Castelnau, de son vrai nom de Curières de Castelnau, naît en 1851.
Sa famille, l’une des plus anciennes de France, puisqu’elle prouve sa filiation depuis 1264, a d’illustres ancêtres : dont deux ont participé à une croisade avec Saint-Louis et ramené en France une épine de la couronne du Christ. Les ancêtres de Castelnau embrassent plutôt des carrières militaires, puis optent pour des carrières administratives. Cependant, ils côtoient toujours la Cour et les grands du royaume de France.
Sa famille est ruinée par la Révolution : elle s’installe donc dans une modeste maison à Saint- Affrique, en Aveyron.
Édouard y naît, elle est toujours occupée par sa famille depuis la Révolution. Il a pour père Michel de Castelnau, un intellectuel, philosophe, qui a fréquenté les cercles littéraires de Paris dans sa jeunesse. Un érudit, en somme. Il est un temps maire de Saint-Affrique.
Sans surprise, sa famille est monarchiste et catholique traditionnelle, ce qui se ressent dans l’éducation du jeune Edouard. Celle-ci passe par ses oncles, les abbés Barthe, qui vivent dans la même maison que lui.
Globalement, Castelnau vit une enfance heureuse, comme il le raconte lui-même à un journaliste en 1924. Il suit sa scolarité au collège Saint-Gabriel dans sa ville natale, où il est un bon élève. Il excelle surtout dans les exercices physiques, entre les “jeux de ballons” et la gymnastique. C’est un enfant dynamique. Il est décrit par ses proches comme énergique et enthousiaste, hâbleur et sifflotant avec un physique trapu et de petite taille,
Il monte ensuite à Paris rejoindre son frère Clément et reçoit un enseignement à l’Ecole Sainte-Geneviève. À partir de là, en 1869, il prépare le concours d’entrée à l’Ecole militaire de Saint-Cyr. Au début, il a souhaité s’engager dans la marine, comme son ancêtre le chevalier de Saint-Côme au XVIIe siècle. Mais ses oncles s’y opposent, jugeant les voyages en mer immoraux.
Il intègre donc l’école militaire de Saint-Cyr en 1869, puis sert au moment de la guerre franco-prussienne de 1870.
L’ascension d’Édouard de Castelnau
C’est sa participation comme sous-lieutenant au conflit franco-prussien qui accélère son ascension.
Dès celle-ci achevée, il sert comme lieutenant puis capitaine dans divers régiments. (Le 31e et le 36e). En 1879, Castelnau intègre l’Ecole de Guerre, puis en 1893, il est affecté à l’état-major à Paris. Il reçoit alors ses premières distinctions et notamment la croix de la légion d’honneur en 1891. Mais, ne cachant pas ses origines aristocratiques et catholiques, sa carrière en pâtit.
Le général André, par exemple, tente de le licencier en 1900. Il n’atteint pas non plus le grade de maréchal après la guerre.
Il poursuit cependant, son ascension et est nommé au 37e régiment d’infanterie par le général Delanne, Le 25 mars 1906, il est promu général de brigade, en 1909, général de division, puis premier sous-chef d’État Major. On lui confie la conception du plan XVII en 1912/1913, qui sera important au moment de la guerre.
En 1912, il devient chef d’État-major puis est nommé au Conseil supérieur de la guerre peu avant la guerre. Il prend le commandement de la deuxième armée française, puis se trouve fortement impliqué dans le débat de la loi dite des Trois ans en 1913. Celle-ci allonge à trois ans la durée du service militaire.
Cette décision, qui intervient dans un contexte de fortes tensions internationales, est vivement critiquée par des personnalités importantes comme George Clémenceau.
Pourtant, à la veille de la Première Guerre mondiale, l’armée française a pris du retard sur l’armée allemande. Édouard de Castelnau, à travers cette loi, a tenté de préparer la France a la Grande Guerre.
Un Chef de guerre avec des idées novatrices
Édouard de Castelnau démontre tout son génie militaire durant les premiers mois de la guerre, en réussissant à arrêter la IVe armée allemande.
