Les soldats au retour de la guerre d’Algérie : Du silence jusqu’aux témoignages

Contexte :

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, nous rentrons dans la période des « Trente glorieuses » et dans une phase de guerre froide entre les deux puissances : les États-Unis (capitalistes) et l’Union soviétique (communiste).

Les États-Unis étaient alors la première puissance économique. Les pays d’Europe, et notamment la France, ont suivi son exemple et ont par la même occasion connu une évolution de la production et de l’économie industrielle. Poussant les populations dans une société de consommation de masse.

Au lendemain de la 2ᵉ Guerre mondiale, la France se lance dans une lutte contre l’insurrection communiste. Puis, le 1er novembre 1954, le FLN déclare son opinion par la violence, provoquant plusieurs vagues d’attentats envers les Européens se trouvant sur le territoire. Les révoltes violentes des Algériens provoquèrent une réponse tout aussi violente de la part des Français, avec diverses méthodes de tortures pour inciter à la soumission générale et saisir les révoltés. C’est ici que débute la guerre d’Algérie.

Dates importantes :

La guerre d’Algérie, autrefois appelée le “conflit algérien”, se passe de 1954 à 1962. C’est une guerre qui a duré huit ans, durant laquelle des événements marquants et majeurs se sont produits. Dont les débuts des hostilités entre les camps provoqués par les 70 attentats du FLN qui enclenchent le début de la guerre ainsi que la chute de la IVᵉ République en 1958. 

Le 21 avril 1961, aussi connu sous le nom de putsch d’Alger. Il s’agit d’une tentative de coup d’État partant depuis Alger avec la participation des militaires de l’armée française en Algérie sous la supervision de quatre généraux cinq étoiles (Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et André Zeller). Après son arrestation, André Zeller produira en prison un journal qu’il nommera ensuite Journal d’un prisonnier, dans lequel il raconte le putsch selon son point de vue à lui.

Vidéo sur Le putsch des généraux 1961

Cette opération a pour but de montrer leur désaccord sur la politique choisie par les autres généraux sur l’avenir de l’Algérie. Ils ont jugé que cette politique était une politique d’abandon dont la seule finalité serait la ruine de la France et donc la chute de l’impérialisme français, surtout après la perte de l’Indochine. Cette tentative visait surtout Charles de Gaulle et son gouvernement peu apprécié par les autres politiciens français.  

Figures importantes (et témoignages) : 

Engagée dès 1956 aux côtés du FLN, Louisette Ighilahriz participe aussi au réseau français des « porteurs de valises » pendant la bataille d’Alger. Blessée lors d’une embuscade en 1957, elle déclare avoir été torturée, notamment par le capitaine Graziani. De retour en Algérie, elle poursuit son combat politique et reçoit plusieurs distinctions pour son rôle dans l’indépendance du pays.

Vidéo de Louisette : 

Torture pendant la guerre d’Algérie : témoignage des victimes – Archive vidéo INA

Charles de Gaulle suite à son retour au pouvoir grâce à René Coty est celui qui “règle” les conflits internes en accordant l’indépendance à l’Algérie après les événements du Putsch des généraux  jugée comme une politique visant à abandonner l’Algérie française. Après le référendum d’autodétermination prononcé par Charles de Gaulle, le 8 Janvier 1961, l’Algérie obtient officiellement son indépendance le 18 Juillet 1962, avec la signature des Accords d’Évian. 

Depuis 1958 l’association de la FNACA, la Fédération Nationale des Anciens Combattants qui ont combattu en Afrique du Nord, a pour objectif de défendre les biens matériels et moraux des concernés, de les reconnaître comme combattants et ainsi leur permettre l’attribution de la carte du combattant. Hélas, aujourd’hui, ces combattants sont de moins en moins nombreux, et ceux qui témoignent encore, rendent la mémoire de la guerre d’Algérie encore plus précieuse.

Ensuite, les appelés du contingent sont des jeunes hommes exécutant leur service militaire. À la fin de la Guerre, ces derniers se sont enfermés dans le silence car ils ont vu ou pris part à des actions traumatisantes. Notamment les actes de tortures. Ainsi, la mémoire des appelés du contingent doit, pour les autorités, ne faire aucun bruit.

Au cours de cette guerre, et même après, la France accueillait en continu des réfugiés français, les Pieds-Noirs. Ces simples civils ne pouvaient et ne voulaient pas rester dans un pays en guerre. Beaucoup de réfugiés n’avaient qu’une simple valise avec eux, le reste était soit perdu, soit resté derrière eux car c’était “la valise ou le cercueil”.  Ces pieds-noirs ont tout quitté, maison, pays, famille, et leurs ancêtres, alimentant ainsi leurs sentiments et leur ressenti. Pour les Français ayant la nationalité, il était facile d’arriver en France mais il fallait trouver un toit et un travail ce qui était compliqué.

Le rapatriement des troupes françaises était le plus douloureux pour les Français comme pour les Harkis, certains Algériens qui avaient aidé le gouvernement français. Le gouvernement avait décrété que seules les personnes ayant la nationalité française pouvaient être rapatriées. Tout cela signifie que toutes les personnes ayant aidé les soldats Français mais n’étant pas elles-mêmes des Français devaient rester en Algérie.

