[SCI le monde m’était conté] Guillaume, à Sfax, tout va bien ! Hamdouli’Allah !

« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde.
Direction Sfax en Tunisie où on retrouve Guillaume en stage à l’Institut Français de Tunisie et plus précisément à la Maison de France ou celle de Guillaume… On sait plus !


Je dois tout d’abord remercier Margot d’avoir publié une offre de stage de l’Institut Français de Tunisie, ce qui m’a ainsi permis de découvrir ce pays magnifique et ses trésors culturels et humains.

La Tunisie : première démocratie du monde arabe

La Tunisie a connu la première révolution du XXIème siècle. Certains ne considèrent pas l’événement comme tel mais le moins qu’on puisse dire c’est que l’événement en question a quand même mis fin au « règne » du « président » Zine el-Abidine Ben Ali qui aura duré 23 ans 2 mois et 7 jours et aura donc pris fin le 14 janvier 2011 maintenant jour férié connu sous le nom de Fête de la Révolution et de la Jeunesse. J’aime bien l’idée…
Comme le répètent les médias, il semblerait que la Tunisie se trouve aux avant-postes de la fameuse lutte contre le terrorisme. La situation du pays voisin, la Lybie, est instable. Cette situation « déborde » sur le territoire tunisien. Après les attaques du Bardo et de Sousse, l’attentat contre un bus de la garde présidentielle en 2015 et les événements de Ben Guerdane en ce début d’année 2016, il est difficile d’avoir une discussion avec des tunisiens qui ne tourne pas autour de ça.
Ces attaques minent l’économie tunisienne qui était basée sur le tourisme et qui doit maintenant s’adapter à la désertion de ses hôtels et de ses plages. Lors de discussions avec des tunisiens, l’incapacité de la classe politique post-révolutionnaire est pointée du doigt et dans le pire des cas, on peut arriver à évoquer une inévitable intervention en Lybie, qui aurait d’ailleurs déjà commencée avec des bombardements sporadiques des Etats-Unis d’Amérique et des opérations « secrètes » de l’Armée française (http://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/24/la-france-mene-des-operations-secretes-en-libye_4870605_3210.html).
L’instabilité s’exprime aussi par des manifestations de jeunes chômeurs réclamant du travail dans les gouvernorats dits de « l’intérieur » comme celui de Kasserine. Ces gouvernorats avaient été le foyer de la révolution tunisienne. Ces jeunes réclament du travail et dénoncent l’absence de politique de lutte contre le chômage.
Sur l’île en face de Sfax, Kerkennah, un sit-in de diplômé chômeurs et d’ouvriers de la société pétrolière PETROFAC a été violemment dispersé cette semaine alors que les ouvriers revendiquent la régularisation de leur situation professionnelle.
La situation politique du pays est « complexe » et pour ma part, j’avoue que je trouve ça particulièrement intéressant.
Sfax, la capitale du sud tunisien. Sfax, Capitale de la culture arabe 2016

Sfax et son agglomération réunit environ 500 000 habitants. C’est la deuxième ville du pays et un centre économique tunisien incontournable. Son port et son usine de traitement des phosphates (la Société Industrielle d’Acide Phosphorique, SIAP) sont les symboles particulièrement visibles de la grande activité industrielle de la ville.

On dit que les Sfaxiens sont connus pour avoir un sens des affaires particulièrement développé. De fait, Sfax est une ville industrielle et s’éloigne de la Tunisie « carte postale » qu’on peut imaginer avec plages et hôtels de luxe. On trouve plutôt cela à Sousse et il semblerait qu’il y ait une certaine rivalité entre ces deux villes. Sousse est la ville de l’ancien président Ben Ali et l’élite soussienne serait plutôt politique tandis que la sfaxienne, plutôt économique.
Depuis 1996, la Ligue arabe, dans le cadre du Programme de Capitales Culturelles de l’UNESCO, a mis en place un événement qui permet de promouvoir la culture arabe et d’encourager la coopération entre les pays du monde arabe. Chaque année, une ville est désignée pour être Capitale de la culture arabe et cette année, ce sera Sfax. J’ai pu participer à une réunion entre le directeur de la Maison de France et le président du comité d’organisation de l’événement. Les projets tournent autour de la mise en place d’infrastructures qui permettraient de redynamiser la vie culturelle sfaxienne. Ils passent entre autres par une revalorisation de la Médina de la ville qui est l’une des rares médina au monde dont la totalité des remparts sont encore debout. L’objectif est de faire inscrire le monument sur la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO.
Un des projets les plus originaux est la reconversion d’une église en médiathèque alors qu’elle faisait office de gymnase, une autre vision du « mens sana in corpore sano »