La résistance de la 2e armée de Castelnau à Nancy du 5 au 11 septembre permet au front de tenir à l’Est de ce qu’on nomme aujourd’hui la bataille de la Marne. Après la victoire des forces alliées contre l’offensive allemande, Édouard de Castelnau et la 2e armée ont pour ordre de dépasser les positions allemandes pour l’Ouest durant l’épisode de la course à la mer. Mais il ne réussit pas à déborder les lignes allemandes qui réalisent le même mouvement stratégique, il n’arrive pas à créer un surnombre assez important en raison des problèmes logistiques qu’engendre une telle pirouette.
Durant la course à la mer, Édouard de Castelnau obtient quand même deux succès notoires mais d’ampleur assez restreinte. La bataille de Roye, en octobre 1914, est une bataille défensive remportée in extremis par la 2e armée. Quant à la bataille de Quesnoy-en-Santerre, Castelnau utilise de nouvelles doctrines alors jamais utilisées et très novatrices : un barrage roulant, qui suit les mouvements de l’infanterie, et le déplacement en formation très espacé. Malgré les réussites de sa stratégie, cette bataille n’est pas assez importante pour avoir un effet sur le front. Il a par la suite d’autres prérogatives.
Il reste considéré comme un stratège de guerre. Il est également militariste au sens où il considère que l’armée doit être prépondérante dans la société.
Édouard de Castelnau est proche de ses les soldats, présents dans les tranchées, dans les postes de secours et hôpitaux. Il accorde une grande importance au soin des soldats blessés mais aussi morts. Il s’estime responsable des pertes et pense que son premier devoir est de les limiter. Cette stratégie de proximité auprès des soldats sur les champs de batailles lui a permis d’être Général populaire et apprécié.
Cette popularité le suit jusqu’au Grand Quartier Général (GQG), puisque le 11 décembre 1915, il est nommé chef d’état-major général des armées françaises. Il intervient donc dans les décisions stratégiques. Il dirige le GAC (Groupe d’armée du centre).
la bataille de Verdun (du 21 février au 18 décembre 1916)
La place de Castelnau dans la victoire, contrairement à Joffre, est cruciale. Il est appelé : “le sauveur de Verdun oublié”.
Pendant la première partie de l’année 1915, le généralissime Joffre et celui qu’il considère comme son second opérationnel, le général Foch, entraînent les armées françaises dans une série d’offensives dont les gains sont négligeables au regard des pertes qu’elles engendrent.
Castelnau y est résolument opposé. Il propose de rechercher plutôt une victoire dans les Balkans où les alliés de l’Allemagne sont dans une position critique. Il prend les décisions capitales pour la victoire, celle de nommer le général Pétain au commandement et c’est lui enfin qui ordonne au mois de novembre 1916 la dernière offensive transformant cette longue bataille en une victoire française.
Après-guerre : Le général en politique !
C’est pendant le début de l’après-guerre qu’éclate “l’affaire des bâtons » concernant Castelnau et sa nomination au titre de maréchal de France.
La sortie du Premier Conflit mondial s’accompagne de prestige pour l’État-major français sorti vainqueur. On voit, dès novembre 1918, la nomination de Ferdinand Foch et de Philippe Pétain en tant que maréchaux, Joffre étant déjà maréchal depuis 1916 tandis que Castelnau n’est pas promu. On attend alors sa possible nomination, ainsi que celle de plusieurs autres maréchaux en 1921. Sont nommés : Gallieni, Lyautey, Franchet d’Espèrey et Fayolle, mais toujours pas Castelnau.
Cette non accession à la dignité de Maréchal peut s’expliquer par la foi catholique affichée d’Édouard de Castelnau. Il fait face à l’anticléricalisme qui caractérise la IIIe République. La tendance est alors plutôt de favoriser les officiers dit « Républicains » plutôt que Catholiques. Et malgré une proposition de loi ayant pour but de la lui décerner, il n’obtient pas cette distinction et déclare lui-même ne pas se sentir affecté par cette affaire.
