ne sais même pas ce que tu as fait pour le mériter. C’est de ces “merci” qui ne seront définitivement jamais suffisants.

Je suis donc partie pour passer quatre mois au Performance Space 122, un théâtre Off-Off Broadway, dans le département de programmation et production artistique. Pour faire court, la différence entre Broadway et le Off-Off, c’est le nombre de place dans le théâtre et le type de théâtre qui y est présenté.
Sur Broadway, on trouve des théâtres à plus de 499 places qui produisent un théâtre exclusivement commercial pour gérer les coûts de productions. On y retrouve donc toutes les grosses comédies musicales ultra connues et les “blockbusters” théâtraux.
En Off-Off, on est sur des salles de moins de 199 places où le théâtre est plus risqué sur la forme et le fond. C’est du théâtre ou de la danse de performance (je caricature, les bouquins sur ce sujet pourraient remplir à eux seuls la BU de Champo!) engagé artistiquement et/ou politiquement. Le PS122 (de son petit nom) existe depuis les années 1980 et est devenu une référence dans le domaine des “performing arts”.

D’ailleurs, pour ceux qui seront toujours sur Albi/Toulouse en novembre prochain, vous aurez l’incroyable possibilité d’assister à deux de leurs spectacles au Théâtre Garonne (co-producteur de la tournée européenne du PS122).

Bref, je me retrouve donc à bosser avec Jess, ma tutrice et productrice artistique, sur la préparation de la saison 2015-2016 et de leur festival annuel qui a lieu en Janvier – le COIL Festival.

Comme le théâtre subit depuis 2011 de gros travaux de rénovation, et que l’équipe a été implantée à Brooklyn, la gestion de la programmation a pris un nouveau visage. Une fois les artistes trouvés (ça prend une ligne à écrire, des mois à réaliser!), il faut chercher des partenaires (co-producteurs) pour la diffusion des spectacles. Heureusement, le monde du Off-Off est petit et le PS122 fait partie de ces théâtres avec qui beaucoup de structures veulent travailler.

Pendant les périodes de négociations, je passe du côté marketing et j’ai dernièrement participé à la préparation du Gala qui a eu lieu lundi dernier. Un show à l’américaine dans toute sa splendeur : salle immense et magnifiquement décorée, petits fours, robes de soirée et costumes, discours, discours, discours, célébrités du monde du théâtre, flash de photographes, autographes et open bar.
Oui, parce que ça boit beaucoup à New York dans les soirées mondaines et on a beau être le plus grand patron du Financial District, ça ne gène personne d’être complètement démonté sur la piste de danse sans pouvoir tenir debout ou aligner une phrase correctement. Ah ces Américains! Mais il n’y a pas à dire, ils savent faire la fête!

Pareil au bureau, où on se retrouve tous les vendredis soirs pour un Beer Clock entre collègues (et oui, ici, on a upgradé la pause café). L’équipe est super jeune (entre 30 et 40 ans), l’ambiance est beaucoup plus amicale et les relations sont moins hiérarchiques et formelles que ce que j’ai pu voir en France. En même temps, le côté théâtre et environnement artistique doit jouer.

Métro, boulot sans dodo

Lorsque je ne suis pas au bureau, j’ai pris le rythme New-yorkais : je cours partout. À Paris on fait “métro, boulot, dodo”, ici c’est “métro, boulot”, le dodo sera pour plus tard. Normal, me direz vous, quand on vit dans la ville qui ne dort jamais et ça me va très bien.

Après mes journées de travail, je passe le plus clair de mon temps sur les fauteuils des théâtres. Je tente, je m’aventure et je découvre. Je pousse les portes d’anciens hangars, de vieilles églises, d’écoles rénovées qui sont maintenant le terrain de jeu de l’expérimentation scénique et de la performance, ou je me retrouve dans des théâtres dits européens (avec une jolie façade, une grande scène et de beaux gradins) pour des shows un peu plus “officiels”.

Au début, je planifiais mes sorties et je savais exactement ce que je voulais voir. Maintenant, je ne lis même plus les descriptifs et me laisse la surprise. Pour l’instant, pas de grosse déception. Ça arrive bien sûr, mais on en tire toujours quelque chose. Et quand je ne suis pas au théâtre, je cours dans les musées, je fais des vernissages et je rencontre du monde.

Je n’ai pas encore eu le temps de vraiment flâner dans les nombreux parcs de la ville – en même temps, entre les -25° du début, la neige du 1er Avril et la pluie qui a fait son entrée sur scène, ce n’était pas l’idéal. Heureusement, le soleil perce quelques fois et je crois qu’il est parti pour s’installer durablement pour les mois qui arrivent. Il me tarde donc d’aller découvrir d’autres endroits!

« Keepin’ my eyes wide open »

Ce qui reste génial, c’est que cette ville est un émerveillement quotidien. Je ne peux me lasser de ses paysages urbains, de ses gens incroyables. De partout, on peut admirer l’Empire State, à chaque fois je m’émerveille des lumières de Times Square, des façades des théâtres de Broadway et de tous ces petits secrets qui ne demandent qu’à être découvert. Je comprends pourquoi tant d’artistes s’en sont inspirés.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Le racisme, la pauvreté et certaines odeurs nous ramène dans une réalité bien trop brutale. Alors oui, on tourne la tête, on change de wagon, on accélère le pas. Ce n’est pas spécifique à New York, mais comme la ville est énorme, ces inégalités sont beaucoup plus visibles. Oui, on ferme les yeux pour éviter de culpabiliser d’avoir acheté un café de 410 calories à 5$ au Starbucks du coin ou d’avoir pris une place bien au chaud pour un spectacle à une quinzaine de dollars. On vit en ne regardant du monde que ce que l’on veut y voir, à y trouver que ce que l’on veut bien y trouver. On court, on se bouscule pour prendre le métro qui vient d’arriver, bien trop pressé pour attendre le prochain qui arrivera dans trois minutes! Trois minutes c’est déjà trop ! On râle aussi contre ces touristes qui s’arrêtent en plein milieu du trottoir pour prendre une photo (sérieux, on est d’accord, ça se fait pas!), on devient expert du doublage de mamie qui a tout son temps pour aller d’un point A à un point B, quand toi, tu es déjà super en retard pour ton prochain spectacle.

Mais tout ça n’est que futile au regard de cette expérience qui m’a été offerte. New York, ça reste le paradis, mon paradis. Ça met un sacré challenge pour la suite. Il va falloir être à la hauteur, et continuer de grimper ne sera pas sans embûche. Quelqu’un, que je ne remercierais jamais assez, m’a mis dans un propulseur et j’ai atteint les étoiles…Je ne sais pas ce qui viendra après. Tout ce que je sais, c’est que je veux continuer de rêver. J’enfile mes gants, soyez prêts, me voilà dans l’arène !

 

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