La Maison de France à Sfax

La Maison de France à Sfax est une antenne de l’Institut français de Tunisie. Le bâtiment date de la fin du XIXème siècle et était un Consulat de France jusqu’à 2006. Elle est constituée de plusieurs « services » : la « Maison des associations », la médiathèque, le centre de langue et un bureau Campus France. Chaque mois, une réunion est organisée entre les représentants des différents services. L’équipe est constituée de français et de tunisiens ayant eu des parcours professionnels très différents. L’ambiance de travail y est plutôt paisible malgré les quelques mésententes avec l’Institut Français à Tunis.
Je dépends directement du directeur de la Maison et de son assistante. Ces derniers gèrent les relations avec les artistes qui exposent dans la galerie « Nuage » de la Maison de France. Je suis aussi en contact permanent avec les médiathéquaires qui font un travail remarquable avec la mise en place de nombreuses activités culturelles pour tous. Nous collaborons avec elles pour l’organisation des conférences-débats, la dernière ayant été une projection de courts métrages de réalisatrices amatrices dans le cadre de la journée internationale des droits de la Femme.
Le centre de langue et le bureau Campus France ont énormément de travail. Le centre de langue gère toutes les inscriptions au DELF (diplôme d’étude en langue française) qui sont en constante augmentation. En effet, la demande est forte, surtout de la part de jeunes diplômés qui veulent avoir une expérience universitaire en France ou au Québec. La responsable du bureau Campus France doit, elle, gérer les nombreux dossiers des jeunes désirant aller étudier en France.
Je partage mon bureau avec la représentante de la « Maison des associations », Marie. Grâce à elle, j’ai pu rencontrer énormément de tunisiens motivés, dynamiques, créatifs et particulièrement sympathiques. Grâce à elle, je pourrai participer au Forum Jeunesse, l’événement-phare de l’Institut Français de Tunisie en ce qui concerne l’aide au développement et l’appui à la société civile. Il rassemblera environ 200 jeunes acteurs associatifs de toute la Tunisie et se déroulera cette année à Gafsa. Et grâce à elle, j’ai vraiment pu découvrir Sfax et rencontrer des tunisiens. Yaatik Saha collègue!
Ma Maison de France à Sfax

Le directeur de la Maison de France à Sfax m’a généreusement proposé de vivre dans les appartements de la Maison de France qui se situent au deuxième étage du bâtiment. Je vis donc dans un grand appartement avec deux chambres dans une magnifique maison de la fin du 19ème siècle. Cela fait longtemps que je ne me suis pas retrouvé dans un espace aussi grand. Après des années et des années, de chambre d’étudiant en chambre d’étudiant et de colloc en colloc, maintenant, je ne peux plus me plaindre de l’espace que j’ai. Cependant, il y a deux problèmes : le ménage après une tempête de sable et le fait de vivre en résidence surveillée 24/24.
En effet, j’ai vécu ma première tempête de sable dernièrement. Sfax est assez proche du désert pour être la cible de tempête de sable. Il y a deux semaines, j’ai donc bouffé pas mal de sable et quand je marchais pied nus dans ma chambre, j’avais l’impression d’être à la plage ! Le fait de vivre dans un si grand appart n’est pas vraiment un avantage dans ce genre de situation… Quand il s’agit de faire le ménage ou plus précisément de déblayer le sable (j’exagère).
Le deuxième inconvénient est donc le fait de vire en résidence surveillée. Des vigiles sont présents en permanence à l’entrée de la Maison. Ils sont particulièrement sympathiques mais il est vrai que cela ne me donne pas une sensation de liberté extrême. On peut aussi mentionner la camionnette de policiers stationnée de jour comme de nuit devant la Maison. Je crois que je me suis rarement autant senti en « sécurité ».
Le troisième inconvénient est peut-être le fait de vivre là où je travaille. Mais bon je pense à ceux qui ont leur « métro-boulot-dodo » et puis j’oublie.
L’avantage numéro 1 est en fait la médiathèque. Je vis dans une bibliothèque. Vous me direz : « plus de raison de rendre ces livres en retard » mais surtout plus de raison de plus en prendre. Donc, quand je suis chez moi, je me fais une sérieuse mise à jour niveau films, BD et romans (j’ai même trouvé un livre pour écrire son rapport de stage, un chef d’œuvre !) (je plaisante…).

Pour conclure, malgré ses airs de ville industrielle un peu rustre, j’aime Sfax. Malgré tout ce qu’on peut dire sur l’insécurité dans laquelle on est censé vivre ici, j’aime la Tunisie. La nourriture y est bonne, les gens avenants et intéressants, le temps clément, la culture riche, le stage enrichissant (professionnellement). C’est une expérience inédite et incroyable que de vivre dans un pays où on ne comprend pas forcément tout comme la langue (on n’a cessé de me répéter que c’était un pays francophone, mais il ne faut pas oublier que les tunisiens parlent surtout arabe tunisien, au cas où on l’aurait oublié), les manières de voir ou même l’humour des fois. Je n’avais vraiment été intéressé par ce pays mais les rencontres que j’ai faites ici m’ont permis de m’ouvrir l’esprit et de découvrir un pays et ses habitants qui sont d’une force de caractère, d’une envie et d’une joie de vivre qui me stimulent. Il me reste jusqu’à juin pour découvrir le maximum de trésors tunisiens.

Pour plus d’infos, voici les liens suivants :
Institut Français de Tunisie / Maison de France
Sfax capitale de la culture 2016

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