(Le nom « affaire des bâtons. » est une référence aux bâtons honorifiques donnés aux maréchaux.)
Dans la foulée de ces événements Castelnau se positionne en politique il est aussi élu président de la Commission de l’Armée française où il participe au remaniement de l’armée d’après-guerre.
Même si cette “affaire des bâtons” à un fort retentissement. Castelnau est élu en 1919 comme député de l’Aveyron en tant que candidat de la Fédération républicaine.
Mais c’est en 1925, un an après la fin de son mandat de député de l’Aveyron, qu’il fonde La FNC, la Fédération nationale Catholique. Une union de différents mouvements catholique et de nombreux diocèses.
Ce mouvement politique milite contre les principes de laïcité et pour un retour à la foi catholique et ses valeurs. Dans la foulée est aussi fondé son organe de presse France Catholique, un hebdomadaire encore existant aujourd’hui.
En 1924, il est président de la Ligue des Patriotes, une organisation notamment liée au boulangisme. Cependant il délègue dans les faits la présidence. Cette direction politique lui attire une forte opposition au sein du corps politique français, notamment de la mouvance Radicale-Socialiste.
Aux élections de 1928 et de 1932, la FNC tente, en vain, d’accroître son influence, mais sans le soutien de la Papauté qui ne voit pas d’un très bon œil ce parti catholique et lui préférant des organisations moins politiques. Finalement, la France des années 30 s’éloigne de plus en plus des idées du FNC en termes politiques.
La fin de vie politique de Castelnau.
Durant les années 1920 Édouard de Castelnau s’attaque régulièrement, dans la presse, à la politique française des réparations de guerre de l’Allemagne, qu’il considère comme laxiste. Mais c’est dans les années 1930 qu’il se montre le plus critique. Dans l’Écho de Paris, dont il est l’éditorialiste, il dénonce la politique étrangère française, en particulier sur la question allemande.
L’arrivée de la guerre et la défaite de la France en 1940 va être un coup terrible pour le FNC et Castelnau. Bien que loyal au Maréchal Pétain, il s’oppose à l’armistice et la collaboration. Il quitte Paris en Juin 1940 pour rejoindre le château de Lasserre en Haute-Garonne et critique le gouvernement ainsi que la compétence des officiers français. Il est alors censuré et quitte la présidence de la FNC en 1941 à 89 ans. Dès lors, il s’isole de la vie publique.
Alors âgé, il entre en contact avec des cellules de la résistance française et participe activement en tant que soutien à celle-ci en offrant un stock d’armes caché dans la cave de son château. Il accepte également le départ de deux de ses petits-fils et petits neveux combattre en Afrique du Nord aux côtés des alliés, les aidant à traverser le territoire. Cette participation à la résistance étant la dernière action militaire du général de Castelnau.
Bien que la Seconde Guerre mondiale soit victorieuse pour les Alliés, Édouard de Castelnau ne connaît pas son dénouement. Il s’éteint le 19 Mars 1944 à Montastruc- la Conseillère en Haute-Garonne.
Edouard de Castelnau reste aujourd’hui, un homme politique et militaire qui a définitivement marqué la IIIe république. Sa participation aux conflits marquants de la fin du XIXe et début du XXe siècle fait de lui une figure majeure indéniable du militarisme. Toutes ces luttes et ces actions menées le feront travailler avec des grandes personnalités politiques de l’époque tel que le général Joffre, Foch… Mais l’influence d’Edouard de Castelnau peut être contestée car limitée. Au cours de sa carrière, il a eu du mal à imposer ses idées, dues à sa religion catholique et ses origines aristocratiques. Cela a quelquefois été un obstacle à sa reconnaissance dans le milieu, et c’est pour cela qu’il n’a jamais pu accéder au grade de maréchal.
Étudiants :
Clara Gonzalez L2 Histoire / Ronan Lecoq L2 Histoire
Leo Bouscayrol L1 Histoire / Julien Fontana L1 Histoire / Samuel Castan L1 Histoire
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