« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde.
C’est au tour de Malaury de nous présenter son expérience au Laos.
D’Albi à Toulouse. De Toulouse a Paris. De Paris à Bangkok. De Bangkok à Vientiane.
Et enfin me voilà arrivée au Laos. Ou plutôt en République Démocratique Populaire Lao, en anglais Lao PDR. La blague veut que PDR se traduise par « PleaseDon’t Rush », « ne vous précipitez pas ». Et en voyant la file de voyageurs qui patientent devant les deux seuls agents de l’immigration pour 200 passagers, dès l’atterrissage, l’expression prend tout son sens !
Vientiane, La Tranquille
Ici, pas de gratte-ciel ni de quartiers d’affaires : avec un peu plus de 700.000 habitants, vivre au sein de la capitale laotienne ressemble davantage à vivre à Albi plutôt qu’à Paris ! Protectorat français de 1893 à 1945, le Laos a souffert-en silence- de la guerre d’Indochine, avant d’accéder à l’indépendance en 1975. Depuis, c’est ce qu’on pourrait d’écrire comme une « dictature molle », où le parti communiste est le seul autorisé, où la presse est contrôlée par l’Etat et où l’on doit expliquer aux habitants, en tant qu’étranger, ce que c’est de voter. Mais la vie quotidienne y est paisible.
Le passe francophone est présent partout, bien que le statut de la langue ne soit pas bien défini. Les noms de certains édifices publics, les plus anciens, sont en français, quand d’autres sont en lao, ou encore en anglais. De nombreux Laotiens, quand ils ne le parlent pas, ont des notions de français, qu’ils sont très fiers de partager !
Paisible et agréable, Vientiane s’étend sur la rive gauche du Mékong, face à la Thaïlande. C’est une ville facile à apprivoiser, et le sourire et la douceur des Laotiens permettent une adaptation rapide. Vientiane est calme, mais aussi authentique. Ici pas de grands magasins, ni même de supermarché. Les échoppes fleurissent partout sur les trottoirs dès le lever du jour. Il y a bien la superette du quartier, mais on n’y croise que des expats.
Trouver sa place entre deux mondes
Les expats, parlons-en. Ils, ou peut-être devrais-je dire nous, formont une ville dans la ville. Une communauté bien à part, qui ne se mélange pas. On travaille tous dans le secteur du développement, et qu’il soit écologique, social, politique ou sanitaire, on se croise régulièrement en réunion. J’ai été surprise au début de voir que cette communauté, dans laquelle j’ai immédiatement été intégrée, semble vivre au Laos, mais toujours en restant « au-dessus ». Gros 4×4 sièges en cuir, maison immense, femme de ménage et gardien, j’ai encore bien du mal à me sentir à ma place. Mais finalement, même la maison que je partage avec une australienne et une américaine possède des caméras de surveillance…
A cela s’ajoute le large fossé entre la majorité des habitants, et les Laotiens que je fréquente, qui eux aussi travaillent pour le développement, les ONG occidentales, le gouvernement, parlent anglais, et envoient leurs enfants dans les écoles internationales. Ici pas de classe moyenne. Dans ma rue, mes voisins d’à côté vivent dans un château, ceux d’en face dans une ruine sans porte ni fenêtre. Parfaite représentation de la population de Vientiane. Heureusement, mon stage au sein du Fond des Nations Unies pour la population me permet de travailler pour et auprès de la population locale.
UNFPA: Réaliser un monde où chaque grossesse est désirée, chaque accouchement est sans danger et le potentiel de chaque jeune est accompli.
Intégrer cette agence des Nations Unies était mon objectif. Le Fond des Nations Unies pour la Population, méconnu aux dépens de l’UNICEF et de l’OMS, m’apparaissait comme la parfaite combinaison entre mes études internationales et ce en quoi je crois. Le destin a fait que le bureau laotien a été le premier à accepter ma candidature, pour un stage de communication.
Apres des premiers jours à me plonger dans les rapports, analyses et autres documents un peu ennuyeux pour me familiariser avec les termes et les programmes, le « vrai » travail a commencé.
L’UNFPA au Laos a deux axes d’action : l’accès universel à la santé de la reproduction, et l’étude des dynamiques des populations. Le gouvernement est un interlocuteur direct, ce qui est toujours impressionnant. Je ne m’attendais pas à me retrouver assise à côté du ministre de la Santé lors d’une conférence, deux semaines seulement après mon arrivée ! Programmes de planning familial, de formation de sages-femmes, d’éducation sexuelle, de recensement des populations, d’études démographiques… Mon rôle dans tout ça n’est pas toujours évident. Il faut avoir une vision globale, pour pouvoir promouvoir nos actions dans les medias et sur les réseaux sociaux. J’assiste donc à de nombreuses réunions, sans vraiment participer, ce qui peut s’avérer frustrant, mais toujours enrichissant. La proximité avec les acteurs politiques importants rend le travail passionnant. Chaque réunion peut avoir un réel impact sur la population laotienne, sur le long terme. L’UNFPA aborde en ce moment la question de l’avortement, sujet sensible dans une dictature communiste et aux fortes valeurs bouddhiste. Les jeunes filles laotiennes, surtout celles qui vivent dans les provinces éloignées, n’ont aucun droit. L’UNFPA lutte, lentement et patiemment, pour leur donner une voix. C’est passionnant.
Et la culture dans tout ça ?
Evidemment, la sante publique en est bien éloignée des programmations culturelles, des musées, théâtres et expositions… Mais elle est au cœur de la culture du pays, des valeurs de la population et de ses conceptions de la vie, avec lesquelles il faut composer chaque jour.
Presque deux mois se sont écoulés depuis mon arrivée, et déjà tellement de rencontres et de découvertes. Toujours au rythme du Laos, paisible !
Le site web de l’UNFPA au Laos
Et si vous voulez m’aider, suivez-nous sur twitter @UNFPALaoPDR et sur Facebook @UNFPA Laos