[SCI le monde m’était conté] Le Paraguay… ou le pays des contrastes

« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde. Cette fois-ci, on quitte l’Europe et on traverse l’Atlantique, direction le Paraguay. Irene est partie en février pour Assomption, au Centro Cultural de Espana*. Suivez le guide !

« SCI le monde m’était conté », c’est le nom de code du projet web des étudiants du master Stratégies Culturelles Internationales, actuellement en stage aux quatre coins du monde. Cette fois-ci, on quitte l’Europe et on traverse l’Atlantique, direction le Paraguay. Irene est partie en février pour Assomption, au Centro Cultural de Espana*. Suivez le guide !

Rien ne se passe par hasard. Du moins, c’est ce que je pense après que le destin ait changé mon lieu de stage. Changement de dernière minute : après plusieurs mois de lecture et de prise de renseignements sur le Brésil, cela est annulé et on me propose de partir au Paraguay. Je ne connaissais absolument rien sur ce pays -comme la plupart des gens sur Terre- donc l’inconnu m’a fait répondre : pourquoi pas ?

Atterrissage dans le pays

Aux yeux d’un européen, le Paraguay est un pays qui choque. Il s’agit d’une combinaison de contrastes qui te déplacent en quelques secondes, du présent au passé et vice versa. On peut observer une pub sur un écran gigantesque de technologie de pointe pendant qu’on attend un bus pittoresque -ou, « colectivo » comme on dit ici – qui a au moins 30 ans, qui sent l’essence à plein nez et qui n’a, bien sûr, pas de clim ! Mais ce n’est pas très grave, on prend le bus quand-même à 0,45 € le trajet. Pendant ce petit voyage mouvementé en colectivo, on observe quelques éléments qui attirent notre attention. Autour du chauffeur, on trouve toute une panoplie d’éléments déco -si ça peut s’appeler comme ça- où les saints et les devises religieuses ne manquent pas…Ils conduisent tellement vite, que parfois il vaut mieux faire une petite prière ! Si nous observons dehors, la majorité des voitures sont des tout-terrain -les rues sont tellement mal chaussées qu’il en faut un pour survivre ! Et quoi dire des piétons ? Rien. Puisque, vu d’un automobiliste, ils n’existent pas. Ils peuvent seulement traverser la rue s’il n’y a pas de voitures qui circulent à toute allure. Mais une fois que l’on s’habitue à faire attention constamment, ce n’est plus dangereux.
Continuons notre promenade à pied, ce qui nous permettra d’apercevoir d’autres détails. Quelques consignes sont à prendre en compte : impossible de marcher et écrire sur Whatsapp en même temps, pour deux raisons principalement. La première : il vaut mieux ne pas montrer qu’on a un smartphone super cool, si on ne veux pas risquer d’être attaqué. La deuxième : c’est une question de survie, si on ne regarde pas le sol, on risque enfoncer le pied (et la moitié de la jambe) dans un trou sur le trottoir ! Les couvercles des égouts sont en fer, donc ils sont volés et revendus à bon prix (oui, vous avez bien compris, la pauvreté est présente dans tous les coins au Paraguay).

Néanmoins, tout n’est mauvais ici ! Ce pays, oublié au cœur de l’Amérique du Sud et éclipsé par ses voisins, possède une immense richesse naturelle et culturelle, avec une vingtaine de communautés indigènes différentes et des dizaines de langues diverses. Une grande partie de la population parle, ou du moins comprend, le guarani. Du mélange entre le guarani et l’espagnol est née une nouvelle langue appelée « joaprá ». De plus, le Paraguay est le seul pays d’Amérique latine qui reconnaît être bilingue, ce qui confère une grande importance à cette langue, bien qu’elle soit considérée parfois comme la langue de la province.
Étant un pays méconnu, le Paraguay n’attire pas beaucoup de touristes, ce qui freine d’une certaine façon son développement. Ainsi, il est l’un des pays le plus authentiques d’Amérique latine, l’un des pays où l’occidentalisation a mis plus de temps à arriver. Pour illustrer ce propos, il suffit de dire que dans la capitale il n’y a qu’une quinzaine de gratte-ciels, que cela fait juste quelques années qu’il y a des bars où sortir le samedi et quelques lieux de promenades pour se balader le dimanche. Il est très intéressant d’assister à cette évolution de la ville d’Assomption : des petits pas pour la ville, des grands pas pour les citoyens !

Stage au Centro Cultural de España « Juan de Salazar »

Assomption manque encore d’espaces culturels publics qui promeuvent l’accès démocratique à la culture -cela ne fait que huit ans que le Gouvernement possède un « Secretaría Nacional de Cultura »-. Ainsi, le CCE Juan de Salazar joue un rôle majeur en ce qui concerne la programmation culturelle accessible à tous. La partie de l’équipe dédiée à la programmation est très petite par rapport au niveau d’activité, donc dès le premier moment, on m’a intégrée en souhaitant que je sois autonome le plus tôt possible pour pouvoir filer un coup de main.
Le CCE est installé dans deux anciennes maisons coloniales reformées où il y a tous les équipements nécessaires : bibliothèque, salle d’atelier, auditorium, salle d’expo, cabine radio, musée, bureaux, laboratoire de nouvelles technologies, une cafétéria en construction et une grande cour au milieu, ce qui permet l’organisation de tout type d’activités.

Au Centre culturel, chaque mois est dédié à une thématique. Le mois de mars est, par exemple, dédié aux femmes. Ainsi, nous avons organisé un colloque sur une artiste espagnole qui s’est installée au Paraguay et qui a bouleversé plusieurs champs de l’art paraguayen du XXe siècle ; des séances cinéma avec un focus sur le cinéma politique réalisé par des femmes ; une expo sur des artistes céramistes traditionnelles du Paraguay ; des activités pour les enfants afin de les introduire à la question de l’égalité homme-femme ; des pièces de théâtre… Bref, tout un éventail d’activités diverses et variées dont l’organisation requiert de la polyvalence !
Quant à l’équipe, nous sommes 4 personnes en programmation culturelle et à part ça, il y a une quinzaine de personnes qui permettent le bon fonctionnement du Centre Culturel : chargés du service communication, techniciens, bibliothécaire, chargé de la radio, secrétaire, comptable, gardien, informaticien, etc-. C’est une équipe jeune et très unie, ce qui crée une ambiance très agréable au travail, mais aussi ailleurs puisque nous nous voyons souvent en dehors du CCE.

Bref, la vie ici est très différente de celle de l’Europe, mais elle a du charme à sa façon. Dans une ville où l’on n’a pas toutes les commodités auxquelles on est habitué, on ouvre l’esprit et ce qui auparavant était indispensable devient d’un jour à l’autre quelque chose de superflu. Une fois qu’on s’y fait, on arrête de se poser des questions et on profite de la vi(ll)e d’Assomption telle qu’elle est. Je vous avoue que, jusqu’à présent, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la question : le Paraguay, pourquoi pas ?

Page web du Centre culturel d’Espagne Juan de Salazar
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