En Juillet 1962, environ 50 000 harkis ont été massacrés par les algériens sous les ordres du FLN. Les harkis sont traités comme des traîtres et de collaborateurs avec l’ennemi (ici la France).

Peu avant les Accords d’Évian, c’est entre 800 000  et 1 000 000 de pieds-noirs qui ont été contraints de quitter l’Algérie. Les Harkis n’ont pas pu s’enfuir et sont restés en Algérie. Ils sont alors tués car considérés comme traîtres à la nation algérienne

Situation d’Après-guerre :

La censure touchant particulièrement les fameuses archives interdites”, en particulier les dossiers classés “sensibles”, a servi comme “arme” pour contrôler la colère encore présente dans l’esprit de beaucoup. Ces archives en question sont des documents relatant des faits marquants ou violents qui sont donc soumis à une loi interdisant leur diffusion. De ce fait, l’État, qu’il soit français ou algérien, s’emploie à ne pas provoquer de colère ou de mépris de foule afin de contenir une quelconque contre-offensive venant de l’une ou de l’autre population. Ce qui, dans un sens, conduit à un contrôle de l’amnésie collective, une procédure visant à effacer les actions les plus violentes orchestrées par la partie adverse – en l’occurrence la partie française – pour continuer à entretenir une image à l’international. 

Les lois en faveur de l’amnistie générale L’institutionnalisation de l’amnésie, dans son terme le plus répandu, a aussi pour but de garder l’anonymat des actes de tortures – mais également ceux qui les ont commis. Elle sert aussi à éviter une vague de rébellion en quête de vengeance contre les tortionnaires français comme algériens. C’est en 1964 que sont officiellement votées les lois en faveur de l’amnistie, en partie pour gracier les membres de l’OAS (Organisation de l’Armée secrète).

Après la guerre, une vague de migration provenant de l’Algérie a encore plus accentué l’impact de cette guerre sur les différentes populations impliquées, dont notamment les harkis ainsi que les pieds-noirs. Les Harkis étant les principaux affectés par la haine occidentale, leur exclusion sociale engendra la création d’une ethnie Harkis. 

Témoignage d’un Harkis

En France comme en Algérie, leur présence dans la société n’était pas la bienvenue. Ils étaient vus en Algérie comme des traîtres, mais également comme des étrangers en France, ce qui les poussa à vivre reclus en communauté. Néanmoins, cette vie en communauté fut l’argument principal de la montée du racisme. 

Le gouvernement algérien d’aujourd’hui fait face à l’héritage politique de la guerre : plusieurs dirigeants actuels sont influencés par l’image fantasmée d’une Algérie glorieuse face à l’oppresseur français.  Ce qui renforce une certaine haine envers les Français d’Europe considérés encore aujourd’hui par l’ancienne génération et certains membres de la nouvelle comme des monstres prêts à tout pour le pouvoir. Le système politique n’a pas énormément changé, car ils descendent tous soit directement soit indirectement des fondateurs du FLN. 

Schéma récapitulatif de la guerre d’Algérie

Dans ce sens, la génération actuelle ne pourra pas prétendre à une évolution du pays, car énormément de ses structures sont encore nourries par la haine et par l’idée de sauvegarder leur pays dans un climat de paranoïa laissant supposer une autre future invasion. Le seul moyen envisageable serait de laisser la place à la nouvelle génération, celle qui optera pour des réformes plus modernistes tout en gardant les traditions et les désirs du pays sans avoir à oublier la cause même de leur indépendance aujourd’hui. 

 Conclusion :

Pour conclure, la guerre d’Algérie se termine le 18 mars 1962 avec la signature des accords d’Évian, reconnaissant ainsi l’indépendance de l’Algérie par la métropole. Cette volonté algérienne était revendiquée depuis le 1ᵉʳ novembre 1954 par le Front de libération nationale (FLN). Depuis cette date, l’Algérie est dirigée par le FLN. Peu avant les accords d’Évian, ce sont entre 800 000 et 1 000 000 de pieds-noirs qui ont été contraints de quitter l’Algérie. Les Harkis n’ont pas pu s’enfuir et sont restés en Algérie. Ils sont alors tués, car considérés comme traîtres à la nation algérienne. Finalement, l’Algérie obtient son indépendance le 3 juillet 1962. Ce n’est qu’en 1974 que Valéry Giscard d’Estaing reconnaît le statut d’ancien combattant et que l’association nationale de la FNACA obtient sa reconnaissance. 

Mais il aura fallu attendre 1983, pour que la guerre fasse son apparition dans les programmes scolaires, et 1999, pour que le terme de “Guerre” pour ce qu’on appelait “l’évènement d’Algérie” soit reconnu et employé. Il s’agit alors d’une reconnaissance officielle de la France qui s’est traduite lors d’un vote à l’Assemblée Nationale. De ce fait, la mention de la Guerre d’Algérie s’est faite après la disparition de la majorité des acteurs de  cette dernière. Notamment les acteurs de la sphère politique. Ainsi, comme en témoigne cette chronologie, la guerre d’Algérie a laissé une trace dans les mémoires des concernés. Cette dernière est encore une plaie ouverte et les mémoires sont encore conflictuelles. Sans compter le désir d’une reconnaissance identitaire qui parfois est difficile selon les personnes touchées.

Définitions

Bibliographie annexe

Article réalisé par : Houmadi m’ze aicha, Ferreira Eva et Darparens Emma